Il est souvent périlleux d’affirmer que tout est fini alors qu’il reste encore la moitié du chemin à parcourir. Mais à l’aube du huitième de finale retour opposant les deux géants d’Allemagne, le Bayern Munich a pris une option plus que significative sur la qualification.

En effet, la semaine dernière, les Bavarois et Harry Kane ont imposé leur loi à domicile et se sont offert un matelas de trois buts (3-0). De quoi voir venir au moment de se présenter à la BayArena de Leverkusen. Pour autant, le Werkself n’a pas dit son dernier mot. "Parfois, dans une situation aussi grande et difficile, on peut faire quelque chose d'épique (…) Nous le ferons ou nous ne le ferons pas. Nous ne le savons pas, mais nous devons y croire", a clamé Xabi Alonso à la tribune lors de sa conférence de presse hier. L’Espagnol veut croire que son équipe peut renverser la montagne bavaroise et réaliser un de ces exploits que l’on raconte aux générations futures.

L’histoire européenne en est jalonnée à l’image du Paris Saint-Germain, bourreau du Real Madrid en Coupe des vainqueurs de Coupes (C2) en 1993 (1-3 à l’aller et 4-1 au retour) avant d’être du mauvais côté en Ligue des champions en 2017 contre le FC Barcelone (4-0 à l’aller et 1-6 au retour). Ces mêmes Catalans avaient été deux fois victimes d’une folle remontée de leurs adversaires en 1984 en C2 quand Metz était venu gagner 4-1 au Camp Nou après un revers 2-4 en Lorraine, puis en 2019 en C1 face à Liverpool (3-0 à l’aller et 0-4 au retour).

Le souvenir de Berbatov et França

Quelques exemples parmi tant d’autres dont Lukáš Hrádecký et ses partenaires chercheront à s’inspirer pour faire vivre une soirée inoubliable à leurs supporters et poursuivre leur campagne européenne. La tâche s’annonce néanmoins ardue pour Leverkusen face à un adversaire qui le connaît si bien et sur qui il possède un certain ascendant psychologique et historique. S’il n’avait jusqu’à la semaine dernière jamais perdu contre l’ogre munichois depuis la prise de pouvoir de Xabi Alonso en octobre 2022, le champion d’Allemagne a rarement brillé contre le leader de la Bundesliga avec un bilan très défavorable de 22 victoires pour 61 défaites (et 20 nuls).

Surtout, rares ont été les larges succès du Werkself face aux Bavarois. Il faut ainsi remonter 21 ans en arrière pour trouver trace d’une victoire avec trois buts d’écart. Ce 28 août 2004, Dimitar Berbatov et França avaient pris les choses en main, inscrivant chacun un doublé assorti d’une passe décisive (4-1). Quatre autres fois dans son histoire, Leverkusen a gagné avec une telle marge (5-2 en 1997, 3-0 en 1981, 1984 et 1986, ndlr). Autant d’exemples que la bande de Xabi Alonso devra suivre pour au moins accrocher la prolongation avec la difficulté d’y parvenir en l’absence de son maître à jouer Florian Wirtz, touché à la cheville. "C'est le bon moment pour montrer que nous sommes une équipe complète et que nous pouvons gagner même sans Flo", a soutenu l’Espagnol. Aussi improbable que cela puisse paraître, Leverkusen a 90 minutes pour prouver le contraire et rendre sa soirée épique.