"Personne ne s’attendait à ça", plaisantait presque Ruben Amorim hier soir dans les entrailles de San Mamés. En effet, personne, et peut-être même pas lui, n’imaginait que Manchester United allait s’en sortir aussi bien au Pays basque. Le club mancunien a fait mieux que résister à l’Athletic Bilbao, il lui a infligé une leçon de réalisme et probablement anéanti ses rêves de vivre une finale européenne à domicile.

Après avoir laissé passer l’orage, les Red Devils ont répliqué, ouvert le score par Casemiro avant de s’échapper sur penalty grâce à Bruno Fernandes, qui allait s’offrir un doublé juste avant la pause. Trois buts comme autant de pointes sur le trident affûté tenu par le diable au centre du blason mancunien. Surtout trois buts marqués au cours du premier acte, ce que les Mancuniens n’avaient plus réussi en déplacement en Coupe d’Europe depuis septembre 2017. Il y a sept ans et demi, Romelu Lukaku, par deux fois, et Anthony Martial avaient inscrit les trois buts de leur équipe lors de la première demi-heure du match contre le CSKA Moscou. Une rencontre qu’ils avaient fini par remporter sur le score de 4-1.

Un écart insurmontable ?

S’il n’y eut pas plus de buts en seconde période hier soir, malgré un adversaire réduit à 10 après l’expulsion de Daniel Vivian, coupable sur l’action du penalty en accrochant Rasmus Højlund, Manchester United n’a plus relâché son étreinte pour sécuriser un large succès qui lui ouvre en grand les portes de la finale de la Ligue Europa (3-0). Si un mince espoir existe encore pour les Basques de créer l’exploit jeudi prochain à Old Trafford, l’histoire chiffrée est impitoyable et ne laisse guère de doute. À ce jour, jamais une équipe ayant gagné la manche aller par trois buts d’écart à l’extérieur n’a été éliminée lors de la phase à élimination directe en C3.

Par ailleurs, Manchester United n’a jamais perdu par trois buts d’écart à domicile dans toute son histoire européenne. C’est donc un double cataclysme qu’il faudrait dans six jours pour empêcher le club triple champion d’Europe (1968, 1999 et 2008) de disputer sa première finale dans la compétition depuis 2021. "Nous avons un avantage. Nous avons nos supporters mais je le redis, cela peut mal tourner. Tout peut arriver sur un match", a tenu à tempérer Ruben Amorim. Si personne ne s’attendait à un tel succès de son équipe, le Portugais envisage toutes les possibilités… pour mieux y parer.