"Je me souviens un jour d'être allé dans les vestiaires et d'être resté tranquillement assis à ma place. Lorsque j'ai dû me rhabiller, j'ai dû rentrer chez moi, m'enfermer dans ma chambre et me battre sans cesse avec ma tête. Quand vous traversez des moments vraiment difficiles, une dépression, des crises de panique, peu importe le travail que vous faites, peu importe la situation que vous vivez dans la vie, vous avez une autre personne à l'intérieur contre laquelle vous devez lutter chaque jour, chaque nuit." Un témoignage poignant et glaçant à la fois. Il y a quelques mois, Álvaro Morata acceptait de se livrer sur l’un des sujets les plus sombres de sa vie de footballeur lors d’un entretien accordé à la Cadena Cope : la dépression.

Victime de problèmes de santé mentale depuis quelques années, et plus précisément depuis son passage en Angleterre du côté de Chelsea entre 2017 et 2020, l’attaquant espagnol n’en est toujours pas débarrassé aujourd'hui. Bien au contraire, celui qui évolue maintenant à Galatasaray lutte en effet toujours au quotidien pour exorciser ses démons, qui continuent de polluer aussi bien sa vie professionnelle que familiale. Par l'intermédiaire d'un documentaire intitulé “Je ne sais pas qui je suis”, et qui sera prochainement diffusé en Espagne à la télévision, Álvaro Morata s'est à nouveau longuement confié sur ces épisodes dépressifs. Une période s’est d'ailleurs révélée particulièrement mouvementée pour l’international ibérique : son année en prêt sous les couleurs de l'Atlético de Madrid.

Morata toujours “en réparation”

Un témoignage encore une fois bouleversant, et représentatif de l’état de santé mentale fragile de l’intéressé la saison dernière. “J'ai eu beaucoup de pensées horribles et autodestructrices. Je voulais juste pleurer. Vous commencez à ressentir beaucoup de choses dans votre corps et vous ne savez pas pourquoi ni comment. J'avais peur de tout. Tu as mal aux jambes. Ta poitrine se serre. Tu n'arrives pas à respirer. J'avais peur de m'endormir et de ne pas me réveiller. J'avais peur de tout”, a confié l’ancien Colchonero dans un extrait de ce documentaire. Très affecté par l’élimination de l’Atlético de Madrid en quarts de finale de la Ligue des champions la saison dernière contre le Borussia Dortmund, Álvaro Morata a révélé avoir pensé à trouver un faux prétexte pour ne pas disputer l’Euro 2024 en Allemagne.

“Il m'est venu à l'esprit de simuler une blessure pour ne pas avoir à y aller”, a-t-il ainsi révélé, avant de confier que le sélectionneur espagnol Luis de la Fuente avait su trouver les mots pour le faire revenir sur sa décision. Bien lui en a pris, puisque le capitaine de la Roja soulevait quelques semaines plus tard le trophée Henri-Delaunay à Berlin au terme d’un parcours impressionnant de l’Espagne. Bien que le sujet soit encore tabou dans le sport de haut niveau et plus particulièrement dans le monde du football, Álvaro Morata a encore décidé de mettre les pieds dans le plat pour sensibiliser le public. Une démarche louable et courageuse, étant donné que l’intéressé n’est toujours pas sorti de sa dépression. En effet, sa psychiatre assure dans ce documentaire qu'il est “actuellement en cours de réparation”. Le combat n’est pas terminé.