Les raisons de croire à une victoire du XV de France en Irlande
Le XV de France se déplace samedi (15h15) en Irlande avec un seul objectif : dominer le XV du Trèfle pour croire encore à la victoire finale dans le Tournoi des 6 Nations.
"C'est un match qu'on attend forcément, parce que c'est la seule équipe à trois victoires." Le deuxième ligne Mickaël Guillard a donné le ton au miro de Sud Radio. Le XV de France va vivre "le gros choc, celui que tout le monde attend" en Irlande insiste Guillard, samedi pour le compte de la quatrième journée du tournoi des 6 Nations. Les Bleus n'ont plus le choix pour espérer la victoire finale, il faut s'imposer à Dublin, chez l'actuel leader (14 points, 11 pour la France, 2e). Les hommes de Fabien Galthié ont leur destin entre leurs mains, et il passera par un petit exploit chez le rival irlandais, vainqueur des deux dernières éditions en disposant notamment des Bleus à deux reprises. Mais les partenaires d'Antoine Dupont ont des arguments pour l'emporter à l'Aviva Stadium.
Les Bleus ont retrouvé leurs cannes
Avec sa victoire écrasante lors de la dernière journée en Italie (24-73), le XV de France a soigné ses statistiques. Il a surtout affiché un visage bien plus conforme à son potentiel que celui de la défaite cinglante de 2024 en ouverture du tournoi. Les Tricolores avaient débuté leur tournoi en balbutiant leur rugby, affichant toutes les peines du monde à créer du jeu ballon en main. Des courses sans ballon, des décalages, l'utilisation du jeu au pied notamment sur la largeur du terrain… Tout ce qui fait la réussite de la France en 2025.
Les Bleus ont déjà dépassé leur total du Tournoi 2024 en passes après contact (49 en trois matchs contre 45 en cinq rencontres l'an passé), franchissement (32 contre 27). Déjà un point fort ces derniers mois, la mêlée a encore gagné en efficacité (88,2 % de mêlées remportées contre 84 % en 2024). Un domaine dans lequel au contraire, les Irlandais n'affichent plus la même solidité sombrant de la deuxième force du plateau la saison passée à frôler la place de lanterne rouge lors de la première partie du Tournoi 2025 (70,8 % contre 81,3%).
Les Bleus ont plus d'options que l'an passé
Des quinze titulaires de la gifle reçue à Marseille l'an passé (17-38), seuls sept seront sur le pré au coup d'envoi samedi dans les rangs français. Changement évidemment majeur, le retour de la charnière Antoine Dupont - Romain Ntamack amène une dimension supplémentaire au XV de France. La créativité offensive et l'instinct de Dupont, meilleur passeur du Tournoi avec six offrandes, est une garantie de ne pas retrouver l'attaque sclérosée comme au Vélodrome en 2024. Et si Romain Ntamack revient tout juste de cinq semaines de suspension après son carton rouge lors de la première journée, ses automatismes avec son comparse du Stade Toulousain seront aussi précieux que ses qualités défensives. Un secteur dans lequel les Bleus n'ont pas d'équivalent en numéro 10, et où ils ont encore souffert depuis le début de ce Tournoi.
Entré à la 64e minute contre les Irlandais l'an passé, Louis Bielle-Biarrey a, lui, pris une toute autre épaisseur, autant en sélection qu'en club. L'ailier a marqué lors de ses six dernières apparitions en Bleus (meilleur marqueur du tournoi avec cinq essais) pour dix essais sur ses neuf dernières rencontres internationales. Autour de lui, la nouvelle garde tricolore a plus largement pris de galon à l'image de Paul Boudehent (26 ans), qui a bien su faire oublier l'absence de Charles Ollivon en troisième ligne. Mickaël Guillard (25 ans), appelé surprise en deuxième ligne en Italie, s'est montré probant au point que le staff français ne l'a pas laissé à la disposition de son club de LOU le week-end dernier malgré le retour du titulaire Emmanuel Meafou dans le groupe, et qui débutera sur le banc.
L'Irlande ne règne plus autant en maître
Voir le XV du Trèfle en tête et invaincu après trois journées n'a rien d'une anomalie. Mais l'Irlande n'est plus tout à fait le rouleau compresseur de 2023, et reste sur une année 2024 contrastée. Car si le doublé avait été au rendez-vous dans le tournoi, ce fut en dépit d'une défaite en Angleterre. Une faille confirmée dans les mois suivants, avec un succès étriqué contre l'Ecosse (17-13) pour conclure le Tournoi, un revers en Afrique du Sud durant la tournée d'été, puis un autre face à la Nouvelle-Zélande en novembre et deux victoires 22-19 sans pleinement convaincre contre l'Argentine et l'Australie.
La cuvée 2025 n'est pas beaucoup plus avancée : victoire de cinq points seulement à domicile contre les Anglais, et un match très poussif au pays de Galles, qui était encore au contact à un quartg d'heure de la fin. Le XV de France serait bien inspiré de tirer les leçons de ces dernières prestations, que ce soit en se montrant intraitable et prompt face aux avants irlandais comme avaient su le faire les Néo-Zélandais (cinq ballons volés au sol) l'an dernier, ou en écartant le jeu en attaque pour exploiter les côtés irlandais, plus exposés. L'Irlande, fait rare pour une machine d'ordinaire si bien huilée, est numéro un des plaquages manqués depuis le début du tournoi (84,2 % de réussite, 86 % pour la France) et compte avec son ouvreur Sam Prendergast le joueur le plus dispendieux dans l'exercice (15 plaquages manqués) après trois journées.