Ligue 1 : Didier Deschamps rend hommage au courage de Samuel Umtiti
À 31 ans, Samuel Umtiti a décidé de mettre un terme à sa carrière en raison d’un genou devenu trop douloureux pour lui permettre de jouer au plus haut niveau.
S’il ne fallait retenir qu’une image, ce serait certainement celle-ci. Ce soir du 10 juillet 2018, à Saint-Pétersbourg, Samuel Umtiti se déhanche avec Paul Pogba à ses côtés devant une tribune en liesse. Quelques instants plus tôt, le défenseur français était venu couper un corner rentrant bien avant le premier poteau. Devançant un Marouane Fellaini au marquage trop lâche car jouant la zone, il décroise sa tête et surprend Thibaut Courtois en plaçant le ballon entre le gardien belge et son montant. On jouait alors la 51e minute et Samuel Umtiti venait de mettre à terre la Belgique et de piétiner ses espoirs. Vingt ans après le doublé immortel de Lilian Thuram, un autre défenseur se transformait en héros en demi-finales de la Coupe du monde.
Un moment de gloire inscrit dans l’histoire du football français, pour lequel Samuel Umtiti aura tout donné, jusqu’à son physique et sa carrière. Pilier de la charnière tricolore qu’il formait avec Raphaël Varane, le natif de Yaoundé, au Cameroun, souffrait d’un flexum, une luxation congénitale limitant l’extension de son genou gauche. Un mal contre lequel il a lutté, serré les dents le temps de cet été magique en Russie, au bout duquel il a décroché une étoile, la deuxième du football français, sous le déluge de Moscou. Il avait 24 ans et s’était hissé sur le toit du monde.
"Un courage exemplaire jusqu’au bout"
Peut-être avait-il alors compris qu’il n’irait pas plus haut, qu’il ne le pourrait plus. Car pour atteindre la gloire, il a ruiné son articulation. Celle-ci ne laissera plus jamais tranquille le gaucher formé à Lyon. À l’exception de la saison 2022-2023 où il parvint à enchaîner 25 matchs avec Lecce, il ne dépassa plus les 18 rencontres par exercice. "Chacun se souviendra de son but de la tête qui nous a permis de battre la Belgique et de nous qualifier pour la finale. Pour ma part, je ne veux évidemment pas oublier tout le reste. Je retiens aussi sa complémentarité avec Raphaël, sa solidité défensive, sa combativité. Son genou le faisait déjà souffrir et il s'est accroché avec un courage exemplaire jusqu’au bout. Il aurait mérité une fin de carrière différente, mais il peut être fier de tout ce qu’il a accompli. Je lui souhaite d’être heureux et épanoui dans la nouvelle vie qui s’ouvre à lui", a salué Didier Deschamps, qui fut son sélectionneur en équipe de France et lui permit en 2016 de réaliser un de ses deux rêves, celui de porter le maillot tricolore frappé du coq.
Son autre rêve, il l’a aussi embrassé à l’été 2016. Après un Euro vécu à domicile pour ses débuts chez les Bleus, Samuel Umtiti a quitté l’Olympique Lyonnais où il a grandi pour découvrir Barcelone. Indiscutable à son arrivée, il joua un rôle prépondérant dans les sept titres, dont deux Liga (2018 et 2019), qu’il remporta avec les Blaugranas, dont il défendit les couleurs à 133 reprises toutes compétitions confondues.
Ayant depuis longtemps perdu influence et statut, il se résolut à quitter officiellement la Catalogne en 2023 pour tenter de se relancer à Lille. Un échec. Son corps était trop usé, trop abîmé pour lui accorder une sortie digne. Après 13 matchs en 2023-2024, il vécut ensuite une saison blanche, le signal douloureux lui intimant de mettre fin à son calvaire professionnel. "Après avoir vécu une carrière intense avec des hauts et des bas, le moment est venu de dire au revoir… J’ai TOUT donné avec passion et je ne regrette RIEN", a-t-il écrit sur Instagram, dans un texte sobre à l’image du personnage, accompagnant une vidéo des meilleurs moments de sa vie de footballeur.
Samuel Umtiti n’a rien à regretter, sinon peut-être ce corps qui l’a trahi trop tôt sans pour autant l’empêcher d’atteindre les sommets. À 31 ans, comme son comparse Raphaël Varane, il range donc les crampons, un genou en vrac mais la tête bien haute, et une étoile éternellement accrochée dans le cœur.