Le Strasbourgeois Mothiba est de retour, pour de bon ?
Miné par les blessures depuis août 2020, l’attaquant sud-africain Lebo Mothiba, buteur à Toulouse (2-2) dimanche, chemine vers un retour au premier plan qu'il espère confirmer face à Marseille, samedi (21h00) pour la 13e journée de Ligue 1. Avec toujours le même sourire.
Au Stadium, lorsqu'il est entré à la 61e minute alors que le TFC menait 2-0, Mothiba était probablement le seul à croire à un renversement de situation, qu'il a rendu possible avec un but de la tête et un penalty provoqué.
"C’est un soulagement, le plus important est de ne pas avoir perdu. On va se battre jusqu’au bout", a déclaré le Bafana Bafana, résolument tourné vers l’avenir après deux années de galère.
Zéro match en 2020-2021, 1 match avec Strasbourg puis 13 en prêt à Troyes (6 titularisations, 2 buts) en 2021-2022: voilà le maigre bilan du n°12 strasbourgeois après une opération d'un genou en août 2020, suivie de plusieurs rechutes.
"C’était vraiment dur, chaque fois je reprenais et je me blessais. Le plus dur est de regarder ton équipe des tribunes ou à la maison, sans pouvoir apporter de solution", confie le natif de Tembisa, dans les faubourgs de Johannesbourg.
Mothiba (26 ans), formé à l’académie de Diambars de Johannesburg, est arrivé à Lille en 2014 à 18 ans pour parfaire sa formation. Passé par Valenciennes (L2) en prêt, l’international sud-africain (14 sélections, 4 buts) a rejoint Strasbourg à l’été 2018 pour 4 millions d’euros.
Co-meilleur buteur alsacien en 2018-2019 (9 buts avec Ajorque), puis auteur de 3 buts et 3 passes décisives en 21 matches lors de la saison tronquée par le Covid, l'attaquant a vu les galères commencer dans la foulée.
En coulisses à Strasbourg, on souligne "la résilience" du joueur qui n’a jamais jeté l’éponge. "Je n’ai jamais pensé que le foot était fini pour moi", expose le Sud-Africain, toujours soutenu par l'entraîneur Julien Stéphan, préoccupé à garder son joueur "en alerte sur le plan mental".
- "C'est un rayon de soleil" -
L’homme qui sourit toujours est passé par des moments difficiles à faire "des pompes à la maison pour garder mon physique", à répéter inlassablement les séances de renforcement musculaire au club. Il s’est même remis à dessiner, une passion.
"Ça faisait très longtemps" sourit Mothiba. Ce n’était pas nickel mais j’ai recommencé en dessinant Zlatan (Ibrahimovic) et fini avec Kobe Bryant. Kobe c’était mieux. Je vous montrerai."
"Mothiba, c’est un rayon de soleil au quotidien. Il a toujours le sourire et il est précieux, c’est un des seuls joueurs qui est capable de prendre la profondeur, on est très heureux de pouvoir compter sur lui mais il y a encore beaucoup de travail à faire", estime Julien Stéphan.
Malgré ses malheurs, Strasbourg a toujours cru en lui, allant même jusqu’à prolonger son contrat jusqu’en 2024 en janvier dernier avant de convaincre l'Estac de le prendre en prêt jusqu'au mois de juin 2022.
"On savait qu’il n’était pas à 100% mais qu’il pouvait apporter une concurrence saine et sa joie de vivre. C’est ce qu’il a fait à Troyes", indique à l’AFP Christophe Jeannot, recruteur et référent Afrique pour le City Football Group, auquel Troyes appartient.
Jeannot avait déjà repéré en 2014 pour Lille le phénomène sud-africain à l’académie Diambars.
Au Losc aussi, le sourire de l’homme a marqué. "C’est quelqu’un de solaire, quels que soient les emmerdes il est là pour partager sa bienveillance, son altruisme", explique à l’AFP Jean-Michel Vandamme, manager du centre de formation de Lille. "Ce type est une merveille dans ce qu’il dégage, quand il a des moments de souffrance il ne passe pas sa vie à pleurer."