Cette saison avait tout d’un piège. Débarqué en juin dernier, Arne Slot prenait la succession de Jürgen Klopp, devenu en neuf saisons une légende adulée de Liverpool, au même titre que Bill Shankly et Bob Paisley, dans un championnat qu’il ne connaissait pas et réputé pour sa concurrence exacerbée. Sans compter qu’aucun renfort n’est venu durant le mercato estival. Tout était réuni pour que l’ancien technicien de Feyenoord se plante ou du moins vive une acclimatation compliquée. "Tout ça, ce sont des excuses pour les équipes qui ne gagnent pas le championnat, et c’est encore plus plaisant de les avoir et de ne pas avoir à s’en servir, justement parce que vous avez gagné", s’est amusé Arne Slot dans une interview accordée à BBC Sport.

Pas une question de chance

Le Néerlandais n’a en effet pas eu à brandir telle ou telle excuse. Il n’en a pas eu besoin. S’appuyant sur le travail fait par son prédécesseur, il a apporté sa vision et fait adhérer son groupe à ses idées pour créer une alchimie assez forte pour soumettre la concurrence. Porté par un Mohamed Salah en lévitation, Liverpool a fait preuve d’une régularité impressionnante pour creuser un écart qui lui a permis d’être sacré plus d’un mois avant la fin du championnat. "Nous avons peut-être eu un peu de chance que City ait connu - pour la première fois en cinq ans - une période difficile. Mais nous avons également fait partie de cette période difficile, car nous les avons battus à domicile [alors] qu'ils avaient déjà perdu quelques matchs... et que nous n'en avions pas, et c'est ce dont vous avez besoin lorsque vous voulez gagner un championnat comme celui-ci. Vous ne pouvez pas avoir une longue période de matches où vous perdez des points", a-t-il exposé au média britannique.

Avec 83 points, Liverpool présente toutefois un total inférieur à ceux des récents champions. Mikel Arteta l’a d’ailleurs souligné, rappelant qu’Arsenal avait glané 89 et 84 points lors de deux saisons précédentes mais fini deuxième. Une pique dont s’est joué le Néerlandais. "En Ligue des champions, en Coupe d'Angleterre, en Coupe du monde, il s'agit d'être au bon moment au bon endroit. Dans une saison aussi longue, c'est normalement la meilleure équipe qui remporte le championnat (…) On peut atteindre une finale avec de la chance, mais on ne peut jamais gagner un championnat avec seulement beaucoup de chance", a-t-il répliqué, pensant peut-être au parcours des Gunners en Ligue des champions où ils ont atteint les demi-finales avant de buter sur le Paris Saint-Germain.

Malheureux au tirage

Un adversaire qui avait d’ailleurs barré la route aux Reds dès les huitièmes de finale. Un coup d’arrêt qui a marqué Arne Slot. "Nous avons eu la malchance de tomber contre le PSG en mars parce que dans ce pays (l’Angleterre, ndlr), il n’y a pas de pause à Noël. Nous avons donc dû jouer de novembre à mars avec tous ces matchs contre le Real Madrid ou (Manchester) City… Tous ses matchs compliqués en milieu de semaine. Et à la fin de cette période, nous avons dû jouer une équipe qui pouvait être aussi intense que nous mais qui avait eu une pause à Noël. Si nous les avions joués en avril, nous aurions pu mieux faire", a détaillé le manager du club anglais.

Un peu de malchance qui a obligé Liverpool à remiser à plus tard ses rêves européens face au futur finaliste de l’épreuve et à se concentrer sur ce championnat si dur à conquérir. De nouveau maîtres de l’Angleterre, les Reds et Arne Slot peuvent savourer cet exercice qu’ils refermeront dimanche à Anfield contre Crystal Palace. Un avant-goût de la saison 2025-2026 puisque les deux clubs se retrouveront avant la reprise du championnat pour se disputer le Community Shield.