C’est le défi qu’il s’était lancé en venant au Real Madrid. Après avoir pratiquement tout gagné au Paris Saint-Germain, Kylian Mbappé voulait voir de quoi il était capable dans un autre contexte, un contexte plus grand que lui, où la pression peut écraser même les meilleurs joueurs du monde. Une épreuve du feu dans le saint des saints.

Libéré depuis près de trois mois et enfin acclimaté à son nouvel environnement, l’attaquant français savait que ce double rendez-vous contre Manchester City en barrages de la Ligue des champions était une occasion rêvée de démontrer, si besoin était, sa valeur et surtout qu’il était en mesure de peser dans ces matchs d’une autre nature. Déjà buteur à l’aller à l’Etihad Stadium la semaine dernière, il a récidivé hier soir. Mieux, il a enchanté Santiago-Bernabéu en signant un triplé plein de morgue pour enterrer de pâles Cityzens, pas armés cette saison pour résister à un tel phénomène encore moins en l’absence d’Erling Haaland, et envoyer le Real Madrid en huitièmes de finale (3-1).

Une performance rare chez les Merengues depuis que la Coupe d’Europe des clubs champions est devenue la Ligue des champions en 1992, réalisée notamment par Ronaldo, Cristiano Ronaldo et Karim Benzema. "Ce sont trois cracks, les noms que vous me citez ont marqué une époque au Real Madrid. J'espère faire la même chose. Je suis ici pour ça", a réagi l’international français, ravi de pouvoir accoler son nom à ceux de ces légendes du Real Madrid.

Di Stéfano et Puskás, les spécialistes d’antan

S’ils sont cinq à avoir réussi à marquer trois buts dans la version moderne de l’épreuve, Raúl González l’ayant aussi réalisé en 1995 contre Ferencváros (6-1), d’autres l’ont fait avant eux. En 1958, Hector Rial fut le premier à réussir un triplé dans la compétition pour les Merengues lançant la démonstration en huitième de finale retour face au Royal Antwerp (6-0) en marquant trois fois en première période. Lors de la même édition, Alfredo Di Stéfano l’imita en quarts de finale aller de l’édition 1958 contre Séville (8-0) et en demi-finale aller contre les Hongrois du Vasas SC (4-0). L’année suivante, le natif de Buenos Aires avait poussé le vice jusqu’à inscrire un quadruplé en quarts de finale retour contre les Autrichiens du Wiener Sport-Club (7-1). Il signera encore un triplé lors de l’édition 1959-1960 à l’occasion de la fameuse finale face à l’Eintracht Francfort (7-3). Tout comme le Hongrois Ferenc Puskás qui avait débuté sa campagne sur les mêmes bases contre les Luxembourgeois de l’AS La Jeunesse d’Esch (7-0).

En bon spécialiste du genre, Alfrédo Di Stéfano signera son 4^e et dernier triplé lors de la saison 1961-1962 à l’occasion d’un huitième de finale retour contre les Danois d’Odense, ventilés 9-0. Un total aussi atteint par son comparse magyar qui signera un triplé malheureux en finale contre le Benfica d’Eusebio en 1962 (3-5), avant la saison suivante où il mettra trois buts contre les Glasgow Rangers en tour préliminaire retour (6-0). Le Major Galopant poussera l’imitation jusqu’à enregistrer un quadruplé en 1965 contre Feyenoord, là encore en tour préliminaire retour (5-0). En novembre 1964, c’est au tour d’Amancio d’ajouter son nom à la liste des triples buteurs sur un match dans la prestigieuse compétition après sa prestation contre le Dukla Prague (4-0). L’Espagnol appréciant visiblement de jouer contre les formations tchèques récidiva le 6 mars 1968 contre le Sparta lors d’un quart de finale aller (3-0). En septembre de la même année, José Martínez Sánchez dit "Pirri" vu triple contre l’AEL Limassol (6-0).

Un record pour Cristiano Ronaldo

Il a fallu ensuite attendre près de 22 ans pour que ce petit club grossisse avec Sebastián Losada, auteur d’un triplé lors du tour préliminaire retour de l’édition 1990-1991 contre Odense (6-0). En huitièmes de finale, Emilio Butragueño et Hugo Sánchez se déchaînèrent ensemble contre les Autrichiens du Swarovski Tirol (9-1). Vinrent donc ensuite les joueurs susnommés, Ronaldo se signalant au printemps 2003 lors d’un quart de finale retour appartenant à la légende à Manchester United (3-4), certes perdu mais qui n’empêcha pas les Madrilènes de poursuivre leur route. Karim Benzema en planta trois le 8 décembre 2010 contre Auxerre (4-0), Malmö en décembre 2015 (8-0) et bien sûr le Paris Saint-Germain en huitième de finale retour en 2022 avant d’enchaîner au tour suivant, là aussi au retour, contre Chelsea (3-1)

Cristiano Ronaldo, lui, peut se targuer d’être le maître de l’art du triplé européen avec le Real Madrid puisqu’il marqua trois fois contre l’Ajax Amsterdam le 3 octobre 2012 (4-1), avant de rééditer la performance l’année suivante à Galatasaray le 17 septembre 2013 (6-1), puis contre le Shakhtar Donetsk le 15 septembre 2015 (4-0) et en quarts de finale retour contre Wolfsbourg, le 6 avril 2016 (3-0). L’année suivante, il en aligna deux de suite en phase finale, d’abord en quart de finale retour contre le Bayern Munich (4-2 a.p.) puis lors de la demi-finale aller face à l’Atlético de Madrid (3-0). Soit un total de 6, plus que n’importe quel autre Merengue dans l’histoire, sans oublier son quadruplé face à Malmö en 2015.

Par la suite, Rodrygo a également marqué à trois reprises dans un match face à Galatasaray le 6 novembre 2019 (6-0), imité par son compatriote brésilien Vinicius Jr, qui cette saison avait coulé le Borussia Dortmund le 22 octobre dernier (5-2). Une ribambelle de noms, presque tous légendaires, auxquels Kylian Mbappé a donc ajouté le sien.