Football : Les adieux à la Céleste de Luiz Suarez
L’attaquant de 37 ans a annoncé, ce mardi 3 septembre, qu’il quittait définitivement la sélection uruguayenne après 17 ans à défendre ses couleurs.
L’émotion sera vive, très vive à Montevideo vendredi prochain. Au-delà de la passion qui anime toujours les fervents supporters uruguayens, ils seront nombreux à ne pas pouvoir retenir au moins une larme de dévaler leurs joues quand arrivera le coup de sifflet final du match contre le Paraguay. Pas que la rencontre soit d’une importance cruciale bien qu’entrant dans le cadre des qualifications pour la Coupe du monde 2026 mais parce qu’elle sera la toute dernière apparition en équipe nationale de Luis Suarez.
La nuit dernière, l’attaquant uruguayen a confirmé la nouvelle non sans émotion. "Je crois que c’est le bon moment", a-t-il déclaré expliquant avoir pris le temps de réfléchir longuement avant de se décider. "Je voulais être détendu pour mon dernier match avec l’équipe nationale. Je serai excité comme je l’étais en 2007 quand j’ai joué pour la première fois avec ce maillot. Cet enfant de 19 ans est aujourd’hui un vétéran, un vieux, qu’importe comment vous pouvez le qualifier, qui a eu une histoire incroyable avec la sélection et qui donnera sa vie pour l’équipe", a-t-il poursuivi les larmes aux yeux.
Des controverses et un titre majeur
L’histoire de Luis Suarez avec l’Uruguay a tout d’une odyssée, d’une légende des temps anciens avec un héros dont le voyage aura été semé d’embûches et où il aura connu la gloire mais aussi commis des erreurs. La gloire, il l’aura rencontré en 2011 quand avec ses quatre buts, dont le premier lors de la finale disputée contre le Paraguay (3-0), il conduisit la Céleste au firmament continental en remportant la Copa América. Un titre qui est à ce jour encore, le dernier du pays.
Un titre encadré aussi par deux épisodes moins glorieux. Un an avant, il avait été chéri par tout le peuple uruguayen et détesté par tout le continent africain quand, en quarts de finale de la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud, il s’était "sacrifié" sur sa ligne en repoussant des mains, tel un volleyeur montant au contre, la tête de Dominic Adiyiah. Un geste désespéré, sanctionné d’une expulsion, dans le temps additionnel de la prolongation couronné de succès puisque dans la foulée Asamoah Gyan manquait le penalty qui aurait envoyé le Ghana en demi-finales, et qu’aux tirs au but, c’est bien les Sud-américains qui s’en sortirent (1-1, 4-2 t.a.b.). Dans le dernier carré pour la première fois depuis 1970, la Céleste finira 4e de cette édition mais Luis Suarez y gagna un rôle de défenseur de la nation.
Quatre ans plus tard, ce n’est pas un geste désespéré mais complètement fou dont il se rendra coupable. Au Brésil, lors du dernier match de la phase de groupes, il mord inexplicablement le défenseur italien Giorgio Chiellini. S’il n’est pas expulsé, il sera suspendu après coup 9 matchs et assistera impuissant à l’élimination des siens dès les huitièmes de finale contre la Colombie (0-2). "Nous sommes passés par des moments difficiles. Il y en a eu de nombreux. Personnellement, le pire aura été après ma grosse erreur en 2014 mais il n’y a rien que je puisse reprocher", a dit l’attaquant passé par Liverpool et le FC Barcelone, aujourd’hui à l’Inter Miami.
S’il n’a pas été exempt de tout reproche, Luis Suarez aura été l’une des incarnations de l’Uruguay et l’un des artisans du retour au premier plan de ce petit pays, mordu de football et tellement anachronique face aux géants du monde. Un héros complexe qui aura enflammé ses supporters tant par sa générosité, son refus viscéral de l’abandon, sa hargne et sa grinta que par ses buts innombrables, 69 en 142 sélections. Une figure du football uruguayen, sud-américain et mondial. A 37 ans, Luis Suarez s’apprête donc à rejoindre les autres légendes de son pays (Alcides Ghiggia, Obdulio Varela, Roque Maspoli, Diego Forlan, Edinson Cavani ou encore Diego Godin), pour briller éternellement dans le ciel étoilé de la Céleste.