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Pogacar, Vingegaard, Evenepoel… Les favoris du Tour à la croisée des chemins
La 9e étape autour de Troyes dimanche va offrir au peloton un terrain d'expression rare sur le Tour, celui des chemins.
Les Strade Bianche ou Paris-Tours, les courses cyclistes disputées sur les chemins de poussière et graviers sont devenus des rendez-vous privilégiés de la saison. Désireux de proposer toujours plus de spectacle, le Tour de France s'y est mis lui aussi pour la première fois de son histoire. La neuvième étape de la Grande Boucle 2024 disputée ce dimanche autour de Troyes s'annonce comme une des possibles moments forts de la première partie du Tour, à la veille de l'étape de repos.
Quatorze secteurs au total, dont les dix derniers dans les 35 ultimes kilomètres, premier passage dans les cailloux après 47 kilomètres sur les 199 du jour… Le peloton n'aura le droit à aucun répit. Si les passages ne sont pas toujours très longs, ils pourraient offrir quelques (mauvaises) surprises à certains, entre risques de crevaison et nervosité. "Les favoris du Tour ne devront surtout pas négliger cette étape" explique le patron du Tour de France Christian Prudhomme. "Il y aura peut-être une échappée mais les leaders devront rester auprès de leurs équipiers toute la journée. Cela sent le piège." Banc d'essai des cadors sur ce terrain si spécifique.
Ils y ont déjà brillé
Qui d'autre que Tadej Pogacar pour aborder cette étape champenoise comme favori ? Le maillot jaune de l'équipe UAE Emirates est l'exemple parfait du leader tout-terrain, sur les courses d'un jour comme sur les grands Tours. Surtout, le Slovène s'est déjà montré particulièrement à l'aise sur les chemins, sur les Strade Bianche, que cette neuvième étape rappelle irrémédiablement. Pogacar s'est imposé en Toscane lors de ses deux participations, en 2022 et en 2024.
Son succès cette année le 2 mars dernier, pour ce qui n'était que sa course de reprise, tenait du récital, avec une facilité déconcertante. Il avait conclu son solo de près de 80 kilomètres en tête avec près trois minutes d'avance sur le reste de la meute, dans une course où le dauphin avait jusque-là passé au pire la ligne à 42 secondes. Cette démonstration, et son état de forme sur ce début de Grande Boucle en font l'homme à battre.
Davantage outsider ou prétendant à une place d'honneur que favori, Egan Bernal (INEOS Grenadiers, 12e du classement général à 5'25") s'était essayé avec réussite aux Strade Bianche, avec une place sur le podium en 2021 (3e). Depuis, son grave accident à l'entraînement début 2022 l'a contraint à un lent et progressif retour à un haut niveau. Le Colombien devait se tester de nouveau sur la course italienne ne début de saison, mais avait bouleversé été remplacé à la dernière minute pour étirer son programme de début de saison.
Ils y sont habitués
En embuscade au général, plusieurs cadors ont eux aussi déjà goûté au "gravel" sans pour autant s'y montrer sous leur meilleur jour. Primoz Roglic (4e à 1'36") a pris part aux Strade Bianche entre 2016 et 2018 pour des résultats sans relief, au mieux une 35e place à plus de dix minutes du vainqueur. Roglic n'était alors pas encore un vainqueur de Grand Tour, mais déjà un coureur très sérieux, vainqueur d'étape sur le Tour de France et 4e du général en 2018. Surtout, ses deux participations à Liège-Bastogne-Liège pour une victoire en 2020 ne laissent pas de doute sur sa capacité à enchaîner les efforts sur les successions de petites côtes comme l'étape troyenne va offrir.
Co-leader d'INEOS Grenadiers, Carlos Rodriguez (7e, à 2'31") a connu des fortunes diverses sur les Strade Bianche : une 20e place honorable pour sa première participation en 2022, puis une sérieuse chute en 2023, et une fracture de la clavicule comme bilan. Distancé au général après avoir porté le maillot jaune durant une étape, Richard Carapaz (26e, à 7'57") s'est essayé quatre fois aux Strade Bianche, sans grand succès (58e, 62e, 30e, et 70e cette année)
Ils vont découvrir
Motif d'inquiétude ou bonne surprise ? Les deux principaux rivaux du moment de Tadej Pogacar au classement général sont des novices - tout du moins en course officielle - des chemins. Jonas Vingegaard (3e, à 1'15") n'a jamais pris part aux Strade Bianche ou à une course comme Paris-Tours. Le vainqueur sortant va vivre un drôle de baptême du feu entre les vignes du secteur troyen.
Remco Evenepoel (2e, à 33") non plus n'a jamais été vu dans la poussière et les petites pierres. Mais le Belge de la Soudal - Quick-Step s'est dit impatient de prendre part à cette journée spéciale, et est venu en reconnaissance dès décembre dernier, dans des conditions autrement plus pénibles que celles attendues dimanche. Surtout, ses deux victoires sur Liège-Bastogne-Liège (2022 et 2023) et ses courts monts pentus laissent entrevoir une certaine aisance, tout du moins pour ce qui est du dénivelé.
Et les Français ?
Les Tricolores ont été en vue en début de Tour avec les victoires d'étape de Romain Bardet et Kévin Vauquelin, mais ne sont déjà plus vraiment dans le coup au général. De quoi avoir plus de liberté sur les routes de l'Aube ? Guillaume Martin, meilleur Français au général au départ (24e, à 7'41") s'est testé sur les Strade Bianche en début de saison pour la première fois, en vue de ce Tour de France. Sa 67e place en Toscane est son seul résultat sur les chemins, exception faite d'un abandon sur le Tro Bro Léon et ses passages sur les chemins bretons… en 2016.
La meilleure chance "bleu-blanc-rouge" du jour est possiblement Romain Bardet. Le coureur du Team dsm-firmenich PostNL a de l'expérience sur le "gravel" avec trois participations aux Strade Bianche, toutes dans les Top 20 dont une place de dauphin de Tiesj Benoot en 2018, devant un tout jeune Wout van Aert. Dans l'Hexagone, Bardet avait aussi accroché une place d'honneur (7e) sur Paris-Tours 2020, dans le même temps que le troisième, alors que la classique a ajouté à son parcours des secteurs de chemins en 2018.
Coéquipier de Jonas Vingegaard ou de Wout van Aert, Christophe Laporte (Visma | Lease a bike) peut aussi s'immiscer parmi les outsiders avec sa 10e place sur les Strade Bianche cette année, sa 6e place sur Paris-Tours la saison passée, année durant laquelle l'ancien coureur Cofidis avait remporté Gand-Wevelgem.