C’est le propre des contes de fées de dérouler une histoire que défie les règles et proposent parfois des héros improbables. Quand il a débuté sa campagne européenne, la première de son histoire, Brest ne devait être qu’un figurant, qui vendrait certes chèrement sa peau et jouerait le coup à fond car n’ayant rien à perdre mais guère plus. Puis la magie a opéré avec deux victoires pour commencer et quatre premiers matchs sans défaite lui permettant de s’installer dans les hauteurs du classement et de rêver à plus dans cette Ligue des champions, repensée avec une poule unique.

Le voyage à Barcelone et la déculottée reçue (0-3) aurait pu constituer un point de bascule, le moment où l’histoire se gâte sauf que péripéties et coups durs ont toujours fait les bons ingrédients d’un conte de fées qui se respecte. Aussi, les Finistériens ont appris et ont surmonté l’obstacle. Hier soir, ils ont livré une nouvelle bataille dont ils ont le secret. Un mélange d’abnégation et de solidarité, saupoudré d’une dose de réussite et d’un soupçon de talent incarné par Marco Bizot. Le portier néerlandais a joué un bien mauvais tour à ses compatriotes en multipliant les parades pour leur interdire l’accès à ses filets. En parallèle, Julien La Cardinal avait eu la bonne idée de marquer juste avant la pause pour donner une bonne migraine au PSV Eindhoven, scellant ainsi le succès breton (1-0).

Dix ans de disette

Un authentique exploit dans la mesure où aucun club français n’avait pris le meilleur sur un homologue néerlandais depuis plus de 10 ans et un succès du Paris Saint-Germain au Parc des Princes contre l’Ajax Amsterdam (3-1). Entre temps, neuf matchs s’étaient déroulés sans victoire française. Une anomalie corrigée par l’un des petits poucets de cette édition de la Ligue des champions.

Mieux encore que cette dimension symbolique, ce succès permet surtout à Brest d’assurer sa présence, au pire, en barrage, officieux 16^èmes de finale de la compétition. Une qualification dont Éric Roy et sa bande de flibustiers rêvaient sans vraiment l’avouer. Avec quatre succès, le club breton est également devenu le premier club français à remporter 4 de ses 6 premiers matchs en C1 depuis l’Auxerre de Guy Roux en 1996. De quoi donner encore un peu plus de relief à une aventure qui dépasse l’entendement. Une aventure loin d’être finie donc puisqu’en janvier, les Pirates défieront les Ukrainiens du Shakthar Donetsk sur terrain neutre avant de finir en beauté avec la réception du Real Madrid, champion d’Europe en titre. Deux soirées pour continuer d’écrire leur légende et qui sait peut-être accrocher le Top 8 qui les enverrait directement en huitièmes de finale. Cinquièmes avant les matchs de ce mercredi soir, ils seront, au pire, neuvièmes à l’issue de la 6^e journée. Tout semble donc permis. Le conte de fées continue.