Paris-Roubaix : van der Poel côtoie les légendes
Dimanche 7 avril, Mathieu van der Poel a remporté son deuxième Paris-Roubaix d'affilée au terme d’une folle chevauchée solitaire et a écrit un nouveau chapitre de la légende du cyclisme.
C’est une après-midi qu’on se plaira à narrer dans plusieurs années quand on reviendra sur cette époque bénie traversée par Mathieu van der Poel. Hier, dimanche 7 avril, le Néerlandais avait rendez-vous à Paris-Roubaix avec la légende, la sienne et celle du cyclisme. Adossé à une équipe impériale, il n’a pas attendu le final pour faire différence et a forcé la décision à 60 km dans le secteur d’Orchies. Derrière, Pedersen, Küng et ses adversaires ont tout tenté pour l’empêcher de prendre trop d’avance mais ont été irrémédiablement lâché par un coureur trop fort pour eux et qui avouera avoir connu sa meilleure journée sur une Classique. Au vélodrome de Roubaix, l’écart était abyssal : trois minutes sur Jasper Philipsen, son coéquipier pour un copier-coller de 2023 et un nouveau triomphe d’Alpecin-Deceuninck.
Parmi les géants
En rééditant son exploit de l’année dernière, le champion du monde est entré dans une nouvelle caste celle des coureurs capables d’inscrire deux fois de suite leur nom au palmarès de Paris-Roubaix. Le dernier à y être parvenu était le Belge Tom Boonen en 2008 et 2009. Avant lui, on retrouve le Français Gilbert Ducloc-Lassale (1992 et 1993), l’Italien Francesco Moser (1978, 1979 et 1980), les Belges Roger de Vlaeminck (1974 et 1975), Rik van Looy (1961 et 1962) et Georges Claes (1946 et 1947), Gaston Rebry (1934 et 1935), les Français Octave Lapize (1909, 1910 et 1911), Hippolyte Aucouturier (1903 et 1904), Lucien Lesna 41901 et 1902) et l’Italien Maurice Garin (1897 et 1898).
Plus fort encore, van der Poel a ajouté son nom aux rares auteurs du doublé Tour des Flandres – Paris-Roubaix, seulement réussi par Gaston Rebry (1934), Raymond Impanis (1954), Alfred De Bruyne (1957), Rik van Looy (1962), Roger de Vlaeminck (1977), Peter van Petegem (2003), Tom Boonen (2005 et 2012) et fabian Cancellara (2013). De quoi donner un peu plus de relief encore à une performance qui fera date.
La Doyenne dans le viseur
Après seulement cinq jours de course en 2024, Mathieu van der Poel a déjà réussi sa saison mais un champion de son envergure n’est jamais rassasié et le voilà l’aune d’un autre défi, plus colossal encore. Victorieux des deux Monuments du Nord, le Néerlandais lorgne à présent Liège-Bastogne-Liège. Son unique participation remonte à 2020 et il avait pris la 6e place. Avec son profil accidenté et ses quelques 4.000 m de dénivelé, la Doyenne des Classiques possède des caractéristiques qui rendent sa conquête complexe pour un coureur comme lui.
Complexe mais pas impossible vu sa puissance et sa forme rayonnante en ce printemps. Le contexte pourrait également l’aider dans son projet puisque le double tenant du titre Remco Evenepoel est forfait après sa chute au Tour du Pays basque. Il aura néanmoins adversaire avec qui frotter puisque Tadej Pogacar sera bien au départ comme lui. Victime d’une fracture du poignet l’année dernière, le Slovène revient avec d’autres ambitions sur une épreuve déjà conquise en 2021. Un choc qui promet et pour lequel van der Poel va se préparer chez lui dans une semaine à l’Amstel Gold Race. S’il venait à tout rafler, le Néerlandais étendrait son règne et rejoindrait Eddy Merckx, seul coureur à avoir épinglé trois Monuments au cours d’une même saison en 1969, 1972 et 1975.
En attendant, à 29 ans, le champion du monde de cyclo-cross et sur route compte 6 Monuments à son palmarès (3 Tour des Flandres, 2 Paris-Roubaix et 1 Milan-San Remo).