Toni Kroos ne fait plus admirer ses talents sur le terrain ni profiter ses coéquipiers de ses ouvertures millimétrées, mais il continue de partager son regard affûté sur le jeu. Retraité depuis l’été 2024, le champion du monde 2014 anime avec son frère le podcast Einfach mal Luppen, dans lequel il livre des anecdotes tout en décryptant l’actualité. Dernièrement, il s’est ainsi attardé sur le cas du FC Barcelone.

Depuis bientôt un an et demi et l’arrivée d’Hansi Flick sur son banc, le club blaugrana est redevenu l’une des équipes les plus redoutées d’Europe. "Barcelone a l'un des styles de jeu les plus attrayants d'Europe... sinon le plus attrayant d'Europe", a admis Toni Kroos, pourtant ancien joueur du Real Madrid (2014-2024).

Péril en Ligue des champions

Un style offensif plaisant et redoutable, mais qui se révèle aussi être la plus grande faiblesse du champion d’Espagne. En effet, dans un souci de rapprocher son équipe de la surface adverse, Hansi Flick a opté pour un bloc haut, avec une défense régulièrement proche de la ligne médiane. Rien de bien révolutionnaire à Barcelone, l’équipe de Pep Guardiola évoluant dans une position similaire en confisquant le ballon à l’adversaire.

Là où l’ancien sélectionneur allemand a innové, c’est dans son choix d’user de la stratégie du hors-jeu avec une défense qui remonte vite pour piéger les attaquants adverses. Souvent payante, cette tactique connaît aussi ses limites, exploitées à merveille récemment par le Paris Saint-Germain en Ligue des champions (1-2) ou le FC Séville en Liga (1-4). "À Barcelone, ils prennent tellement de risques... Sur un mauvais jour de Pedri, Lamine Yamal ou Raphinha, n'importe quelle équipe peut leur faire mal et les éliminer de la Ligue des champions", a estimé Toni Kroos. Pour appuyer son propos, l’Allemand aux six Ligues des champions à son palmarès a convoqué le souvenir de la double confrontation contre l’Inter Milan au printemps dernier (3-3 à l'aller, 3-4 a.p. au retour). "L'année dernière, cela leur est déjà arrivé avec l'Inter Milan, et cette année, que ce soit en huitièmes de finale, en quarts de finale, en demi-finales ou en finale, à un moment donné, ils tomberont sur un rival comme celui-là."

Une fatigue à prendre en compte

Une faille d’autant plus problématique qu’Hansi Flick donne le sentiment de s’entêter dans son animation, refusant de transiger malgré les circonstances. "À partir de la 75e minute, on remarque que tout le monde est plus fatigué et ne change pas de style pour fermer les espaces. Si vous êtes fatigué et que vous ne changez pas votre style de jeu, il devient très évident à quel point vous êtes exposé", a pointé l’Allemand, bien que lui et le Real Madrid n’aient pas trouvé le moyen d’en profiter la saison dernière, s’inclinant à quatre reprises lors des Clasicos.

Une observation qui ne manquera pas d’être rapportée aux oreilles de l’ancien sélectionneur allemand. Pas sûr, néanmoins, qu’il souscrive à l’analyse au point d’infléchir sa philosophie et d’adopter une attitude plus prudente quand le jeu l’exige, d’autant que les résultats des derniers mois lui donnent globalement raison.