Jim Ratcliffe est un homme ambitieux et pressé. Depuis qu’il est devenu co-propriétaire de Manchester United, investissant près d’un milliard et demi d’euros pour acquérir 27,7 % du club, le milliardaire britannique n’en finit plus de faire bouger les lignes d’un géant endormi depuis près de 11 ans et le départ de son homme providentiel Sir Alex Ferguson.

Conscient du retard accumulé, le dirigeant d’Ineos a repris en main la partie sportive et a fait le ménage dans la direction pour installer une nouvelle équipe, porteuse d’idées neuves et susceptibles de soulager le manager du poids de responsabilités qui ne lui incombent pas d’ordinaire. A présent qu’il a mis en place cette nouvelle organisation et qu’il l’a chargée de remodeler l’équipe première pour à nouveau ambitionner de conquérir le titre de champion d’Angleterre, il s’attaque à un autre dossier délicat : Old Trafford.

Un projet démesuré

Le Théâtre des Rêves, comme il est surnommé, est indissociable de l’identité profonde de Manchester United. Edifié en 1910, il a connu toutes les heures de gloire du club et fait sa fierté. Toutefois, l’enceinte mythique commence à se faire vieille et Jim Ratcliffe a réuni un groupe de travail pour étudier les possibilités pour le futur. Ce groupe, présidé par Sir Sebastian Coe, par ailleurs président de World Athletics (fédération internationale d’athlétisme), et réunissant aussi le maire de Manchester Andy Brunham et l’ancien capitaine des Red Devils Gary Neville, s’est déjà réuni à au moins quatre reprises selon la BBC et aurait estimé qu’un lifting en profondeur pourrait se révéler désuet, alors que des fuites avaient été constatées en fin de saison dernière à la faveur d’un violent orage. En effet, une rénovation aurait été estimée à 1,43 milliard d’euros et nécessiterait des années de travaux, réduisant ainsi la capacité et les revenus pendant cette période faute d’alternative à proximité.

L’option privilégiée à ce stade serait la construction d’une nouvelle enceinte, plus coûteuse certes mais plus rapide et rémunératrice à terme. Le projet en question, surnommé "Wembley du Nord", serait estimé à plus de 2,38 milliards d’euros et serait achevé en 6 ans. Il consisterait en l’édification d’un nouveau stade de près de 100 000 spectateurs.

Santiago-Bernabeu parmi les modèles

Signe que les choses avancent du côté des Red Devils, la directrice des opérations du club Collette Roche, qui mène le projet pour Ratcliffe, aurait déjà entamé des discussions avec les dirigeants du Real Madrid pour comprendre leur modèle pour la rénovation de Santiago-Bernabeu et aurait profité de la tournée américaine de l’équipe première pour organiser plusieurs réunions avec les responsables du développement du SoFi Stadium, stade accueillant les franchises de football américain (Charger et Rams) de Los Angeles. D’une capacité de 70 000 places, il peut atteindre 100 000 selon sa configuration. Des modèles dont les Mancuniens aimeraient donc s’inspirer pour leur futur antre. Selon les médias anglais, Jim Ratcliffe, qui souhaite que la ville de Manchester investisse aussi dans le projet, aimerait qu’une décision définitive soit prise d’ici fin décembre afin de poursuivre ou non leurs efforts.

Le temps d’Old Trafford est peut-être donc déjà compté, le stade n’ayant d’ailleurs pas été retenu pour accueillir le prochain Euro 2028 organisé par le Royaume-Uni, preuve aussi d’un certain déclassement face à des enceintes plus modernes et adaptées à l’exploitation du sport d’aujourd’hui.