Clément Noël a l’art de savoir soigner ses retours au sommet. Champion olympique à Pékin au coeur d’une saison 2021-2022 compliquée, le skieur français a mis fin à une traversée du désert plus longue encore cette saison. Noël aura attendu 664 jours avant de retrouver la saveur de la victoire en Coupe du monde, le 17 novembre dernier, à Levi, pour le premier slalom de 2024-2025. Deux mois plus tard, le Vosgien est redevenu un candidat au rang de meilleur du monde entre les piquets.

Le skieur de Val-d’Isère sort d’un nouveau triomphe samedi dernier en l’emportant à Abelboden, un des slaloms les plus exigeants de la saison, et ce malgré des conditions qui n’ont eu de cesse de se dégrader en deuxième manche. Dans la purée de pois, Noël a su forcer sa nature, faisant preuve de davantage d’engagement. 

"Franchement, je me voyais derrière quand j'étais dans la manche, a-t-il pourtant assuré à Eurosport. Je savais que j'avais fait une partie haute plutôt correcte, mais je n'avais pas des sensations folles et dans le mur j'ai fait une grosse faute, j'étais tout en dessous. Je me suis dit que c'était fini, j'ai essayé de finir du mieux que je pouvais. Et quand je vois du vert, je suis surpris ! Je me dis que c'est bon pour le podium, je suis hyper content. Je pensais que ça pouvait passer devant mais bon voilà, c'était un combat pour tout le monde, c'était dur pour tout le monde... Ouais, c'est génial !"

Abelboden, "un des derniers classiques" conquis par Noël

Cette victoire a d'autant plus de sens pour le Tricolore qu'elle intervient après ce qui aurait pu mettre à mal la suite de sa saison, une grosse chute lors du géant à Val d’Isère mi-décembre, qui lui avait fait manquer le slalom du lendemain et lui avait laissé une entorse ligamentaire à une cheville qu'il traîne depuis. Si Clément Noël assure que la blessure n'est plus une contrainte en course, retrouver le chemin du succès vu les circonstances et le décor rend l'exploit plus fort encore.

"J'avais à coeur de bien faire à Adelboden, c'est l'une des dernières classiques que je n'avais pas gagnées" s'est-il félicité à Eurosport, avant d'insister, en conférence de presse : "Quand tu gagnes ici, c'est hyper important, ça me tenait à cœur, car ça montre que tu as survécu à quelque chose de pas facile."

Il n'en fallait pas moins pour signer la troisième victoire de son hiver en cinq slaloms disputés, la 13e de sa carrière, l’égal de Jean-Noël Augert comme le slalomeur français le plus victorieux en Coupe du monde de l’histoire du ski français. Et une de plus que la légende Luc Alphand. De retour à son meilleur niveau, l'objectif doit désormais être clair : le petit globe de cristal de la spécialité, enfin. Deuxième en 2019, 2020 et 2021, Clément Noël avait notamment échoué d’un souffle dans sa quête en 2021, à deux petits points du Norvégien Henrik Kristoffersen avant de voir le Covid-19 mettre un terme prématuré à la saison.

Le meilleur début de saison de sa carrière

Après une seule victoire en 2022-2023, puis aucune en 2023-2024, Clément Noël a fait mieux que reprendre son rythme de croisière. Avec ses trois bouquets déjà en 2024-2025, il a égalé son meilleur total sur une seule saison établi en 2019 et 2020. Et à mi-saison, avec six des douze slaloms disputés, il est sur des bases bien supérieures, un rythme à 680 points inscrits en fin de saison, contre des meilleures exercices jusque-là entre 550 et 553 unités.  "Ce n’est pas parce que j’ai gagné à Adelboden que les compteurs ne sont pas remis à zéro. Même si je sais que je suis plutôt en confiance. Cette année, quand je skie à mon meilleur niveau, ça se passe bien. J’arrive sur des pistes et des courses que j’affectionne particulièrement. Pour l’instant, le bilan du début de saison est génial" a-t-il résumé samedi dernier.

Place maintenant à Wengen dimanche, là où Clément Noël avait signé sa première victoire en 2019, juste après – déjà – une superbe performance à Adeboden (2e, premier podium en carrière). La station suisse tient une place spéciale dans le palmarès du Vosgien, l’une des deux seules pistes – avec Chamonix - sur laquelle il s’est imposé à deux reprises dans sa carrière (2019 puis le doublé en 2020). Elle intervient au milieu d'un mois de janvier démentiel avec cinq slaloms au programme et l'enchaînement des mythes Abelboden – Wengen – Kitzbühel, qui pourrait s'avérer décisif autant sur un plan comptable que psychologique.

"L'enchaînement des courses me fera plutôt du bien qu'autre chose, estimait le skieur de 27 ans à Ski Chrono avant Adelboden. Quand on est dans une bonne dynamique, c'est encore mieux parce qu'on n'a pas besoin encore une fois de se poser mille questions et on a juste à surfer sur cette vague-là."

Clément Noël n'est pour le moment devancé que par Henrik Kristoffersen au classement de la Coupe du monde de slalom. Le Norvégien compte 35 points d'avance grâce à sa régularité métronomique (toujours dans le Top 6 depuis le début de saison). Mais à l'image du Suisse Loïc Meillard, remarquable en début de saison avant de sortir dès la première manche à Abelboden, une erreur et le reste de la meute ne manquera pas d'en profiter. Et Clément Noël en est actuellement à la tête.