Serie A : Fabio Capello analyse la crise à l’AC Milan
Dans un édito écrit pour la Gazzetta dello Sport, le mythique entraîneur italien revient sur les erreurs commises par le club lombard cette saison.
En 2022, l’AC Milan avait opéré son retour sur le devant de la scène italienne. Porté par ses Français Mike Maignan, Théo Hernandez et le Portugais Rafael Leão, le club lombard remporta son 19ᵉ titre de champion d’Italie, le premier depuis 2011. La saison suivante, il prolongeait l’embellie en atteignant les demi-finales de la Ligue des champions, où il fut stoppé par l’Inter Milan. Ce même rival qui le devança (largement) la saison dernière en Serie A.
Tous les voyants étaient donc au vert pour continuer sur cette lancée. Mieux, les Rossoneri pensaient passer un cap avec l’arrivée sur le banc de Paulo Fonseca et des cadres conservés. Sauf que l’alchimie ne s’est jamais faite, et la saison a viré à la catastrophe. Plombé par une inconstance chronique et une incapacité à enchaîner les bons résultats, l’AC Milan a fini par renvoyer l’ancien entraîneur portugais de Lille en décembre dernier et engager son compatriote Sérgio Conceição. Un changement sur le banc qui a jeté le flou sur le projet sportif suivi à Milanello. Dans un édito écrit pour la Gazzetta dello Sport, Fabio Capello s’est penché sur le cas du patient rossonero et a pointé notamment l’illisibilité de sa direction sportive. "À Milan, tout me paraît compliqué : quelle est exactement la chaîne de commandement ? Si l'entraîneur choisi en début de saison ne convainc pas, si les stratégies de transfert n'ont pas fonctionné, il devrait être possible d'identifier une figure de la direction qui a choisi ces joueurs et cet entraîneur, mais chez les Rossoneri, on ne sait toujours pas qui fait quoi. Ibrahimović n'est pas un manager mais un conseiller des propriétaires, et pourtant il a déclaré il y a quelque temps qu'il était le patron et qu'il était responsable. Cependant, la hiérarchie dans le choix du nouveau directeur sportif semble aller dans une autre direction, avec le PDG Furlani en première ligne", a avancé l’ancien entraîneur, bien en peine de savoir qui commande chez le septuple champion d’Europe.
Un groupe à reconstruire ?
Au-delà du problème de gouvernance, celui qui a dirigé 300 matchs des Rossoneri dans sa carrière a également noté des dysfonctionnements majeurs sur le terrain. "Sur ce terrain, les chemins de Milan et de la Juve se divisent, car si à Turin il s'agissait de donner forme à un groupe avec beaucoup de nouveaux visages par rapport à la saison dernière – et la gestion de Thiago (Motta), qui n'a pas trouvé sa voie, a eu ses effets sur les joueurs, presque tous confus –, chez les Rossoneri, ils sont partis de noms qui, jusqu'à récemment, étaient considérés comme des certitudes. Maignan, Théo Hernandez, Leão, tous ceux (…) qui ont gagné un championnat avec les Rossoneri, ils auraient dû tirer le groupe et aider leur entraîneur – Fonseca d'abord, puis Conceição – à façonner l'équipe. Au lieu de cela, non seulement ils n'ont pas pris le contrôle de la situation, mais ils ont vécu leurs pires moments précisément cette année", analyse-t-il.
Selon l’Italien de 78 ans, cette faillite des cadres invite à une réflexion plus profonde sur la construction de l’effectif pour la saison prochaine. "Il est probable qu’il y ait eu une erreur de jugement chez tous les trois : on les prenait pour des leaders, mais ils ne le sont pas. C'est pourquoi l'avenir semble encore plus incertain que le présent : Milan doit-il les vendre, tourner la page et reconstruire autour d'autres joueurs comme Reijnders et Pulisic, ou peut-il encore compter sur eux ?", interroge-t-il.
Une réflexion à mener rapidement pour ne pas revivre un exercice similaire et repartir sur des bases saines. S’il reconnaît que des erreurs ont été faites, Fabio Capello estime néanmoins que le tableau rossonero n’est pas si sombre qu’il n’y paraît. "Le paradoxe (…) c'est que cette saison a encore des choses à dire. Milan a déjà soulevé un trophée, la Supercoupe remportée lors du derby de Riyad, et pourrait en soulever un autre, si l'Inter le permet : la Coupe d’Italie est un objectif réalisable. Mais sans qualification pour la Ligue des champions – désormais à 6 points –, la saison serait encore marquée comme négative." À Mike Maignan et ses partenaires de finir fort pour accrocher la C1. Cela passe par un bon résultat dimanche soir contre Naples, où l’AC Milan peut enchaîner un troisième succès de rang en Serie A, ce qu’il n’a plus réussi depuis septembre dernier.