Ligue 1 : Les Brestois fêtés en héros
Au soir d’un derby inoubliable, Éric Roy et ses hommes ont été célébrés à leur retour à Brest par un public en folie, ivre de la première qualification européenne du club.
Ce sont des images qui resteront gravées à jamais. Celles d’un derby de légende arraché dans les dernières secondes du temps additionnel alors que Brest était mené 0-2 après seulement 9 minutes de jeu ; celles d’un vestiaire sens dessus dessous qui résonne encore des chants brestois, et surtout celles d’un retour dans le Finistère à la lumière des fumigènes. Il était tard hier soir, quand Éric Roy, Steve Mounié, auteur d’un doublé au Rohazon Park, et consort ont débarqué dans ce coin isolé à la pointe bretonne. Une idée du bout du monde, d’une terre de paradis où des milliers de supporters avaient bravé la nuit de ce printemps non pas maussade mais radieux à leur cœur.
Brest n’a jamais été aussi haut
Il ne faut pas s’y tromper, la ferveur de l’accueil était à la hauteur de l’évènement. Certes, il y avait la joie d’avoir enfin vaincu l’encombrant rival rennais sur sa pelouse, ce qui n’était plus arrivé depuis plus de 36 ans et ce 15 mai 1987 où Gérard Buscher et Hervé Guégan avaient été les bienfaiteurs brestois (2-0) ; mais il y avait surtout l’émotion de goûter enfin à l’Europe. Car, en s’imposant hier à Rennes, le Stade Brestois 29 a validé son billet pour l’échelon continental, assuré au pire de disputer la Ligue Europa Conférence et au mieux d’entendre la douce musique de la Ligue des Champions.
En effet, le club breton sera au pire 6e à la fin de la saison et cela constitue aussi un évènement car jamais il n’avait réussi à se classer mieux que 8e. C’était aussi en 1987 sous les ordres de l’emblématique entraîneur du cru Raymond Kéruzoré et avec notamment le champion du monde argentin José Luis Brown. "On est un vrai groupe, une équipe. Il n’y a que des joueurs qui sont saison, qui bossent et ça marche", savoure Lilian Brassier, buteur providentiel dans le temps additionnel. "C’est une grande satisfaction car l’année dernière, à trois matchs de la fin, on obtenait le maintien", recontextualise Eric Roy, comme pour rappeler d’où lui et son groupe sont partis et rehausser la valeur de l’exploit. "Le chemin parcouru est assez incroyable." "C’est fou ce qu’on a fait. Il ne faut pas le banaliser", renchérit Pierre Lees-Melou, qui a serré les dents tout le match dimanche malgré une belle bosse sur le tibia droit apparue dès les premières minutes après un choc.
La saison prochaine, Brest va donc changer de dimension et intégrer la caste des clubs français ayant participé à la Coupe d’Europe. Il sera le 36e membre, certainement l’un des plus inattendus mais les Pirates n’auront rien volé. Ils ont trois journées (contre Nantes, Reims et à Toulouse, ndlr) pour boucler au mieux un exercice déjà inscrit dans leur légende. La rade de Brest n'a pas fini de chanter, ivre de son bonheur national et européen.