Ligue 1 : Les recours de l’Olympique Lyonnais pour éviter la chute
Rétrogradé administrativement en Ligue 2, le club lyonnais peut encore faire appel de la sanction prononcé par la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG).
L’Olympique Lyonnais le redoutait, mais personne, au sein de sa direction, ne pouvait — ou ne voulait — réellement l’imaginer, trop convaincu que les récents efforts suffiraient à s’en sortir moyennant un (nouveau) rappel à l’ordre et une bonne tape sur les doigts. Pourtant, hier soir, la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) n’a montré aucune mansuétude à l’égard du club lyonnais et a prononcé sa relégation en Ligue 2. "Au cours des derniers mois, nous avons travaillé en étroite collaboration avec la DNCG, satisfaisant toutes ses demandes avec des investissements en fonds propres supérieurs aux montants demandés. Grâce aux apports en fonds propres de nos actionnaires et à la vente de Crystal Palace, notre trésorerie s’est considérablement améliorée et nous disposons de ressources plus que suffisantes pour la saison 2025-2026", indiquait l’OL dans un communiqué où il pointait une "décision incompréhensible".
Des efforts d’économie
Il faut dire que les Rhodaniens pensaient avoir fait le nécessaire pour sauver leur tête. Depuis l’annonce de la rétrogradation à titre conservatoire, mi-novembre 2024, ils avaient sabré dans les dépenses en mettant en place un plan social qui a « éliminé » une centaine de salariés de l’organigramme. En début de mois, ils ont également accéléré la vente de Rayan Cherki à Manchester City, parvenant à encaisser 42,5 millions d’euros. Un départ venant s’ajouter à ceux de Maxence Caqueret (15 millions d’euros à l’AS Rome), Gift Orban (9 millions d’euros à Hoffenheim), Jeffinho (5,3 millions d’euros à Botafogo, propriété de John Textor), Saïd Benrahma (12 millions d’euros à Neom), sans oublier la cession d’Anthony Lopes (au FC Nantes) et, tout récemment, la retraite d’Alexandre Lacazette.
À ces transferts, John Textor a ajouté la vente, le week-end dernier, de ses parts de Crystal Palace pour un montant avoisinant les 200 millions d’euros. Une vente dans l’attente de sa validation par la Premier League. "Tout s’est passé comme on l’avait prévu. On a aimé ce qu’il s’est passé cette année. On a amené beaucoup d’argent, on a fait notre boulot. J’ai assez d’argent pour assurer l’avenir", osait le propriétaire américain de l’OL à sa sortie de l’audition avec la DNCG.
De multiples recours
Son avenir immédiat, comme celui de son club, le conduira sur un autre terrain : celui judiciaire. En effet, si le septuple champion de France a été officiellement rétrogradé, il dispose de sept jours pour contester la décision et faire appel. Un recours dont il ne se privera pas. Comme l’explique L’Équipe, celui-ci se fera devant la commission d’appel de la DNCG, qui dépend directement de la Fédération française de football (FFF), et non de la Ligue de football professionnel (LFP), comme le gendarme financier du football français. Il pourra alors présenter de nouvelles pièces pour consolider son dossier et espérer renverser la décision en sa faveur.
En cas d’échec, il pourra porter l’affaire devant le Comité national olympique et sportif français (CNOSF), qui ne statuera pas sur le fond mais sur la forme. "Le CNOSF est là pour dire si le dossier a été bien ou mal jugé", précise un avocat interrogé par le quotidien sportif français. Si la justice sportive ne déviait pas du verdict initial, l’Olympique Lyonnais pourrait alors s’en remettre à la justice civile et aller jusqu’au tribunal administratif de Paris, qui ferait office de dernier recours pour plaider sa cause et sa bonne foi.
Un parcours judiciaire qui s’annonce long et particulièrement incertain, au bout duquel il pourrait être question de bien plus qu’une simple relégation — avec, en mémoire, la peur de la chute d’un autre monument du football français, après les Girondins de Bordeaux. Il y a un an, le club girondin avait évité de peu la liquidation judiciaire mais envoyé en National 2, entraînant notamment la perte de son statut professionnel et la fermeture de son centre de formation.
"Un choc" pour Jean-Michel Aulas
"C’est un choc. Un coup terrible pour tous ceux qui aiment profondément l’Olympique Lyonnais (…) Pendant 36 ans, j’ai veillé à ce que jamais une telle situation ne puisse se produire. J’ai tout donné pour bâtir un club solide, respecté, ambitieux et sain financièrement. Aujourd’hui, c’est la tristesse qui domine. Et une immense incompréhension (…) Je souhaite de tout mon cœur que l’appel, et les garanties que pourra apporter l’OL — et surtout celles de John Textor et de ses associés au sein d’Eagle Football Holding — permettront de revenir sur cette situation inédite", a réagi Jean-Michel Aulas.
Homme clé de l’avènement de l’OL, il avait pris les commandes du club rhodanien en 1987, alors qu’il végétait en deuxième division, et l’avait structuré jusqu’à en faire la référence du football français lors de la première décennie du XXIᵉ siècle. Une domination incarnée par ses sept titres consécutifs de champion de France, de 2002 à 2008. Il y a deux ans, alors âgé de 74 ans, il avait passé la main à John Textor après avoir vendu le club à Eagle Football. Quelques mois plus tard, l’édifice que l’on imaginait si solide est en train de s’effondrer, miné par une dette de plusieurs centaines de millions d’euros.