La victoire contre Chelsea la semaine passée était de nature à esquisser le début d’une embellie, mais le ciel chargé au-dessus de Manchester United s’est brutalement refermé sur les Red Devils. En déplacement à Brentford, ils ont été piqués par des Bees bien plus tranchants qu’eux (1-3). Un nouveau revers qui a fait retomber le club mancunien à la 14e place de la Premier League. Avec sept points en six journées, soit trois de plus que Burnley, il est ainsi plus proche de la zone de relégation que du podium, dont la troisième marche est occupée par l’étonnant Crystal Palace (12 points), tombeur ce week-end de Liverpool (2-1) pour la deuxième fois de la saison après son succès dans le Community Shield (2-2, 3-2 t.a.b.).

"Le match contre Brentford a été très faible"

Une situation qui interpelle Gary Neville. "La performance que nous avons vue et le résultat à Brentford signifient que vous pensez que le match de Chelsea a été faussé par l’expulsion. Vous commencez à regarder la victoire de Chelsea moins positivement (…) Je pense que beaucoup de fans d’United qui sont venus au stade samedi dernier, moi compris, pensaient qu’avec Brentford à l’extérieur et Sunderland à domicile la semaine prochaine, il y avait la possibilité de prendre neuf points et une réelle opportunité de rebondir vers le Top 6, voire le Top 8", a raisonné l’ancien défenseur mancunien dans son podcast. "Mais le match contre Brentford a été très faible et constitue une vraie inquiétude."

"J’ai senti pour la première fois, juste par instinct, en le regardant à la télévision, en voyant les visages et le langage corporel des joueurs, qu’il pourrait y avoir un élément de joueurs qui doutent vraiment du système et de ce qui se passe", a poursuivi l’homme aux 600 matchs avec le maillot de Manchester United, qui a appuyé sa réflexion sur le positionnement de Mason Mount. Meneur de jeu, l’Anglais a terminé la rencontre comme latéral gauche. De quoi déconcerter et même plus. "Vous ne pouvez pas mettre Mason Mount à l’aile gauche. Je suis désolé, cela ne peut tout simplement pas arriver. Je ne peux pas regarder Mason Mount jouer arrière gauche dans une équipe de football. J’ai parfois eu du mal à le regarder dans sa position naturelle, mais en réalité le mettre là-bas, sur l’aile gauche, est ridicule. Absolument ridicule", s’est-il emporté face à ce qu’il considère comme une hérésie tactique.

Hérésie d’autant plus mal comprise qu’elle n’a apporté aucun effet visiblement positif, ce qui entame encore un peu plus, à ses yeux, le crédit de Ruben Amorim. "Amorim a eu une pré-saison. Il a maintenant une semaine entre chacun de ses matchs parce que Manchester United n’est pas en Europe. Pourtant, les performances sont plus médiocres que jamais", a pointé Gary Neville.

"Ça ne fonctionne pas du tout"

Les faits sont en ce sens implacables avec le manager portugais. Depuis son arrivée en novembre 2024, il n’a remporté que 9 des 33 matchs qu’il a dirigés en Premier League. Un désastre. "Les résultats sont catastrophiques, vraiment. Beaucoup d’argent a été investi et certaines choses que je vois m’inquiètent énormément, quand d’autres ne devraient tout simplement pas arriver. Je suis très inquiet. Le manager est sans aucun doute un bon entraîneur. Il a eu de grands résultats au Portugal, mais ça ne fonctionne pas du tout", a interpellé l’ancienne gloire mancunienne. "C’est toujours facile de s’en prendre au manager, mais à la fin, ce sont les joueurs sur le terrain qui doivent prendre leurs responsabilités (…) Dans les moments clés, nous avons pris les mauvaises décisions", ne s’est pas caché Matthijs de Ligt, tentant de protéger un minimum Ruben Amorim et de partager les fautes.

Qu’importe les responsabilités des uns et des autres, c’est tout Manchester United qui traverse l’une des pires périodes de son histoire sportive. Une œuvre collective qui met en péril un des monuments du football anglais, européen et mondial, dont la saison s’annonce comme un nouveau supplice à moins d’une prise de conscience généralisée et d’un changement net dans les attitudes. En attendant, les Red Devils sont 14es et ne font plus peur à personne. Surtout pas à Sunderland, promu décomplexé dirigé par le Français Régis Le Bris, qui se présentera à Old Trafford samedi prochain dans la peau du 5e de la Premier League.