Football : Les confessions troublantes d’Andrés Iniesta sur sa dépression
Lors d’un long et passionnant entretien accordé à El Pais à l’occasion de la sortie de son livre “Le mental compte aussi”, Andrés Iniesta s’est épanché sur ses différents épisodes dépressifs qui l'ont touché durant sa carrière.
Le 11 juillet 2010, Andrés Iniesta est au zénith de sa carrière. Ce jour-là, l’Espagne et les Pays-Bas croisent le fer en finale de Coupe du monde au Soccer City à Johannesbourg. À la 116ᵉ minute de jeu, alors que les deux nations n’ont toujours pas réussi à trouver la faille dans un match âpre et indécis, Cesc Fàbregas se présente devant la surface de réparation batave. D’une passe astucieuse vers la droite, il décale Andrés Iniesta qui, d’un délice de contrôle orienté, se met dans le bon sens et exécute Maarten Stekelenburg d’une frappe sèche à mi-hauteur du droit. Quelques minutes plus tard, l’Espagne se pare de sa première couronne planétaire (1-0, a.p). Et le milieu de terrain du FC Barcelone en est le héros.
Si son geste favori a toujours été la passe, c’est bel et bien un but qui a fait entrer Andrés Iniesta dans le cœur des Espagnols et a parfait sa légende. Champion du monde, deuxième au classement du Ballon d’Or, vainqueur de la Liga avec le FC Barcelone, le natif de Fuentealbilla est cette année-là au sommet de son art mais aussi à l’apogée de sa carrière sur le plan purement sportif. Et pourtant, intérieurement, Andrés Iniesta est au plus bas. Bouleversé par la disparition tragique de son ami Dani Jarque, le capitaine de l’Espanyol Barcelone, décédé d’une crise cardiaque en 2009 à l’âge de 26 ans, il est atteint de dépression. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que l’Espagnol est touché par un épisode de ce type dans sa carrière.
“Ce sport a consolé la douleur intérieure que j’avais”
Lors d’un entretien récemment accordé à El Pais à l’occasion de la sortie de son livre “Le mental compte aussi”, dans lequel il revient sur cette période difficile en 2010, Andrés Iniesta a effectivement expliqué que sa dépression est apparue dès son plus jeune âge, à 12 ans précisément, alors qu’il venait de quitter son village natal et sa famille pour rejoindre le centre de formation du FC Barcelone. “Il y a deux faces. Sportivement, ça n’aurait pas pu mieux se dérouler, mais de manière plus personnelle, cette séparation m’a causé des ravages, à moi et à ma famille”, confie l’intéressé, qui a tout de même trouvé dans son sport une échappatoire. “Le football est ma passion, là où j’ai été heureux. Ce sport a consolé la douleur intérieure que j’avais, que je ne laissais pas sortir ou que j’essayais de dissimuler”, révèle-t-il.
“Ces deux mondes ont coexisté et le football a gagné, jusqu’à ce que la situation s’inverse au fil du temps et que mon autre moi intérieur se dise : 'Eh, je suis là !'”, poursuit l’homme de 40 ans, qui espère briser le tabou de la santé mentale dans le sport de haut niveau. “Il y a encore du chemin à parcourir, c’est encore difficile de dire que l’on ne se sent pas bien. Cela reste perçu comme un aveu de faiblesse”, conclut ainsi un Andrés Iniesta qui est désormais loin de cette première vie en tant que footballeur professionnel. Retraité des terrains depuis l’année dernière, la légende espagnole profite de son temps libre pour vaquer à de nouvelles activités. L’ancien joueur emblématique du FC Barcelone a par exemple investi dans le modeste club de Helsingør, qui évolue en 3ᵉ division danoise. De quoi s'occuper l'esprit et essayer de tirer un trait sur ses épisodes qui ont pollué son quotidien durant sa carrière.