Les entraîneurs ont trop souvent l’habitude de souligner les petits couacs d’un match, de s’attarder sur les défauts, ce qui peut être améliorer. Hier soir, Bruno Genesio n’avait pas ce souci du détail, l’esprit sans doute ailleurs, encore occupé à dérouler le film d’une soirée hors norme. Il faut dire que Lille a fait les choses bien, plus que bien même. Pour sa dernière à domicile dans cette phase de ligue, les Dogues avaient décidé de mordre dans la rencontre avec dans l’idée de jouer le coup à fond contre Feyenoord. En effet, forts de leur excellent parcours jusque-là, les Nordistes pouvaient espérer intégrer le Top 8 et s’ouvrir la voie des huitièmes de finale à condition d’un scénario favorable.

"Juste incroyable"

La première condition était cependant de l’emporter face aux Néerlandais, qui la semaine passée avaient joué un sale tour au Bayern Munich (3-0). Une formalité pour Rémy Cabella et ses partenaires. Après une première période équilibrée, les locaux se déchaînèrent lors du second acte devant leur public et firent exploser la défense adverse, notamment Gernot Trauner. L’international autrichien est entré dans l’histoire bien malgré lui en devenant le premier défenseur, d’après les statistiques tenues par Opta, à inscrire deux buts contre son camp dans un même match européen. Quatre buts marqués en l’espace de 23 minutes entre la 57^e et la 80^e pour un total de six au coup de sifflet final. "L’objectif principal était de gagner, ce que l’on a fait avec un écart de buts important. On termine cette phase de ligue de la plus belle des manières. C’est une grande, très grande satisfaction pour mes joueurs, mon staff. Cela récompense tout le travail qui a été fait (…) On fait ce métier pour vivre ce genre de moments, d’émotions", appréciait après coup Bruno Genesio, fier du visage présenté par ses joueurs.

"C’est juste incroyable. Ce que l’on a réalisé ce soir (mercredi), ce n’était pas facile. Il ne faut pas oublier qu’ils (le Feyenoord) ont mis trois buts au Bayern Munich la semaine dernière. On a joué comme on le fait depuis le début de la saison. On ne s’est pas posé de questions. Je ne peux que féliciter l’équipe, être fier de toute l’équipe, que ce soit ceux qui étaient sur le terrain ou ceux qui n’étaient pas là. C’est le résultat de tout un groupe, de tout un club, de tout le monde", n’en revenait pas de son côté Rémy Cabella, auteur d’un but et d’une passe décisive, au micro de Canal+.

Une qualification méritée

Plus que le simple résultat brut, c’était tout une soirée que Bruno Genesio voulait retenir. "Le match parfait ? Oui, du moins si le match parfait existe, parce que je ne suis pas sûr que cela existe. En tout cas, la soirée a été parfaite. On a gagné ce match. La seule chose que l’on pouvait maîtriser. Ensuite, les résultats nous sont favorables. On va en huitièmes de finale. Enfin, je retiens la communion avec le public, la joie de tout le monde", embrayait le technicien nordiste au comble de la joie.

Car en s’imposant aussi largement et à la faveur des autres résultats de la soirée, Lille a grimpé de la 12^e à la 7^e place. "Après le tirage, il était difficilement envisageable de penser que l’on pouvait terminer à une telle place (7e). On avait cette envie d’être dans les 24, on l’ambitionnait. On savait que l’on pouvait le faire, mais de là à avoir 16 points et terminer septièmes…, avouait-il en souriant. Surtout quand on voit notre groupe qui était l’un des plus difficiles avec celui du PSG. Peu de gens auraient pu le croire, mais c’est mérité", jugeait l’ancien entraîneur de l’Olympique Lyonnais tout heureux de s’éviter deux matchs supplémentaires en barrages. Il faut dire que le LOSC n’a pas seulement profité de circonstances favorables et est allé chercher sa place parmi les huit meilleurs de cette phase de ligue sur le terrain, battant notamment les deux géants de Madrid, le Real (1-0) et l’Atlético (3-1). De quoi donner une idée de la qualité du groupe lillois cette saison. "Ce groupe est très bien préparé athlétiquement aussi. On voit que l’on est très au point dans ce domaine malgré l’enchaînement des matchs. Et puis, on a aussi un peu de réussite de temps en temps. Il en faut dans le foot de haut niveau", conclut Bruno Genesio qui attend à présent de savoir ce que le tirage au sort de vendredi lui réservera à lui et au LOSC. En huitièmes de finale, ils devront affronter l’une de ses quatre équipes : Borussia Dortmund, Sporting, Atalanta Bergame ou Club Brugge. Rien d’effrayant pour ces Dogues affamés.