Hier promettait d’être un jour historique, un de ceux qui marquent la vie d’une nation. Pour preuve, le président José María Neves avait invité ses compatriotes à stopper le travail dès la mi-journée pour se préparer à vivre le moment.

Le destin a voulu que le Cap-Vert vive ce moment à domicile et les supporters ont répondu présent. Plus une place n’était libre dans le confidentiel Estádio Nacional de Cabo Verde à Praia. Quinze mille Capverdiens, tous vêtus de maillots bleus, ont donné de la voix et poussé leurs protégés. Un coup de pouce appréciable mais pas franchement nécessaire, car sur le terrain, l’histoire a vite été réglée. En tête du groupe D, les Requins bleus avaient besoin d’une victoire pour assurer leur position et éviter de se faire doubler sur le fil par le Cameroun. Et ce n’est pas le faible Eswatini qui pouvait les inquiéter, et encore moins compromettre leur rêve. S’ils n’ont pas trouvé la faille en première période, ils y sont parvenus à peine trois minutes après le retour des vestiaires grâce à Dailon Livramento, qui profitait d’une bévue de la défense adverse pour propulser le ballon dans les filets et soulager tout un stade. Six minutes plus tard, Willy Semedo concluait à bout portant sur une remise de la tête d’un de ses partenaires, suite à un centre venu de l’aile droite. Le Cap-Vert s’était définitivement mis à l’abri. Et pour parachever son œuvre, il se permettait d’ajouter un troisième but, tout aussi heureux, après un cafouillage dans la surface, profitant à Stopira dans le temps additionnel.

Un "nain" à la Coupe du monde

Le coup de sifflet final retentit comme une délivrance et toute l’équipe et le staff se ruèrent sur la pelouse pour fêter une qualification historique. Une qualification plus que méritée après un parcours admirable. Après avoir raté la qualification pour la Coupe d’Afrique des Nations 2025, le Cap-Vert s’est transcendé dans cette campagne. Seulement battu au Cameroun le 8 juin 2024, il a compilé sept succès en dix rencontres, marquant 16 buts et n’en encaissant que 8. Surtout, il a tenu tête aux Lions indomptables de Bryan Mbeumo, se permettant même de les battre à domicile le 9 septembre dernier grâce à un but de Dailon Livramento (1-0). "Ces qualifications 2025 se sont mal passées mais ça nous a fait du bien. On en est là grâce à ça. Il y a eu une grosse remise en question de tout le monde", a expliqué l’ancien Toulousain Logan Costa à L’Équipe.

Comme l’Ouzbékistan ou la Jordanie, le Cap-Vert vivra donc sa première expérience en Coupe du monde à partir du 11 juin prochain. Un exploit pour un pays deux fois plus petit que la Corse et seulement peuplé de 524 000 habitants. Après l’Islande, il est le deuxième le moins peuplé à s’inviter à la grande fête du football mondial (340 000 habitants en 2018) et le plus petit en termes de superficie. Un exploit qui vient aussi récompenser la passion d’une population pour ce jeu et confirmer sa force naissante, entrevue lors de la dernière Coupe d’Afrique des Nations où il avait poussé jusqu’en quarts de finale, seulement stoppé aux tirs au but par l’Afrique du Sud (0-0, 1-2 t.a.b.). Après avoir étonné le continent, le Cap-Vert espère en faire de même avec le monde. Un scénario digne d’un film. Cela tombe bien, la prochaine Coupe du monde aura lieu au pays d’Hollywood. Le film capverdien est loin d’être fini.

Les 22 nations déjà qualifiées pour la Coupe du monde 2026 :

États-Unis, Mexique, Canada (hôtes), Argentine (tenant du titre), Brésil, Équateur, Uruguay, Colombie, Paraguay, Maroc, Tunisie, Égypte, Algérie, Ghana, Cap-Vert, Japon, Corée du Sud, Iran, Ouzbékistan, Jordanie, Australie et Nouvelle-Zélande.