La Liga : Benjamin Da Silva : "L’Atlético est clairement favori"
Commentateur de la Liga sur beIN SPORTS, le journaliste donne son éclairage sur le choc de la 18e journée de championnat entre le FC Barcelone et l’Atéltico de Madrid, dont il espère du grand spectacle.
Il y a encore quelques semaines, ce devait être une affiche de prestige entre le leader de la Liga et l’un de ses poursuivants relégués à bonne distance. Fin octobre au sortir d’un Clasico survolé (4-0), le FC Barcelone avait pris le large avec six longueurs d’avance sur le Real Madrid et dix sur un Atlético de Madrid qui venait alors de perdre sur la pelouse du Betis Séville.
Puis tout a changé. Intraitable jusque-là, les Blaugranas ont traversé novembre avec difficulté, privés de Lamine Yamal notamment, tandis que les Colchoneros ont haussé le ton. A la faveur d’une série de onze succès consécutifs, série en cours et la meilleure d’Europe, l’équipe de Diego Simeone a comblé son retard et se présente, ce samedi 21 décembre, en co-leader au stade olympique Lluís-Companys (à 21h sur beIN SPORTS 2). De quoi relancer l’intérêt d’une rencontre qui ne devrait pas en manquer selon Benjamin Da Silva. Associé à Omar Da Fonseca, le commentateur de beIN SPORTS attend beaucoup des protagonistes et espère ardemment que les Madrilènes joueront le jeu à fond face à une formation en plein doute et à nouveau orpheline de son ailier champion d’Europe, sur le flanc en raison d’une blessure à la cheville droite.
Comment expliquez-vous la baisse de régime des Blaugranas en Liga encore battus par Leganés ?
Benjamin Da Silva : (Longue hésitation) Je trouve que c’est un peu paradoxal par rapport au début de saison, où avec le même onze et la même attaque, ils avaient été rayonnants. Là, nous sommes à un moment où il y a beaucoup d’accumulation avec la Ligue des champions et la Liga (24 matchs depuis le 17 août, ndlr). Ce qui me surprend, c’est qu’ils font une bonne performance en C1 en allant gagner à Dortmund (3-2) et derrière, ça perd à la maison contre Leganés (0-1). Je n’ai pas d’explication à ça. Après, je ne tirerai pas de conclusions définitives. Ils sont sur une série de 6 matchs avec une seule victoire (pour 2 nuls et 3 défaites, ndlr). Il y a un problème, peut-être besoin de plus de rotations dans l’effectif, surtout devant.
Dans quelle mesure l’absence de Lamine Yamal sur le banc peut-elle avoir un impact samedi ?
C’est le gros problème parce que je pense que c’est actuellement l’un des 3-4 meilleurs joueurs au monde avec un profil particulier. Il est talentueux, il est dribbleur, il marque quelques buts aussi (5 buts et 10 passes décisives en Liga, ndlr). Il a noué une complicité avec (Robert) Lewandowski, Raphinha, Pedri et Dani Olmo. C’est un gros problème car il risque d’être remplacé par Ferran Torres qui n’a pas du tout le même style, le même profil, ni le même niveau et cela risque d’affaiblir le Barça contre l’Atlético.
En quoi l’arrivée d’Hansi Flick a-t-elle impacté la manière de jouer du FC Barcelone ? Quelles différences avec le football proposé par Xavi ?
Hansi Flick a un peu tout révolutionné : le style de jeu et les performances de l’équipe. Il a transformé un joueur comme Raphinha qui n’est plus du tout le même (11 buts et 8 passes décisives en 18 matchs en Liga, ndlr). (Robert) Lewandowski évolue dans de meilleures conditions. Le jeu est plus rapide. Avant le Barça ronronnait et là, ce n’est plus du tout le cas. Tout basé sur la vitesse, des transmissions à une touche de balle, un positionnement très haut, une défense très haute. C’est un ensemble qui a été bonifié par l’entraîneur allemand. Je ne sais pas si le style est plus allemand mais il est plus direct, ça c’est sûr. Il utilise le potentiel de tous ses joueurs, ce que n’arrivait pas à faire Xavi, et c’est ce qui fait sa force. Il a donné à l’équipe un style purement offensif. A regarder, c’est un plaisir.
