Les sept questions du Tour de France 2025
Le Tour de France débute samedi de Lille pour trois semaines de course à la poursuite de Tadej Pogacar, vainqueur sortant.
La grand-messe du cyclisme mondial en juillet va pouvoir débuter. Le Tour de France débute ce samedi, jusqu'au 27 juillet prochain. Cette 112e édition, disputée intégralement dans l'Hexagone pour la première fois depuis cinq ans, va faire la part belle aux montagnards et aux favoris pour le classement général. Ils seront tous aux trousses de Tadej Pogacar, vainqueur écrasant l'an passé. Voici tout ce qu'il faut savoir avant le grand départ de Lille-Nord de France samedi.
Tadej Pogacar est-il le grand favori ?
La réponse ne sera pas la palme de l'originalité. Mais comme à chaque départ, Tadej Pogacar (Team UAE Emirates - XRG) s'élancera pour gagner, et comme très souvent en étant dans la meilleure posture pour y parvenir. Le Slovène, qui pourrait devenir le premier porteur du maillot de champion du monde à s'imposer depuis Greg LeMond en 1990, vise un quatrième Tour de France après 2020, 2021, et surtout la démonstration absolue de 2024. Il avait remporté six étapes et s'était imposé avec 6'17'' d'avance, un gouffre, sur Jonas Vingegaard (Visma | Lease a bike). Cette année encore, le Danois, vainqueur en 2022 et 2023, sera le principal adversaire de Pogacar.
Mais le dernier Critérium du Dauphiné mi-juin a montré l'écart conséquent qu'il y a entre 'Pogi' et le reste de la meute. Le classement général, et l'écart final de 59 secondes est trompeur puisque le coureur de 26 ans s'est permis d'attendre son principal rival lors de la dernière étape alors qu'il l'avait facilement distancé sur une accélération en côte. "Il me manque un peu de tout, notamment les accélérations dans les longues montées" avait concédé Vingegaard au terme du Dauphiné. "Tadej a l'air très, très fort, c'est dur de déceler une faiblesse chez lui." Principal motif d'espoir pour le leader de la Visma | Lease a bike, il avait largement dominé son adversaire sur le chrono du Dauphiné, en le reléguant à 29 secondes. Un des seuls moyens d'empêcher le nouveau "Cannibale" du peloton de se goinfrer de nouveau ?
Qui visera le podium ?
Sauf grosse désillusion ou incident (problèmes mécaniques, chutes..), une place semble presque réservée au champion du monde Tadej Pogacar, qui a terminé dans le Top 3 de toutes les épreuves auxquelles il a pris part cette saison (11 victoires en 22 jours de course...). "Bien sûr que Tadej est le grand favori, mais je pense qu'il ne faut sous-estimer personne" prévient toutefois Jonas Vingegaard. Outre le Danois, ils sont plusieurs prétendants à un podium à Paris. Déjà sur la boîte l'an passé, Remco Evenepoel (Soudal - Quick-Step) est un candidat naturel au Top 3, surtout s'il se montre aussi dominateur sur le chrono que sur le Dauphiné, où il avait laissé Tadej Pogacar une minute derrière.
Pas franchement convaincant sur le Giro avant s'abandonner, Primoz Roglic (Red Bull - Bora - Hansgrohe) voudra se reprendre pour ce qui semble une des dernières chances de sa carrière sur le Tour, à 36 ans. Encore faut-il qu'il soit épargné, lui qui n'a terminé aucune des trois dernières Grandes Boucles qu'il a débutées. Parmi les autres hommes forts au départ, la majorité sont… Des bras droits des principaux favoris comme Jõao Almeida (UAE Emirates - XRG), Matteo Jorgenson (Visma | Lease a bike), voire Florian Lipowitz (Red Bull - Bora - Hansgrohe). Les Espagnols Enric Mas (Movistar) ou Carlos Rodriguez (Ineos Grenadiers) pourraient être à la lutte, mais viseront surtout un Top 5.
