Ligue 1 : Medhi Benatia ne restera pas longtemps à l’OM
Récemment promu directeur sportif du club marseillais, l’ancien défenseur s’estime en mission mais pour une courte période.
Longtemps le rôle de Medhi Benatia est resté assez flou puisque simple conseiller sportif de Pablo Longoria. Puis la relation entre les deux hommes s’est enrichie, renforcée et le mois dernier, le président marseillais a fait de l’ancien international marocain le directeur sportif de l’OM. Une fonction officielle lui donnant les pleins pouvoirs sur la politique sportive du club, définie en synergie avec l’ancien recruteur.
S’il a endossé plus de responsabilités, le dirigeant marseillais n’a en rien changé son approche, conservant son style très direct. "Je suis très diplomate mais je dis ce que je pense", se justifie-t-il dans un long entretien accordé à L’Equipe à l’évocation de son image un peu brute. Il faut dire que Medhi Benatia s’embarrasse peu des formes et des convenances inutiles. Son rôle n’est pas de plaire mais de travailler pour rendre l’Olympique de Marseille meilleur. "Aujourd’hui, l’OM, cela fait rêver beaucoup de personne. Moi, je ne rêve pas. J’aspire à aller en Ligue des champions et le jour où je partirai, me dire : 'Voilà, j’ai pris ce club-là dans ces conditions, j’ai sacrifié deux, trois ans de ma vie, sûrement pas plus, pour remettre le club à ce niveau-là. Vous êtes contents, pas contents ? Croyez-moi, j’ai fait le maximum tous les jours'", promet l’ancien joueur de l’Udinese et de l’AS Rome.
Une relation symbiotique
Un engagement sans faille assumé mais qui a ses limites. S’il donnera la moindre parcelle d’énergie qu’il possède, il sait qu’il ne pourra pas tenir le rythme très longtemps. "Concrètement, quand tu fais ce métier-là à Marseille, tu n’as pas de vie de famille. Les enfants, ma femme, ils sont là, mais tu partages très peu. Ce club te prend toute ton énergie", explique-t-il se donnant deux à trois ans à ce rythme infernal puisqu’il dit ne presque pas dormir.
Pour autant, le sacrifice vaut le coup à ses yeux. D’un point de vue sportif tout d’abord, mais aussi personnel. En effet, Medhi Benatia entretient un lien particulier avec un club où il a fini sa formation et signer son premier contrat professionnel sans avoir finalement la chance d’y jouer. "Même si je n’ai pas eu la chance de jouer avec l’OM, j’ai fait ramasseur de balles au Vélodrome. J’ai revu récemment une vidéo avec Samir (Nasri) avant le match contre le Real Madrid, face aux Galactiques (en 2003), on court derrière les ballons sur le côté. Pour le match contre Lyon (3-2), avec mon ami Nabil, on est arrivés au stade vers 18h30, et tous les escaliers du Vélodrome étaient pleins de monde. Je n’ai pas m’empêcher de sortir le téléphone et de faire une vidéo. Je lui ai dit : 'Imagine, j’aurais fait ne serait-ce qu’un match ici !' Ce sont des ambiances qui me parlent. J’aurais été performant pour ces gens, à 100%. J’ai signé mon premier contrat à 18 ans, ma famille est venue. Ma mère est restée à Marseille. Je suis toujours venu lui rendre visite pendant mes vacances. J’ai mes sœurs ici. Ce club m’est cher", confie celui qui, à 37 ans, entend profiter de cette seconde chance de rendre à son club de cœur.
"Je ne sais pas combien de temps je resterai, sûrement pas longtemps, et je n’ai pas peur de le dire. C’est usant mentalement, physiquement. La seule garantie : je vais tout donner jusqu’au dernier jour. Je suis au contact des Marseillais au quotidien, de tous niveaux. Je sais pourquoi c’est important pour eux, pourquoi c’est important pour moi. Je suis en mission", ajoute le jeune dirigeant dans le quotidien sportif français. En mission pour représenter l’OM, défendre l’OM et lors de laquelle il assumera tout. "Jusqu’au dernier jour, je vais toujours défendre l’institution, les joueurs tant qu’ils sont défendables, mon entraîneur. Si c’est un échec, le coach, ce sera mon échec", conclut-il. Sortant du moule classique, le directeur sportif de l’Olympique de Marseille assume sa différence avec toujours au fond du cœur et dans la tête que ses paroles et ses actions sont dites et faites dans l’intérêt supérieur du club. Une certaine idée du dévouement à une institution qu’il rêve de ramener au sommet.