Hansi Flick va-t-il maintenir cette philosophie contre l’Atlético de Madrid ?
Bien sûr, il ne faudrait pas se renier. Il faut rester comme ça et ne rien changer.
L’Atlético de Madrid est l’équipe en forme du moment en Europe avec 11 victoires consécutives. Qu’avez-vous noté de particulier dans l’évolution du jeu colchonero ces dernières semaines ?
Le duo d’attaque Antoine Griezmann-Julian Alvarez a vraiment changé l’efficacité de l’équipe. Il l’a fait gagner. Je trouve que l’équipe est également devenue plus spectaculaire, on l’a vu contre Séville, c’était incroyable (victoire 4-3). Sur la forme du moment, l’Atlético est clairement favori pour le match de samedi à Montjuïc. C’est l’Atlético que j’attends de voir. Vont-ils oser se libérer ou vont-ils rester derrière et contre-attaquer ?
Quel regard portez-vous sur ce duo Griezmann-Alvarez ?
C’est la complémentarité. (Antoine) Griezmann apprécie d’avoir un joueur sur qui s’appuyer. Avant, il avait (Alvaro) Morata mais ce n’était pas le même style. Je pense qu’Alvarez le bonifie avec une relation plus basée sur le ballon et les échanges.
Antoine Griezmann rayonne en ce début de saison. Pensez-vous qu’il existe un lien entre ses belles performances en Liga et le fait qu’il est pris sa retraite internationale ?
J’ai trouvé l’annonce de son départ un peu bizarre, faite un peu à l’arrache du jour au lendemain. Un joueur comme lui mérite une autre fin, une autre sortie. Dans sa tête, il doit se sentir un peu mieux. Il est dans une phase de sa carrière où il mise tout sur le plaisir, les performances. Il est plus libéré, puis il sait que là-bas (à l’Atlético de Madrid), c’est un indiscutable. Depuis qu’il est revenu (en 2021), il se régale. Il sera le joueur clé de l’Atlético samedi (aujourd’hui).
Comment jugez-vous l’acclimatation de Julian Alvarez ?
Julian Alvarez a eu un tout petit peu de mal au début mais je trouve qu’il est bien, ça y est. Beaucoup de joueurs qui arrivent à l’Atlético de Madrid ont du mal à s’adapter et ont besoin de temps parce que le système est très particulier. Je n’ai aucun doute, il va réaliser une très bonne deuxième partie de saison et aider l’Atlético à continuer sur la lancée des dernières saisons et à aller chercher le titre.
Comment expliquez-vous la solidité du dispositif défensif des Colchoneros qui ne varie pas malgré les changements dans l’effectif et les absences notamment de Robin le Normand ?
Ils ont quand même Gimenez, Lenglet, Le Normand, Reinildo qui peut aussi dépanner dans l’axe. Puis, les valeurs défensives de l’équipe ne reposent pas seulement sur les défenseurs purs et durs. C’est dans les gènes depuis 15 ans et l’arrivée de Diego Simeone.
Quelles vont être les clés de la rencontre ?
Les grands matchs comme ça ne se jouent pas sur grand-chose. Toutes les lignes sont très fortes et l’absence de Lamine Yamal sera vraiment préjudiciable pour le Barça. Pour l’Atlético, la victoire passera par Griezmann et Alvarez. J’espère qu’ils iront là-bas pour gagner et pas pour tout fermer et faire match nul. On a toujours les mêmes attentes avec l’Atlético pour les grands matchs et on est souvent déçu mais j’ai envie d’y croire.
En gagnant, l’Atlético peut prendre seul la tête de la Liga avec un match en plus à jouer, ce qui lui donnerait un matelas de 6 points dans le meilleur des cas…
Ils peuvent se dire aussi : on se contente d’un point et on mise sur les trois points du match en retard. Il peut y avoir ce raisonnement car un point à Barcelone, c’est quand même un bon résultat. La façon de faire et le style de jeu vont être importants.
Quel est votre pronostic ?
J’aimerais un match spectaculaire, un 2-2 par exemple. J’espère que ça va jouer au ballon, qu’on prendra du plaisir. Plus que qui va gagner, c’est la qualité du spectacle qui m’importe.