Didier Deschamps a appris à composer avec les états de forme aléatoires et surtout les forfaits. Pour construire sa liste du mois d’octobre, le sélectionneur de l’équipe de France a dû faire sans Désiré Doué et Ousmane Dembélé. Un double handicap auquel se sont ajoutées les blessures de Marcus Thuram et de Bradley Barcola.

Un Mbappé plus que décisif

Son secteur offensif décimé, il s’en est remis à Kylian Mbappé face à l’Azerbaïdjan. Même avec une cheville endolorie, le capitaine tricolore a entraîné ses coéquipiers dans son sillage avec un but et une passe décisive. "Contre l’Azerbaïdjan, il a arraché les Bleus à une situation mal embarquée collectivement et on a pu voir, sur les trois derniers matchs depuis le début de saison, que sa présence rassurait autant ses coéquipiers qu’elle inquiétait les adversaires", constate Bixente Lizarazu dans sa chronique pour L’Équipe. Au cours des cinq derniers matchs de la France, l’attaquant du Real Madrid a marqué cinq fois et servi ses partenaires à quatre reprises. De quoi dessiner une certaine dépendance. Sauf que la cheville susmentionnée n’a pas tenu et, pour éviter une blessure plus grave, Kylian Mbappé a été renvoyé chez lui, à Madrid, pour se soigner.

C’est donc sans son capitaine ni la majorité de ses forces offensives que l’équipe de France est partie pour l’Islande, où elle affronte la sélection locale ce lundi 13 octobre lors de la 4e journée des qualifications de la Coupe du monde. "Le forfait de Kylian Mbappé, ce soir à Reykjavik, laisse un vide énorme à combler (…) Comment peut-on compenser son absence ? On ne peut pas. Comme, pour des raisons techniques différentes, on ne pouvait pas compenser celle de Zinédine Zidane à mon époque. Quand tu as Zidane dans ton équipe, lorsque tu es défenseur, tu sais que tu vas pouvoir relancer sur lui parce qu’il ne perdra jamais le ballon et qu’il en fera bon usage. Avec Mbappé, qui a pris la pleine mesure de ce poste d’avant-centre, c’est dans un autre registre, mais c’est réconfortant de se dire que lorsque le match est fermé, il peut te sauver, qu’il peut, sur une accélération, une fulgurance, te sortir du piège, même si l’équipe joue mal. Sans lui, c’est plus dur. Tu as moins de marge de sécurité, tu deviens plus dépendant de la prestation collective, de ton animation offensive. Il s’agit donc pour les Bleus de trouver de nouveaux circuits de passes, de s’appuyer sur un autre élan", prévient le champion du monde 1998.

Une chance à saisir

S’il estime la tâche compliquée dans ce contexte, le Basque veut aussi croire que l’absence des tauliers peut devenir une chance pour ceux qui les remplacent, encore plus à moins d’un an de la Coupe du monde 2026. "Sans lui, ce serait aussi à certains de plonger dans ce vide pour montrer qu’ils ont le niveau international. Je pense essentiellement à Hugo Ekitike et Christopher Nkunku. Peut-être Maghnas Akliouche aussi, s’il joue. Pour l’attaquant de Liverpool, l’enjeu n’est pas tant de démontrer qu’il peut devenir un titulaire à la Coupe du monde, mais qu’il a le niveau pour figurer dans la liste de Didier Deschamps, compte tenu de la concurrence en attaque. Les deux autres partent de plus loin, vu le nombre d’absents dans le secteur offensif (…) mais ils doivent également rassurer le staff des Bleus sur ce qu’ils sont capables d’apporter à la sélection", analyse-t-il, posant les enjeux d’une soirée.

Si l’attaquant de l’AC Milan et le joueur de l’AS Monaco sont pressentis pour démarrer, ce ne devrait pas être le cas de leur homologue de Liverpool. En effet, les dernières rumeurs veulent que le poste d’avant-centre soit confié à Jean-Philippe Mateta, qui a fait ses débuts internationaux vendredi dernier au Parc des Princes. Une occasion pour l’invité surprise du mois de prouver qu’il a sa place dans le collectif tricolore et n’est pas là que par un simple concours de circonstances. "En équipe de France, il ne faut jamais laisser filer l’occasion de prendre la lumière", assure Bixente Lizarazu. À eux de s’emparer de la scène en l’absence des stars et de montrer qu’eux aussi en ont l’étoffe.