C’est à croire que le soleil lui manquait, et que le climat méditerranéen de Séville a des vertus sur son jeu autant que sur son moral. Moribond et franchement décevant, pour ne pas dire plus, en début de saison à Manchester United, Antony devait trouver un moyen de se relancer. Mis au placard par Erik ten Hag puis par Rúben Amorim, le Brésilien a été exfiltré vers le Betis en janvier dernier, où il a été prêté jusqu’à la fin de l’exercice. Un exil forcé qu’il ne regrette clairement pas.

Le bonheur andalou

En Andalousie, Antony connaît ce qui s’apparente à une résurrection sportive. Sollicité à 14 reprises entre août et janvier avec les Red Devils, et seulement pour disputer des bouts de match, il a déjà participé à 13 rencontres avec les Verdiblancos et multiplié presque par trois son temps de jeu (1 072 minutes avec le Betis contre 406 avec Manchester United). En effet, Manuel Pellegrini a décidé de faire confiance au natif d’Osasco et l’a propulsé titulaire au sein de son attaque. Un pari payant, puisque le joueur a déjà marqué quatre buts (2 en Liga et 2 en Ligue Europa Conférence) et délivré autant de passes décisives (2 en Liga et 2 en Ligue Europa Conférence). Une renaissance dans le sud de l’Espagne qui lui a redonné le sourire, aussi bien sur qu’en dehors du terrain. "Je suis très heureux au Real Betis. Les choses se font naturellement ! Ici, je peux montrer le football qui m’a amené en Europe", avait confié le principal intéressé en février dernier.

Au-delà de son apport statistique, Antony s’est rapidement intégré dans un effectif où son explosivité et son sens du duel sont appréciés, et donnent une autre dimension au jeu offensif du Betis. Coïncidence ou non, depuis son arrivée, le club sévillan a entamé une impressionnante remontée en Liga, ne perdant qu’un seul de ses dix derniers matchs, pour sept victoires et deux nuls. Le week-end dernier, les Andalous, remontés de la 12e à la 6e place, se sont même permis de tenir tête au FC Barcelone en Catalogne (1-1), signe de la dynamique positive qu’ils connaissent.

"Je suis plus optimiste qu'en janvier"

Résultat : Antony a été adopté par les Verdiblancos, qui explorent les moyens de le conserver. Si Isco a soumis l’idée d’ouvrir une cagnotte participative, la direction sévillane réfléchit à d’autres moyens plus sûrs de parvenir à cet objectif. Le dossier est complexe, car Antony coûte cher. Après avoir misé près de 100 millions d’euros en 2022, Manchester United entend récupérer une partie de son investissement. Néanmoins, il semblerait que les dirigeants mancuniens soient disposés à des négociations pour se débarrasser d’un joueur devenu indésirable du côté d’Old Trafford. C’est en tout cas ce que sous-entend le président du Betis. "Lorsque nous l'avons recruté en janvier, sa continuité était une possibilité plus éloignée qu'elle ne l'est aujourd'hui. Manchester United et le joueur ont compris que le Betis était un endroit idéal pour développer son football. Il y a la Coupe du monde et Manchester United veut qu'il se revalorise. Ce sera difficile, mais je suis plus optimiste qu'en janvier. Je suis modérément optimiste", a expliqué Ramón Alarcón lors d’une interview accordée à Canal Sur Radio.

Reste à savoir comment évolueront les discussions entre les différentes parties. Un nouveau prêt, cette fois pour l’ensemble de la saison à venir, apparaît comme une possibilité crédible au regard des enjeux des uns et des autres. Fin juin, Antony aura encore deux ans de contrat avec les Red Devils. Une prolongation de son aventure andalouse a tout du parfait compromis. En attendant de songer à son avenir, le Brésilien a d’autres priorités, comme la réception, ce jeudi soir, des Polonais du Jagiellonia Bialystok en quart de finale aller de Ligue Europa Conférence.