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Paris 2024 : Noah Lyles réconcilie les USA avec le 100 m
Hier soir, le sprinteur floridien a mis fin à une disette de 20 ans des Américains sur la distance reine de l’athlétisme.
Il fallait bien ça pour réconcilier les Américains avec le 100 m. Du show, du suspense et une superstar. Dans la nuit parisienne, Noah Lyles a mis tout le monde d’accord. Très confiant dans ses chances, ne cessant de clamer qu’il était l’homme le plus rapide du monde, le triple champion du monde de Budapest (100 m, 200 m et 4x100 m) a joint aux paroles les actes en se montrant le plus fort sur la piste.
Cette piste violette, spécialement créée pour les Jeux olympiques, n’aura pas déçu, s’illuminant sous les éclairages avant d’être le théâtre d’une course entrée instantanément dans la légende. Après la pluie qui avait inondé la course féminine sans pour autant empêcher la révélation du sprint Julien Alfred d’offrir à Sainte-Lucie l’or olympique avec une autorité rare en signant un chrono de 10’’72, la piste parisienne avait séché pour accueillir les hommes et leur permettre de s’exprimer pleinement.
Tous sous les 10 secondes
Le résultat dépassait les attentes avec les huit protagonistes finissant en moins de 10 secondes. Du jamais-vu dans l’histoire comme l’écart entre les deux premiers. Au moment de franchir la ligne, bien malin celui ou celle qui pouvait dire qui de Kishane Thompson ou de Noah Lyles avait fini premier. La photo-finish faisait son office pour cette grande messe du sprint et révélait que pour 5 millièmes de secondes (!), le titre olympique revenait à l’Américain (9’’784 contre 9’’789 au Jamaïcain, ndlr). Un dénouement convenu compte tenu du pedigree du lauréat mais fou au regard du scénario. "Je n’avais pas l’impression d’avoir gagné cette course, j’ai donné 100 % mais j’ai eu l’impression de ne pas casser au bon moment, je pensais l’avoir fait trop tôt. C’était un moment fou, je pensais vraiment qu’il avait gagné. Je suis même allé vers Kishane pour lui dire, ’mon gars, je pense qu’elle est pour toi’. Quand j’ai vu mon nom s’afficher, c’était incroyable. Je suis fier d’avoir réussi ça contre des athlètes aussi rapides, lors de la plus grande course du monde, sur la plus grande scène du monde", a commenté l’heureux vainqueur qui était encore dernier aux 40 m et n’a cessé de grignoter son retard en bon spécialiste du 200 m.
Une première depuis 20 ans
Après avoir fait le show, à sa façon en déboulant surexcité sur la piste au moment de la présentation, puis en multipliant les gesticulations avant le départ, Noah Lyles a remporté le plus grand titre de sa carrière. Surtout, il a mis fin à 20 ans de disette américaine sur la distance reine de l’athlétisme. En effet, depuis 2004 et la victoire de Justin Gatlin à Athènes, les sprinteurs de la bannière étoilée avaient tous échoué, se brisant sur l’hégémonie d’Usain Bolt (2008, 2012 et 2016) puis sur l’ovni Marcell Jacobs (2021).
Une éternité pour une nation qui n’avait jamais abandonné le sceptre olympique du 100 m aussi longtemps et a placé à 26 reprises (sur 30 éditions, dont une boycottée en 1980) au moins un de ses représentant sur le podium.
D’un rien, d’une poussière, Noah Lyles a donc ramener l’or à la "maison" et réussi la première partie de son pari, peut-être la plus dure. Comme en Hongrie l’été dernier, l’Américain vise le triplé et serait même tenté par un invraisemblable quadruplé en prenant part au 4x400 m, lui qui a commencé sa carrière sur le tour de piste. Un accomplissement qui le placerait à hauteur de Jesse Owens et Carl Lewis, seuls athlètes à avoir réussi ça sur une édition des JO. A 27 ans, rien ne lui apparaît plus impossible à ce sprinteur torturé et inspirant, encore plus après avoir chassé les démons de Tokyo 2021 et son échec à la 3e place du 200 m.