Il était annoncé pour jeudi dernier. Au matin de l’annonce de la liste des joueurs convoqués pour le rassemblement d’octobre et les matchs des qualifications pour la Coupe du monde 2026 contre l’Azerbaïdjan (10 octobre) et en Islande (13 octobre), les médias se faisaient l’écho d’un retour de Florian Thauvin. Une mauvaise intuition puisque Didier Deschamps prit tout le monde à contrepied en n’appelant pas le nouveau joueur du RC Lens et en sortant de son chapeau Jean-Philippe Mateta.

Un forfait bienvenu

Une déception certainement pour l’ancien attaquant de l’Olympique de Marseille qui disait, avant la révélation des arbitrages du sélectionneur, qu’il aspirait à retrouver Clairefontaine. "Ce qui m’anime au fond de moi, c’est de travailler pour y retourner. Même si j’ai eu la chance d’y être régulièrement pendant une période d’environ trois ans, que j’ai été champion du monde (2018), y retourner serait comme si c’était la première fois", avait-il confié à L’Équipe, assurant que s’il n’était pas convoqué il n’en ferait pas non plus un drame, considérant simplement que "ce n’est pas le bon moment". Le bon moment était finalement quatre jours plus tard. Avec le forfait de Bradley Barcola, victime d’une lésion aux ischio-jambiers de la cuisse droite, Didier Deschamps a dégainé son téléphone et composé le numéro de Florian Thauvin pour l’informer qu’il avait besoin de lui. Un appel attendu depuis plus de six ans.

Alors que l’avenir semblait lui appartenir chez les Bleus en 2018, les mois qui suivirent la glorieuse campagne de Russie firent prendre à la carrière de Florian Thauvin un tour inattendu. Des problèmes récurrents à la cheville et la concurrence de Dimitri Payet ont fini par le convaincre d’écourter son aventure à l’Olympique de Marseille et de partir au Mexique, où il ne s’intégra jamais dans le club de Tigres malgré la présence d’André-Pierre Gignac. Un retour en Europe s’est imposé et c’est en Italie qu’il a été accueilli. À Udine, il a trouvé un cadre positif et rigoureux où il a pu se reconstruire et renouer avec ses standards. Des performances remarquées par le staff tricolore mais qui n’avaient pas abouti à un rappel formel.

Un passé olympique à oublier

Le contact est aujourd’hui définitivement rétabli et les retrouvailles seront certainement empreintes d’émotions. En effet, Florian Thauvin n’a plus porté le maillot frappé du coq et des deux étoiles depuis le 11 juin 2019 et une rencontre de qualifications pour l’Euro 2020 (qui eut finalement lieu en 2021, ndlr). En Andorre, il avait été précieux, marquant un but et délivrant une passe décisive (4-0). Six ans et quatre mois plus tard, l’heure de retrouver le bleu est arrivée. L’occasion aussi d’écrire un bout de légende tricolore puisque, s’il jouait contre l’Azerbaïdjan vendredi prochain, il deviendrait l’international français ayant attendu le plus longtemps entre deux sélections, avec 77 matchs manqués. Ce serait quatre de plus que Vikash Dhorasoo, qui avait dû patienter 73 rencontres entre sa deuxième sélection en juin 1999 et sa troisième en septembre 2004. "Je reviens de tellement loin que je ne veux apporter que du positif", avait dit la semaine passée Florian Thauvin au quotidien sportif français.

Quatre ans après la douloureuse expérience des Jeux olympiques de Tokyo, où il n’avait pas su guider la sélection française, éliminée dès la phase de groupes, l’attaquant de 32 ans va renouer avec le maillot tricolore. Celui des "A", celui qu’il n’aurait jamais imaginé quitter si longtemps en 2019. L’occasion de renouer le fil d’une histoire atypique qui rappelle combien les carrières n’ont rien de linéaires.