On connaissait le "Fergie Time", ces minutes en fin de match où le Manchester United de la légende écossaise Sir Alex Ferguson avait pris l’habitude de renverser les situations les plus mal embarquées, avec comme signature ultime la finale de la Ligue des champions 1999 et ses deux buts inscrits dans le temps additionnel à deux minutes d’intervalle par Teddy Sheringham et Ole Gunnar Solskjær pour terrasser le Bayern Munich (2-1). En 2023-2024, il y eut l’éphémère "Xabi Zeit" avec ces nombreuses victoires ou nuls arrachés dans les derniers instants, ayant permis au Bayer Leverkusen de réaliser une saison mémorable et de devenir le premier champion d’Allemagne invaincu.

En ce début de saison 2025-2026, on commence à se familiariser avec ce qui pourrait être nommé l’"Arnie Time". Moins souverain que lors de l’exercice précédent, Liverpool s’est fait une spécialité de marquer dans les dernières minutes. Il y a eu Federico Chiesa et Mohamed Salah contre Bournemouth (88ᵉ et 90+4ᵉ), Dominik Szoboszlai contre Arsenal (83ᵉ), Rio Nguhoma contre Newcastle (90+10ᵉ) ou encore Mohamed Salah contre Burnley (90+5ᵉ). À cette liste, on peut à présent ajouter Virgil van Dijk. Hier soir, le défenseur néerlandais a fait exploser de bonheur Anfield quand, après deux minutes de temps additionnel, il reprit victorieusement de la tête, depuis le point de pénalty, un corner brossé par Dominik Szoboszlai. Une libération pour Liverpool et ses supporters au bout d’une soirée qui avait d’abord ressemblé à une formalité avant de se compliquer sérieusement en raison du doublé de Marcos Llorente, comme en huitièmes de finale retour en 2020, qui avait ramené l’Atlético de Madrid à hauteur.

"Ils encaissent trop de buts"

Les Reds se sont donc faits peur mais ont finalement obtenu la victoire grâce à leur indispensable capitaine. Une preuve supplémentaire du caractère et de la force qui habite l’équipe d’Arne Slot. Pour autant, au moment d’analyser la rencontre, Thierry Henry se voulait sceptique. S’il a reconnu le mérite du champion d’Angleterre, il a surtout retenu la porosité de sa défense. "Depuis la pré-saison, ils encaissent trop de buts. Ils doivent corriger cela. L'autre jour, ils se sont encore sauvés contre Burnley et tu l'as dit (s’adressant à Jamie Carragher, ndlr), il faut trouver le moyen de gagner les matchs, donc on ne se plaint pas de cela. Mais en Ligue des champions, si tu encaisses trop de buts, c'est difficile de gagner", a pointé l’ancien attaquant d’Arsenal et du FC Barcelone sur le plateau de CBS Sports.

Une observation très juste. En comptant la pré-saison, Liverpool a joué 12 matchs et n’a gardé sa cage inviolée que trois fois, contre Stoke City (5-0), pensionnaire de Championship, Arsenal (1-0) et Burnley (1-0), promu cette saison en Premier League. Au total, le club liverpuldien a déjà encaissé 17 buts, faiblesse compensée par une attaque auteure de 33 réalisations. Si, pour l’instant, le ratio est favorable, cette propension à se faire transpercer pourrait se révéler préjudiciable à long terme et notamment dans l’optique de gagner la Ligue des champions. "Je ne sais pas", a lâché Thierry Henry quand il fut interrogé sur les chances des Reds de remporter une 7ᵉ C1. En attendant de savoir si Arne Slot trouvera le moyen de redonner de la solidité à son équipe, Liverpool se réjouit de sa nouvelle signature et de ces succès tardifs procurant des émotions folles. La marque aussi des champions. Vous reprendrez bien un peu d’"Arnie Time" ?