Un triplé pour presque rien. Hier après-midi, Kylian Mbappé a piqué à trois reprises la défense du FC Barcelone. Ses deux buts d’entrée ont même permis au Real Madrid de se détacher et de mener 2-0. On jouait alors depuis 14 minutes et on se disait que le plan madrilène était parfait avec des appels tranchants dans la profondeur pour prendre à revers une défense toujours aussi haute et hardie.

Puis, comme en demi-finales de la Ligue des champions où l’Inter Milan avait aussi pris deux longueurs d’avance, le FC Barcelone a réagi. Or, le champion d’Espagne en titre n’ayant pas la solidité lombarde, il a cédé quatre fois en l’espace d’une demi-heure. Le mal était fait et l’attaquant français n’y pourrait plus rien. Son troisième but avait entretenu un espoir, rendu vain par les deux qu’il s’est vu refuser pour hors-jeu.

Le double traumatisme sévillan

Résultat, Kylian Mbappé a marqué le 22e triplé de sa carrière, le troisième depuis son arrivée au Real Madrid, mais comme en finale de la Coupe du monde en 2022 contre l’Argentine (3-3, 2-4 t.a.b.), il n’a servi à rien. S’il n’a rien à se reprocher, sinon peut-être un manque de précision, notamment lors de ce duel raté contre Wojciech Szczęsny en fin de match, le capitaine de l’équipe de France a inscrit sans le savoir son nom dans le livre noir du club merengue. Au cours de l’histoire, 198 triplés ont été réussis par des joueurs du Real Madrid en Liga. Sur ce total, seulement quatre ont été réalisés lors d’une défaite. Avant celui du Français, il fallait remonter plus de 81 ans en arrière pour trouver pareille occurrence. Le 3 octobre 1943, Sabino Baringa avait connu la même mésaventure au stade Santiago-Bernabéu, qui s’appelait encore stade de Chamartín (3-5). En face, Guillermo Campanal avait lui aussi signé un triplé, quand son coéquipier Juan Arza avait marqué un doublé.

Deux ans auparavant, le 9 février 1941, l’équipe andalouse avait encore joué les bourreaux. Cette fois, Sabino Baringa n’avait marqué qu’une fois et c’est son comparse du milieu de terrain Chus Alonso qui avait trouvé l’ouverture à trois reprises. Insuffisant pour empêcher Guillermo Campana, auteur de deux buts, et ses partenaires de s’imposer (4-5).

Kelemen, le premier malheureux

Enfin, il faut pousser jusqu’au 15 mars 1936 et un déplacement des Madrilènes à Santander pour trouver le premier triplé maudit. Le Hongrois Vilmos Kelemen avait fait trembler trois fois les filets du stade El Sardinero, mais le club de Cantabrie avait répondu par Marcos Pérez, Milucho et un doublé d’Antonio Chas (3-4).

Un compagnonnage historique que Kylian Mbappé aurait bien aimé ne pas rejoindre. Seul point positif de son triplé malheureux, l’attaquant du Real Madrid compte 27 buts en Liga et a repris la main dans la course au titre (honorifique) de Pichichi. À trois journées de la fin du championnat espagnol, il compte deux longueurs d’avance sur son dauphin Robert Lewandowski (25).