Nottingham Forest va finir par croire qu’Anfield est un lieu accueillant ou du moins où il peut prendre ses aises. Déjà la saison dernière, il était reparti de Liverpool avec une victoire obtenue grâce à un but de Callum Hudson-Odoi (1-0) et avait infligé au futur champion d’Angleterre sa seule défaite à domicile en Premier League.

Un peu plus d’un an plus tard, le double champion d’Europe (1979 et 1980) a refait le coup. En grande difficulté dans cet exercice, Nottingham Forest est venu glaner son premier succès à l’extérieur (3-0) après cinq échecs (deux nuls et trois défaites) et précipiter un peu plus Liverpool dans l’abîme. En effet, si les visiteurs n’ont plus la même réussite que l’année passée, c’est aussi le cas des Reds. “Il est difficile de mesurer à quel point nous avons été mauvais. Ce qui est sûr, c’est que c’était très mauvais. Perdre 0-3 à domicile, peu importe contre qui, c’est très, très mauvais. C’est aussi inattendu si vous regardez la première demi-heure. À mon avis, nous avons bien commencé. Je ne nous ai pas vus cette saison nous créer autant d’occasions. Le problème, c’est que la première fois qu’ils sont venus dans notre surface, ils ont marqué. C’est très dur à avaler quand vous ratez vos occasions et qu’à chaque occasion adverse, vous prenez un but”, a pointé Arne Slot.

“C’est inacceptable”

À Anfield, les Reds ont perdu pour la sixième fois lors de leurs sept derniers matchs de championnat. Une gabegie qui les a faits reculer à la 11ᵉ place du classement. Signe de la crise qui s’installe, Liverpool n’avait plus été relégué dans la seconde moitié du tableau de Premier League depuis 10 ans et vit même son pire début de saison depuis 2014. “Ce qui est inhabituel, c'est la gravité et l'immédiateté de la chute, ainsi que les signes inquiétants qui apparaissent. Une baisse de régime, c'est perdre un ou deux matchs, mais quand on commence à en perdre trois ou quatre, il faut faire quelque chose. On ne peut pas perdre six matchs sur sept quand on est le Liverpool Football Club. C'est inacceptable”, a commenté Gary Neville pour Sky Sports.

Pour l’ancienne légende de Manchester United, la responsabilité incombe à Arne Slot de trouver une solution pour réveiller une équipe amorphe. “Le manager doit changer le style ou le système et les aider. Cela signifie être plus solide, changer de personnel. (Milos) Kerkez est en difficulté, (Ibrahima) Konaté est en difficulté. Il y a quelques semaines, j'ai dit que Joe Gomez devrait peut-être jouer arrière droit, Andy Robertson arrière gauche et jouer avec une défense à quatre. Être un peu plus pragmatique. Quelque chose doit changer dans le collectif (…) Slot est un manager brillant, qui a beaucoup de classe, mais il doit inverser la tendance et faire quelque chose de différent, peut-être prendre des décisions difficiles”, a-t-il sommé, appelant également à une prise de conscience individuelle. “Les joueurs doivent se mobiliser, sinon cela va devenir un problème (…) il faut revenir à l'essentiel, qu'il s'agisse du sommeil, des étirements, de l'alimentation, des petits détails. Tout faire mieux.”

“Que nous gagnions ou perdions, c’est ma responsabilité”

Atterré par la tournure des événements, le manager néerlandais a assumé. “Que nous gagnions ou perdions, c'est ma responsabilité. Les joueurs continuent d'essayer jusqu'à la fin. Nous avons été l'équipe dominante et avons su créer des occasions, mais ces derniers temps, nous ne les concrétisons pas. Cela ne va pas durer toute la saison. Mais nous avons besoin de cette énergie que procure un but. C'est le contraire qui s'est produit. Je vois beaucoup de choses qui, dans une situation normale, auraient pu changer le résultat, mais nous sommes désormais dans une situation difficile. Nous devons faire encore plus pour obtenir des résultats que lorsque tout va bien. Bien sûr, il y a une issue avec les joueurs de qualité que nous avons. Je suis responsable des défaites actuelles. Je ne trouverai jamais assez d'excuses pour justifier nos résultats. C'est loin d'être suffisant et j'en suis responsable”, a-t-il convenu avec une certaine gravité.

“Je pensais que Liverpool connaîtrait cette saison ce qu'il a connu l'année dernière, après le départ de Klopp. Ce qu'a fait Slot était hors du commun. Liverpool s'attend à remporter des titres, il ne s'attend pas à perdre six matchs sur sept au cours d'une saison. Il se crée lui-même un problème”, a ajouté Gary Neville avec une pointe de naïveté.

Il faut dire que le recrutement pharaonique de l’été allait dans ce sens et laissait présager un cavalier seul du champion en titre. Sauf que la mayonnaise n’a pas (encore ?) pris, à l’image de Florian Wirtz et Alexander Isak, tous deux transparents depuis leur arrivée chez les Reds. Une cause qui n’est peut-être pas la principale. La source de leur mal-être se situe sûrement sur le plan psychologique et dans la disparition tragique de Diogo Jota, dont les conséquences restent difficilement quantifiables. Une chose est sûre, Liverpool n’en finit plus de couler et n’a pas trouvé comment inverser la tendance et remonter à la surface.