Quelles sont les chances françaises ?
Sans jouer les oiseaux de mauvais augure, voir un Français succéder à Bernard Hinault, dernier Tricolore maniaquerie de la Grande boucle il y a pile 40 ans, serait un retentissement. Ils sont d'ailleurs peu à timidement clamer jouer le classement général. Guillaume Martin-Guyonnet tentera d'accrocher le Top 10 (13e en 2024) pour son premier Tour au sein de la Groupama-FDJ. Il devra se débrouiller seul sur les cols, suite au retrait de David Gaudu une dizaine de jours avant le départ. Il pourrait jouer le statut de meilleur Bleu du Tour avec Kévin Vauquelin (Arkea - B&B Hotels), auteur d'un très bon début de saison, et récent deuxième du général du Tour de Suisse. Très bon rouleur et puncheur, en progrès sur les cols, le Normand a un très beau coup à jouer.
Pour voir les Français briller, il faudra surtout se pencher sur les victoires d'étape. Peut-être le plus talentueux du contingent tricolore au départ, Lenny Martinez (Bahrain - Victorious) a annoncer viser les étapes, voire le maillot à pois. "Ce qui est sûr, c'est que je ne vise pas le général pour l'instant" a assuré le coureur de 21 ans à L'Equipe. Il pourrait croiser dans les échappés Valentin Madouas et Romain Grégoire, ses anciens coéquipiers chez Groupama-FDJ, ou Julian Alaphilippe, de retour sur la Grande Boucle avec sa nouvelle équipe Tudor et qui sera sans doute actif sur les étapes pour puncheurs du début de Tour. Louis Barré (Intermarché Wanty), Clément Champoussin (XDS Astana), Jordan Jegat (TotalEnergies), Aurélien Paret-Peintre (Decathlon AG2R La Mondiale)… Les cartes françaises seront nombreuses sur les étapes pour baroudeurs. Bien plus que sur les sprints où seuls Arnaud Démare (Arkea - B&B Hotels) et Bryan Coquard (Cofidis) devraient être en vue.
Quelles sont les étapes immanquables ?
Les grimpeurs devront être patients cette année puisque la haute montagne ne débutera qu'au dixième jour de course. Le début de parcours ne sera pas tout plat pour autant, bien au contraire. Les puncheurs vont s'en donner à coeur joie, en particulier sur la sixième étape (Bayeux-Vire, 10 juillet) et ses 3500 mètres de dénivelé, puis le lendemain pour l'arrivée de la septième étape à Mûr-de-Bretagne.
Les premières explications entre leaders - pour peu qu'ils n'aient pas connu de défaillance dans cette première moitié de Tour corsée… - auront lieu avec un superbe triptyque pyrénéen : sommet d'Hautacam (13,5 kilomètres à 7,8%) lors de la 12e étape le 17 juillet, contre-la-montre de côte à Peyragudes et son final à 16 %, et l'enchaînement Tourmalet - Aspin - Peyresourde - Superbagnères terrible de la 14e étape. Trois jours plus tard seulement, le peloton retrouvera le mythique Mont Ventoux, quatre ans après sa dernière inclusion au parcours. La 18e étape le 24 juillet fera office d'"étape-reine" avec un trio de cols hors catégorie : col du Glandon - col de la Madeleine - arrivée au sommet du Col de la Loze, là où Tadej Pogacar avait perdu le Tour 2023. Si jamais le maillot jaune n'était pas déjà verrouillé, la dernière étape vers Paris a été pimentée par trois ascensions de la Butte Montmartre, qui avait tant séduit lors du parcours des JO 2024.
Qui sera la révélation du Tour ?
