Ligue 1 : Le football français veut s’inspirer de la Premier League
Hier en fin de journée, le président de la Fédération française de football (FFF) Philippe Diallo a présenté son projet de réforme de football professionnel inspiré du modèle anglais.
Le football professionnel français vire de bord. En pleine tempête sur fond de crise des droits de diffusion, ce dernier pourrait connaître une profonde révolution dans les mois à venir. Hier, Philippe Diallo a décidé de reprendre la barre pour éviter un naufrage annoncé. "J’ai fait le constat que la crise actuelle était majeure et structurelle. Et comme il n’était pas simple de faire émerger un dialogue au sein de la Ligue, j’ai pris l’initiative", a déclaré le président de la Fédération française de football (FFF).
"Une sorte de Premier League à la française"
Depuis deux mois et demi, le patron du football hexagonal avait missionné trois groupes de travail, dirigés par Marc Keller, Baptiste Malherbe et Damien Comolli, pour dessiner un avenir aussi prospère que possible. Cet avenir passera par un changement radical de cap. Créée en 1946, la Ligue de Football Professionnel (LFP), qui gérait jusque-là les intérêts du football professionnel français, disparaîtra, si le plan est suivi jusqu’au bout, et sera remplacée par une nouvelle entité commerciale. "La Ligue, sous sa forme actuelle, disparaîtrait. De toute façon, elle est devenue une sorte de coquille vide puisqu’elle n’a plus de ressources (…) On va passer d’une association de loi 1901 à une société commerciale (…) Dans cette société commerciale, il n’y aura plus de président élu. La direction sera assurée par un directoire, à la tête duquel il y aura un président exécutif recruté par les clubs, salarié et révocable ad nutum (immédiatement)", a poursuivi Philippe Diallo avec une certaine morgue.
"C’est une sorte de Premier League à la française, car c’est bien une société de clubs qui organise un championnat, mais elle est à la française car je souhaite que les spécificités sportives et culturelles de la France soient conservées", appuie le dirigeant tricolore, refusant de se contenter d’un simple "copier-coller".
Si elle sera toujours entre les mains des clubs et aura encore pour mission de valoriser le football professionnel, cette nouvelle entité sera soumise à un contrôle plus strict et sera pilotée directement par la FFF. "La Fédération disposera d’une action préférentielle lui permettant de garantir l’intérêt général, avec un droit de veto par exemple sur le format des compétitions, le nombre de montées et de descentes. La FFF exercera une action de régulation", a-t-il précisé. Une reprise en main à peine déguisée après des années de dérives.
Au Sénat le 10 juin
Assumant parfaitement sa volonté de régenter le football à l’échelon national, Philippe Diallo entend renforcer son pouvoir et celui de la FFF en récupérant le contrôle financier des clubs à travers l’assimilation de la DNCG. Loin de s’arrêter là, le président de la FFF souhaite mettre en place de nouvelles règles comme un "plafonnement de la masse salariale" ou une "limitation des effectifs" dont le but sera de "permettre le retour à l’équilibre financier". "On n’est pas dans la cosmétique mais dans un projet novateur qui modifie l’organisation du football professionnel en France", a défendu le dirigeant de 61 ans.
Élu en décembre dernier après avoir assuré l’intérim à la tête de la FFF suite au départ anticipé de Noël Le Graët, Philippe Diallo semble vouloir profiter des circonstances pour affirmer son autorité tout en se drapant de vouloir "sauver" le football français de la catastrophe industrielle. Si ce projet a déjà été validé par le comité exécutif de la FFF, il sera inséré dans le projet de loi porté par les sénateurs Michel Savin et Laurent Lafon et visant à un meilleur contrôle de l’organisation, de la gestion et du financement du sport professionnel. Cette proposition de loi sera examinée le 10 juin prochain au Sénat avant d’être présentée à l’Assemblée nationale dans l’espoir qu’elle soit adoptée. Son application suivrait ensuite et précipiterait la révolution voulue du football professionnel français.