Sa carrière n’a pas connu la trajectoire espérée et pris un détour inattendu. En 2019, Nicolas Pépé explose tous les compteurs. Pour sa deuxième saison avec Lille, il inscrit 22 buts et délivre 11 passes décisives pour aider le LOSC à finir à la deuxième place de Ligue 1 derrière l’intouchable Paris Saint-Germain. Des performances au plus haut niveau qui attirent l’œil de toutes les plus grosses cylindrées d’Europe. L’été suivant, il rejoint Arsenal en l’échange d’un chèque de 80 millions d’euros. A 24 ans, l’avenir s’offre à lui mais c’est pourtant à cet instant que sa trajectoire s’infléchit et que tout déraille. "A Arsenal, j’ai subi une sorte de traumatisme, comme si on m’avait arraché ma passion. J’avais un dégoût pour le foot", confie-t-il à L’Equipe, dans une interview publiée ce jeudi 18 juillet.

Des attentes trop élevées

Que lui est-il arrivé ? Tout simplement, la même chose qu’à de nombreux autres joueurs avant lui : l’incapacité à répondre aux attentes placées en lui et nées d’un transfert record. "Je n’avais pas demandé à ce qu’on mette 80 millions d’euros sur moi", se défend-t-il. Or ce montant a tout faussé. "A ce montant, les gens se foutent d’où tu viens. Ils veulent que tu sois directement performant (…) Des joueurs qui marquent 25 buts par saison, il n’y en a pas beaucoup et moi, je ne suis pas un numéro 9. Je n’allais pas rouler sur la Premier League", a regretté l’international ivoirien qui a été pris pour cibles par les critiques, qualifiant le traitement reçu comme un quasi "harcèlement". "On était arrivé à un stade où on ne me considérait plus parce que les enjeux dépassent le professionnel et le père que je suis", poursuit-il.

Déterminé à prouver sa valeur

Rapidement, son statut se dégrade et il est mit de côté. La spirale s’enclenche et l’aspire vers le fond. "A force de ne plus jouer, je me demandais pourquoi je faisais ce métier. Je doutais au point que je réfléchissais à tout arrêter. Je me demandais comment on avait pu autant s’acharner sur moi. On a été jusqu’à me qualifier de plus gros flop de l’histoire de la Premier League", peine-t-il encore à comprendre.

Son calvaire prit fin l’été dernier quand Arsenal accepta enfin de se séparer de lui. Un transfert arraché de haute lutte, les Londoniens ayant rechigné selon lui, à le libérer plus tôt pour des questions d’image. Il s’engage finalement libre avec Trabzonspor. Une saison à 23 matchs et 6 buts. Une forme de renaissance pour un joueur qui, à 29 ans, a encore de belles années devant lui et le désir brûlant de rebondir après l’échec d’Arsenal. "Je veux encore montrer que je peux faire quelque chose. Je n’ai pas fini avec l’Europe et le football", a conclu le champion d’Afrique 2024. Libre de s’engager où il le souhaite, Nicolas Pépé a une revanche à prendre.