Derrière les grands noms, plusieurs coureurs pourraient exploser aux yeux du grand public. Comme le jeune Français Louis Barré (25 ans, Intermarché-Wanty), en vue sur les championnats de France dimanche dernier et surprenant 6e de l'Amstel Gold Race en avril. Il sera un des outsiders des étapes pour puncheur des dix premiers jours. Le Belge Thibau Nys (Lidl Trek) sera aussi de ceux-là, voire mieux, lui qui est déjà fréquemment un des arbitres du duel Mathieu van der Poel - Wout van Aert l'hiver en cyclo-cross.
D'autres candidats à la révélation pointent davantage vers le classement général et la montagne. Comme le Belge Lennert Van Eetvelt (Lotto), le vainqueur du Tour de l'Avenir 2024 Joseph Blackmore (Israel Premier Tech) et plus encore Ivan Romeo (Movistar), sacré champion d'Espagne à seulement 21 ans dimanche dernier et champion du monde espoirs du chrono, et Oscar Onley (Picnic-PostNL), troisième du dernier Tour de Suisse.
Quel sprinteur ramènera le maillot vert sur les Champs-Elysées ?
Le plateau de finisseurs est prestigieux malgré un nombre d'arrivées massives plutôt réduit cette année. Il ne devrait y avoir que quatre à six sprints à se départager. Sur le papier, Jonathan Milan (Lidl Trek) et Tim Merlier (Soudal - Quick-Step) semblent avoir une longueur d'avance sur leurs principaux poursuivants sur des sprints classiques. Milan va découvrir la Grande Boucle après avoir glané quatre étapes lors des Giro 2023 et 2024. Pas maladroit sur les côtes courtes et sèches, il aura cet avantage sur Merlier, peut-être plus puissant, mais moins polyvalent.
Et c'est peut-être ce qui comptera le plus dans cette édition 2025 pour le maillot vert. Les nombreuses étapes taillées façon "petite classique" pourrait faire la part belle à Wout van Aert (Visma | Lease a bike) et surtout Mathieu van der Poel (Alpecin - Deceuninck). "MVDP" a le profil idéal pour se positionner aussi bien sur les étapes sur puncheurs que sur des sprints où il pourrait engranger des Tops 10, voire mieux. Autre scénario, tout à fait plausible, celui de voir Tadej Pogacar tout rafler. Les dix premiers jours et les petites montées finales peuvent aussi convenir au champion du monde, en plus de sa potentielle moisson en montagne. Et le Slovène avait déjà terminé quatrième du classement par points en 2024… Biniam Girmay (Wanty Intermarché) et Jasper Philipsen (Alpecin - Deceuninck), premier et deuxième l'an passé semblent plus loin dans la hiérarchie cette saison vu le parcours.
Un grimpeur peut-il devancer un favori pour le maillot à pois ?
Comme pour le maillot vert, le profil assez varié du parcours 2025 laisse la lutte grande ouverte entre les "spécialistes" des cols et les cadors. Seule certitude, Richard Carapaz ne fera pas le doublé, forfait de dernière minute pour un virus. Les cinq arrivées au sommet de cette édition et les quatre cols hors catégorie placés en cours d'étape seront autant de moyens d'empocher les points. Avant de jouer un jour peut-être la victoire finale, le Français Lenny Martinez sera un des coureurs à suivre pour les pois, tant ses qualités en montagne sont déjà affûtées. L'équipe XDS Astana a aussi fait de ce classement une priorité, avec deux principales cartes, un autre Tricolore Clément Champoussin, et Harold Tejada.
Il faudra toutefois aux prétendants espérer que les cadors pour le général laisseront quelques miettes, ce qui n'est pas vraiment dans leurs standards. Les deux favoris Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard pourraient faire le plein lors des arrivées au sommet, en particulier sur le Col de la Loze, juge de paix de la 18e étape où les points seront doublés (40 points pour le vainqueur). Soit un possible total de 80 à 100 points rien que sur ces montées finales, quand Carapaz avait cumulé 127 points sur trois semaines en 2024 pour remporter le classement. Il ne faudra sans doute pas beaucoup plus que ces joutes entre cadors pour les victoires d'étape en montagne force la décision pour le maillot à pois.