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Paco Rassat, le nouvel espoir du slalom français pour Milan-Cortina
Vainqueur du dernier slalom à Gurgl, le premier de sa carrière, Paco Rassat va disputer dimanche l'épreuve de Val d-Isère, en France, avec le dossard rouge de leader de la spécialité au classement de la Coupe du monde.
Le slalom français ne manquait pas de champions dans sa riche histoire. Des pionniers Jean-Claude Killy ou Jean-Noël Augert, à Jean-Baptiste Grange, Alexis Pinturault ou Clément Noël plus récemment, c'est la spécialité phare du ski tricolore. On n'aurait peut-être pas imaginé Paco Rassat s'inscrire dans cette lignée de la sorte. Le Savoyard est pourtant bien devenu le 17e Bleu à triompher sur un slalom en Coupe du monde, le 22 novembre à Gurgl. C'est en qualité de leader de la spécialité au classement de la Coupe du monde que Rassat va disputer dimanche le slalom de Val d'Isère, devant le public français.
Le natif de Chambéry n'est pas à un paradoxe près. Voir un skieur lever les bras pour la première fois à 27 ans ressemble à une révélation sur le tard sur le circuit de la Coupe du monde. Paco Rassat vit pourtant une ascension vitesse grand V, moins de deux ans seulement après avoir remporté ses premiers points en Coupe du monde, le 14 janvier 2024. "Pac" a la neige dans son ADN, lui qui a grandi "à 200 mètres des pistes" aux Aillons-Margériaz, petite station où son père Yann est entraîneur de ski. Mis sur les skis "à 16 mois" expliquaient ses parents au Dauphiné Libéré, le slalomeur n'en a pas moins connu les chemins de traverse, sans passer par exemple par le pôle France, la voie royale pour la formation des jeunes talents de l'alpin.
De 37e mondial à vainqueur en 18 mois
Longtemps gêné par des problèmes de dos qui l'ont contraint à mettre de côté le géant, Paco Rassat l'a aussi longtemps été, et l'est toujours, par sa tête. Tenace, loué pour sa capacité de travail par le staff de l'équipe de France, il ne lui manque pour ainsi dire que de croire en lui. "Il n'a pas de défaut" techniquement disait de lui Kevin Page, responsable du groupe technique de l'équipe de France, à Eurosport. Passé de 37e à 23e mondial en 2025, il ne lui restait plus qu'à y croire.
"Paco, il a sûrement eu, par moments, un peu des manques de confiance en lui" ajoutait Page. "Parfois, quand il faisait des résultats, il n'était pas assez capable de capitaliser sur ce qu'il faisait de bien. Il fallait souvent lui rappeler que, quand il faisait bien, c'était juste une normalité, pas un exploit." Comme son premier Top 10 en Coupe du monde la saison dernière, sur l'exigeante piste de Wengen. Puis cette victoire, aussi son premier podium, à Gurgl, dès le deuxième slalom de la saison.
Pour Rassat, c'est une forme de continuité après avoir signé en ouverture de cet exercice ce qui était alors son meilleur résultat en Coupe du monde, une sixième place à Levi, après avoir signé le meilleur chrono d'un des entraînements. "Je savais que je pouvais skier vite, notamment à l’entraînement." a-t-il admis à Eurosport. "Mais l’entraînement et les courses, ce n'est pas la même histoire. Tout est possible en ski alpin au départ d'une course, tout le monde peut faire un gros résultat, peut-être même gagner."
Une manche de rêve à Gurgl
14e de la première manche à Gurgl à 0"85 du Norvégien Atle Lie McGrath, Paco Rassat n'avait d'autres choix que de se lâcher pour espérer grimper dans une hiérarchie très resserrée. "Si je commence à mettre une pression sur le résultat, c'est là où je vais peut-être skier un peu plus crispé" assurait-il à Eurosport. Après un haut de parcours un peu heurté en deuxième manche, le Savoyard a déroulé son ski élégant, tout en technique et en fluidité. Sept dixièmes d'avance à l'arrivée, près de trois sur son plus proche poursuivant dans cette manche… Rassat a mis une claque à tous ses adversaires.
"Ma course à Levi m'a aidé à prendre du plaisir et à profiter aujourd'hui, mais de là à gagner, je ne pouvais pas imaginer ça" assurait-il, encore halluciné par son propre exploit. "Les émotions sont assez folles, parce que de savoir qu'on est dans une course serrée et d'allumer du vert avec 70 centièmes d'avance, c'était déjà dingue. Mais de là à remonter plus d'une dizaine de places jusqu'à la victoire, je ne m'y attendais pas du tout. C'est vraiment une sensation de fou."
Leader devant le public français
"Un rêve qui s'est réalisé" a-t-il ajouté mercredi lors d'un point presse avant la prochaine épreuve, dimanche à Val d'Isère. "Pac" a bien choisi son timing pour exploser, juste avant l'étape française du calendrier. Il la disputera avec le dossard rouge de leader du slalom au classement. "C'est un truc de fou", avait-il répété à ce sujet à RMC Sport après sa victoire à Gurgl. "Je n'ai jamais porté de dossard de leader de ma vie, que ce soit en course régionale, en courses plus jeunes, en coupe d'Europe… Et je vais porter celui de la Coupe du monde, c'est un sentiment particulier."
Paco Rassat doit désormais gérer une nouvelle pression, celle d'être attendu au tournant. "Il faut tourner la page, Val d’Isère ce sera une autre course" envisageait-il déjà mercredi avec le statut de nouvelle attraction. "L’avant-course sera différente. Je vais essayer d’en profiter. Je repars d’un tableau blanc." Mais pas complètement non plus dans l'inconnu, sur une piste qu'il connaît très bien… Et qui ne lui a pas franchement réussi jusque-là chez les professionnels (non-qualifié pour la deuxième manche en 2022, abandon dès la première manche la saison dernière). "Je vais essayer de vaincre la malédiction", disait-il dans un sourire face à la presse. "Maintenant, il faut confirmer."
Il pourra pour cela puiser sur son succès récent et son travail de préparation mentale, effectué depuis des années avec un spécialiste pour sortir de sa torpeur. "En exécutant certains gestes, j’arrive à me replonger dans une compétition qui s’est bien passée" avait-il expliqué à la Police Nationale, qu'il a rejoint cette année comme réserviste, évoquant des exercices de visualisation. Peut-être pourra-t-il bientôt se voir comme athlète olympique, lui qui devrait être de la partie pour les Jeux olympiques de Milan-Cortina en février prochain vu sa forme. Il y sera un vrai outsider aux côtés de son partenaire d'entraînement et modèle, le tenant du titre Clément Noël.











