Paris 2024 : Le récap du jeudi 8 août
Avec Benjamin Thomas en or et les exploits en basket puis en handball, la France a chaviré quand les Etats-Unis ont connu une soirée en or sur la piste d’athlétisme.
Il en a pleuré. Des torrents de larmes ont roulé sur son visage, comme lui a parcouru avec son intelligence et ses forces la piste inclinée du vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines. Là, après la fureur d’un public qui l’a porté tout au long de la fin de journée, Benjamin Thomas a tout relâché. Ses émotions l’ont dépassé comme ce titre qu’il n’espérait plus ou ne voulait plus espérer. Seul le plaisir l’animait, le soutien populaire, sa science de l’omnium et son esprit de compétiteur auront fait le reste pour le porter sur la plus haute marche du podium. Même sa chute à 25 tours de l’arrivée dans l’hypnotique course aux points n’aura pas su le faire dévier de sa trajectoire et l’empêcher de toucher son graal, trois ans après la blessure de Tokyo où promit à l’or, il avait échoué à la 4e place. Cette fois, le destin avait décidé de lui rendre ce qu’il lui avait pris comme pour récompenser son engagement. Hier, le routier-pistard s’est offert un aller simple pour les étoiles, débloquant enfin le compteur de médailles d’une piste moribonde.
Insubmersibles
Eux n’ont pas encore eu la chance de tenir l’or entre leurs doigts mais ils ont pu faire un pas de plus en sa direction. On n’attendait rien de cette équipe de France de basket dont la préparation avait été ratée et le début de tournoi pénible. Il faut croire qu’un déclic a eu lieu avec le retour à Paris. Le quart de finale contre le Canada avait donné un indice sur le nouveau niveau d’engagement et d’agressivité des Bleus. La demi-finale aura fini de confirmer l’impression. La bande de Vincent Collet ne pratique pas le basket le plus léché du monde mais elle joue avec son âme et impose son physique à ses adversaires. On crut l’histoire mal embarquée quand l’Allemagne mena 12-2 en début de match mais les tricolores ont serré leur défense et tordu le cou aux champions du monde, qui ne mirent que 8 points dans le deuxième quart-temps. Portés par Yabusele, Lessort et Cordinier, les Français ont ensuite accéléré et ont compté une dizaine de points d’avance avant de laisser leurs rivaux revenir presque à hauteur. La fin de match fut irrespirable mais comme un symbole, Franz Wagner au rebond après un tir primé raté de Batum, glissa en voulant amorcer le contre et laissa le ballon tombé en touche. Il n’y avait alors que deux points d’écart et une dizaine de secondes à jouer. Une aubaine pour des Bleus qui ne craquaient pas sur la ligne des lancer-francs (73-69) et se qualifiaient pour la deuxième fois de suite en finale olympique, bientôt rejoints par les Etats-Unis, miraculés contre la Serbie (95-91).
Le chemin vers la finale fut encore plus compliqué pour les handballeuses. En contrôle depuis le début du tournoi, elles ont connu leur premier coup de chaud. Inefficaces, elles ont dû puiser très loin dans leurs ressources pour effacer 4 buts de retard à un quart d’heure de la fin pour aller arracher une prolongation où elles ont mis la tête dans le sac à une Suède qui avait laissé passer sa chance. Au mental, portées par un Hatadou Sako de gala et une Tamara Horacek assez solide pour prendre ses responsabilités quand personne ne le voulait pour égaliser en fin de match. Ces Bleues sont en mission et semblent habitées par une force presque mystique lui interdisant la défaite.
Les nuances d’argent
Si Thomas a ramené le 14e titre olympique français, Lauriane Nolot a raté la quinzième pour un rien. Favorite en kitefoil, la Française a maudit le vent méditerranéen qui a refusé de se lever et a ouvert un couloir à sa rivale britannique Eleanor Aldridge. Au moment de commenter son argent, elle n’arrivait pas à se satisfaire de cette breloque à la couleur amère.
Une réaction opposée à celle de Billal Bennama. Le boxeur français a connu le même sort que son aîné Sofiane Oumiha. Battu aux points en finale, il devait se satisfaire de l’argent. Plus qu’une déception, une promesse pour l’avenir. A 26 ans, il va repartir pour un cycle de quatre ans avec en ligne de mire Los Angeles en 2028. Une ville où son père aurait dû disputer lui aussi les Jeux olympiques si une blessure ne l’en avait pas privé. Y décrocher l’or qu’il a effleuré à Paris serait un joli clin d’œil du destin. Trois médailles qui portent à 54 la moisson bleue en attendant un week-end potentiellement démoniaque. A noter le 2 tour très compliqué de Céline Boutier en golf. En tête au matin à -7, elle s’est trompée toute la journée pour signer une carte de 76 à 4 coups au-dessus du par, rétrogradant à la 6e place du classement à 5 coups de la leader suisse Métraux (- 8).
Les étoiles de la piste
La fin de journée aura été celle des Etats-Unis. Une nuit parsemée des étoiles de la célèbre bannière et dont leurs athlètes ont seuls le secret. Tout aura démarré par une mise en orbite stratosphérique de Sydney McLaughlin-Levrone. Cette dernière a littéralement soufflé ses rivales, survolant le 400 m haies. On s’attendait à un duel homérique avec Femke Bol, finalement hors du coup à la 3e place. Ce fut un cavalier seul au bout duquel elle rabota son record du monde de 28 centièmes pour se rapprocher un peu plus de la barre mythique des 50 secondes (50’’37). Pas de record mondial mais un premier titre olympique pour Grant Holloway sur les haies hautes du 110 m haies. La fin d’une incongruité pour le meilleur spécialiste de la discipline depuis des années qui n’a laissé à personne le soin de venir lui chiper sa médaille d’or. Pour parfaire cette nuit dorée, Tara Davis-Woodhall a été la seule a sauté au-delà des 7 m à la longueur. Trois titres sur les quatre finales disputées au Stade de France. Une razzia qui a permis aux Américains de franchir la barre des 100 médailles à Paris. Seule fausse note, l'échec de Noah Lyles en finale du 200 m. L'Américain, qui a révélé souffrir du Covid-19 et évacué en chaise roulante, a encore accroché la 3e place d'une course dominée par Letsile Tebogo, premier Botswanais et africain sacré sur le demi-tour de piste.