Ligue 1 : Le cœur vaillant de Nabil Bentaleb
Interdit de compétition depuis son malaise cardiaque en juin dernier, le milieu de terrain algérien a effectué son retour hier soir avec Lille et marqué son premier but dans la victoire à Rennes (2-0).
"C’est digne d’un film cette histoire", ose le parallèle Bruno Genesio. Hier soir, l’entraîneur de Lille a offert une seconde vie à Nabil Bentaleb, en décidant de le faire entrer à la 76e minute. "J’avais des garanties sur son état physique et sur les derniers entraînements, il m’a montré des choses au niveau tactique et technique qui m’avaient beaucoup plus. C’est avant tout la raison pour laquelle je l’ai fait rentrer. On était à 0-0, il n’était pas question de faire des cadeaux. C’est vraiment parce que j’estimais qu’il pouvait nous apporter sur les 20-25 dernières minutes, toute sa qualité technique et son sens tactique. Tout ce qu’il se passe après est énorme", poursuit l’entraîneur du LOSC.
Comme il en a pris l’habitude, ce dernier a encore une fois fait preuve d’un bel instinct au moment d’apporter du sang neuf à son équipe. En effet, à peine quatre minutes après son entrée en jeu, Nabil Bentaleb ouvrait le score en renard des surfaces sur un ballon mal renvoyé par Brice Samba et débloquait un match qui semblait se diriger vers un nul, qui aurait eu un goût de défaite pour Lille, mis sous pression par les victoires de tous ses concurrents dans le haut du classement.
Là où la soirée prend une dimension supérieure réside dans le fait que tout est venu de l’international algérien, héros presque malgré lui. Au-delà de la victoire qu’il a aidé à dessiner pour son club avec Chuba Akpom (2-0), il en a surtout obtenu une sur lui-même. "Quand on connaît toute son histoire depuis le mois de juin, c’est un modèle de courage, de résilience qui dépasse largement le cadre du football", s’émeut encore Bruno Genesio.
Huit mois après
Il faut dire que Nabil Bentaleb revient de loin, de très loin même. Titulaire indiscutable la saison dernière, sa première à Lille, l’ancien joueur d’Angers voit sa vie basculer en juin dernier quand lors d’une partie de football avec des amis, il s’écroule, victime d’un malaise cardiaque. S’il en réchappe, il se voit interdire de jouer au niveau professionnel en raison des risques. Démarre alors un long combat contre lui-même et des consultations médicales à n’en plus finir pour trouver une solution. Celle-ci passe par la pose d’un pacemaker que les instances du football français vont finalement autoriser en compétition ouvrant la voie à son retour. "C’est incroyable. Ce sont des images qui resteront gravées à vie. Il y a des choses que vous ne pouvez pas oublier émotionnellement. On fait ce métier pour ça. Ça fait huit mois que je visualise ce retour, que je pense comment j’allais pouvoir aider le groupe… C’est facile de parler d’en haut mais sur le terrain, c’est une autre histoire. J’ai bossé très, très dur pour arriver à ce genre de résultat… Mais le plus important, c’est ma santé et c’est bien qu’on ait pris les trois points", a réagit le principal intéressé dont les images de sa course folle vers le banc des remplaçants après son but où toute l’équipe lilloise l’enlaça dans une intense communion resteront l’un des temps forts de la saison.
Il y a des victoires qui valent assurément plus que trois points. Celle de Lille hier, qui lui permet de rester 5e de Ligue 1 à deux longueurs du podium, appartient à cette catégorie. Huit mois après et alors qu’il n’avait encore jamais marqué pour le LOSC, Nabil Bentaleb a entamé sa nouvelle vie, le cœur palpitant.