Ligue Europa : L’exploit romain d’Özer et de Lille
Au stade olympique de Rome, le club nordiste a dominé l’AS Rome de Gian Piero Gasperini grâce à un but précoce d’Haraldsson mais surtout un triple arrêt sur penalty de son gardien turc Berke Özer.
Berke Özer ne défilera pas dans les rues de Lille tel un général romain revenant glorieux d’une campagne militaire dans l’Antiquité, mais il a écrit un bout de légende dans la ville éternelle et offert au LOSC une victoire finalement inespérée face à l’AS Rome, l’un des prétendants au titre en Ligue Europa.
On jouait alors la 82e minute quand Aïssa Mandi commit une faute de main dans la surface. Une erreur que tout le public romain accueillit avec fièvre. L’occasion pour les hommes de Gian Piero Gasperini de refaire leur retard, 76 minutes après l’ouverture du score d’Hákon Arnar Haraldsson. Entré en jeu quelques minutes plus tôt, Artem Dovbyk se présenta au point de penalty avec la ferme intention d’égaliser. En face, Berke Özer était seul sur sa ligne pour protéger le maigre avantage lillois. Pas vraiment encourageant au regard de sa prestation jusqu’à présent. De retour de blessure, le Turc de 25 ans n’avait pas fait preuve d’une grande sérénité, réalisant des interventions souvent hésitantes. Sauf que l’intéressé avait fait une promesse qu’il entendait bien tenir. "Avant le match, j’ai promis à ma copine de ne pas encaisser de but. Je ne m’attendais pas à le faire comme ça, mais je l’ai fait", a raconté le héros lillois de la soirée romaine.
"C’était comme un rêve"
Les minutes suivantes allaient être les siennes. Inspiré, Berke Özer sautait sur sa gauche et détournait la frappe pas assez croisée de l’attaquant ukrainien. Malheureusement, l’arbitre intervenait et demandait à retirer le penalty, car un joueur lillois, a priori Thomas Meunier, était entré trop tôt dans la surface. Les deux mêmes acteurs se firent à nouveau face. Sautillant sur sa ligne, le portier turc rejouait la même scène en plongeant à sa gauche pour s’interposer sur le tir croisé écrasé à ras de terre de la gâchette romaine. Le tour était joué, mais l’arbitre entrait à nouveau en scène et estima cette fois qu’Özer n’était pas sur sa ligne au moment de la frappe. Troisième acte : le Turc jouait toujours son rôle de dernier rempart, mais le "pétard mouillé" ukrainien, en crise de confiance, avait cédé sa place à Matías Soulé. Le gaucher italien changea de zone de tir et expédia son ballon à gauche en ouvrant son pied. Le gardien lillois avait tout anticipé et se déploya sur sa droite pour écarter une troisième fois le danger. Trois minutes s’étaient écoulées et Berke Özer avait détourné trois penalties de suite, réalisant un exploit hors norme. "Personne ne peut s’attendre à sauver trois penalties, c’était comme un rêve (…) Le premier, je savais que je pouvais le sauver, mais les deux suivants, c’était un peu étrange. Ils ont validé mon troisième arrêt, mais j’aurais pu encore en sauver", a réagi l’ancien gardien d’Eyüpspor, club d’Istanbul d’où il a débarqué cet été.
Si l’intéressé avait du mal à saisir la portée de sa performance, lui qui assure ne pas être un spécialiste de l’exercice, Bruno Genesio avouait sa surprise et saluait l’acte de naissance du successeur de Lucas Chevalier, parti au Paris Saint-Germain. "Lorsque vous passez derrière l’un des meilleurs gardiens français, ce n’est pas simple à assumer, surtout pour un jeune gardien méconnu, qui change de pays, de langue, mais aussi d’habitudes d’entraînement dans les charges de travail notamment. Ce qu’il a fait dans un tel match de coupe d’Europe, c’est assez exceptionnel. Personnellement, c’est la première fois que je vois ça. J’espère que ça va lui donner beaucoup de confiance et beaucoup de force pour continuer à travailler", a déclaré le technicien lillois, qui continue d’accrocher le scalp des meilleurs entraîneurs européens à son tableau de chasse, ajoutant Gian Piero Gasperini à une collection comptant déjà Carlo Ancelotti, Diego Simeone, Pep Guardiola et José Mourinho.
Périlleux, ce voyage à Rome aura permis d’affirmer les ambitions lilloises en Ligue Europa, de prouver au LOSC qu’il peut rivaliser avec les meilleurs et qu’il peut compter sur un gardien capable d’exploits. Une soirée réussie que Berke Özer n’est pas près d’oublier.