Premier League : Le pas en arrière de Manchester United
Bien qu’en supériorité numérique pendant plus de 75 minutes, les Red Devils ont chuté à domicile contre Everton (0-1) au bout d’une soirée qui semble les avoir ramenés à leur travers passé comme l’a estimé Gary Neville dans son podcast.
Gary Neville a souffert hier soir. Ancienne gloire de Manchester United où il a été formé et a passé toute sa carrière professionnelle, y disputant 600 matchs toutes compétitions confondues, celui qui officie à présent comme consultant pour Sky Sports a vu les Red Devils se planter en beauté à Old Trafford face à Everton en clôture de la 12e journée de Premier League.
Alors qu’ils avaient l’occasion de se rapprocher du podium, les locaux se sont sabordés, qui plus est face à une équipe réduite à 10 dès la 13e minute après l’expulsion invraisemblable d’Idrissa Gueye, coupable d’avoir frappé un de ses coéquipiers. "C'était loin d'être suffisant. Ce fut une très mauvaise soirée pour Man Utd, c'était même embarrassant par moments. Oubliez les blessures de (Benjamin) Šeško et (Matheus) Cunha, il n'y a aucune excuse. Je ne veux absolument pas en entendre parler. Everton les a dominés à 11 et à 10, d'une manière différente, mais ils les ont dominés par leur combativité et leur esprit", a durement commenté l’ancien défenseur dans son podcast.
Un naufrage tactique
Pour lui comme pour de nombreux autres observateurs, Manchester United s’est déjà fourvoyé dans son approche tactique. Pour cette rencontre, Ruben Amorim avait décidé d’aligner une défense à cinq avec trois centraux et deux pistons. Un schéma qui n’a pas bougé même quand son équipe s’est retrouvée en supériorité numérique. Pire, elle n’a pas su changer de rythme à l’image de Luke Shaw, pris en grippe par Gary Neville pour ses remontées de balle au petit trot. "J'ai un peu plus de sympathie pour Yoro, mais Shaw ? C'est une perte de temps. Je m'en fiche. C'est une perte de temps. Ça ne trompe personne. Je ne l'accepte pas. Ruben Amorim doit répondre à une question. Faire entrer Dalot devant Shaw ? Je ne comprends pas vraiment. Vous avez cinq joueurs en défense, pourquoi ? Ils ne gagnent toujours pas le premier ballon ni le deuxième. C'est embarrassant. Ça devrait être comme à Alamo. Des passes très rapides, à un rythme soutenu, d'un côté à l'autre, en allant dans les bonnes zones larges, en faisant des centres, en mettant des joueurs en attaque, en soutenant les attaques. C'est très lent de la part de United. Il n'y a aucune présence dans la surface", pestait en direct l’Anglais, incrédule.
Une analyse partagée par Jamie Carragher. "C'est une mauvaise soirée pour l'entraîneur. Il restait encore beaucoup de temps à jouer dans ce match après qu’Everton, réduit à 10 joueurs, ait pris l'avantage. Je ne comprends pas comment on peut s'obstiner à maintenir une telle stratégie dans une situation comme celle-là, alors qu'il n'y a pratiquement qu'un seul attaquant (adverse, ndlr) qui ne joue pas vraiment en attaque, et qu'il n'est pas nécessaire d'aligner trois joueurs à ce poste", a relevé l’ancien défenseur de Liverpool sur Sky Sports. "C'est l'un de ces moments où je pense que beaucoup de gens vont vraiment remettre en question le manager après cette défaite. Ils vont regarder les joueurs, et nous savons que les joueurs devraient faire mieux, mais le manager va endosser une grande partie de la responsabilité de cette défaite", a-t-il ajouté.
Un excès de suffisance ?
Plus que l’aspect tactique, Gary Neville n’a pas pardonné l’état d’esprit affiché par la bande de Ruben Amorim. "On ne peut pas passer de la combativité affichée lors de certains matchs à ça. Ça mine la confiance, ça mine la crédibilité (…) Les supporters ont hué en chœur à la fin. C'était bruyant, et à juste titre. C'était une prestation vraiment médiocre. C'est comme si on avait fait deux ou trois pas en avant, que tout le monde se sentait un peu mieux, et qu'on était tout simplement revenu à la case départ. On peut perdre des matchs de football, mais on ne peut pas les perdre comme ça. C'est loin d'être suffisant, c'est inacceptable", a jugé Gary Neville, passablement énervé par le spectacle auquel il a assisté du côté de Manchester.
D’humeur massacrante, l’ex-latéral droit aux 85 sélections avec l’Angleterre a prévenu du danger qui guette les Red Devils s’ils continuent sur cette voie. "Ça sentait la suffisance. Ils n'étaient pas à la hauteur dès le début. C'est un mauvais coup dur pour United. Je pense qu'ils ont été bien meilleurs ces dernières semaines. Cela nous ramène probablement au match à l'extérieur contre Brentford", a-t-il indiqué avant de se montrer sentencieux : "C'est la suffisance, et la suffisance vous tuera. Dès l'instant où vous pensez, en tant que footballeur, qu'il suffit d'arriver sur le terrain et que vous êtes Manchester United, ou n'importe quel autre club, que vous pouvez jouer, c'est fini pour vous."
Trop sûrs d’eux, les coéquipiers de Bruno Fernandes ont renoué avec la défaite, compagne oubliée depuis le 27 septembre dernier, et ont réveillé leurs anciens démons. Manchester United n’avait perdu aucun des 46 derniers matchs de Premier League qu’il avait disputés contre une équipe réduite à 10 (36 victoires et 10 nuls). Un fait peu glorieux pour une formation retombée à la 10e place au classement.









