Favoris, parcours, Français… Le guide du Giro 2024
Le Tour d'Italie débute ce samedi pour trois semaines depuis la banlieue turinoise jusqu'à Rome, pour une 107e édition marquée par la présence de Tadej Pogacar au départ.
Qui succèdera à Primoz Roglic ? Alors que le Slovène n'est pas au départ pour défendre sa couronne, le Tour d'Italie 2024 s'annonce ouvert. Un nom se dégage et est sur toutes les lèvres dans le peloton, celui de Tadej Pogacar. Mais il n'est pas le seul à pouvoir prétendre faire le spectacle sur ce Giro 2024 un peu moins montagneux que ces dernières années. De quoi donner plus de chance aux audacieux ?
Les favoris : Pogacar et une foule de prétendants
Comme partout où Tadej Pogacar (UAE Emirates) court, le Slovène sera l'homme à battre de ce Tour d'Italie 2024. Le vainqueur des Tour de France 2020 et 2021 est déjà dans une forme exceptionnelle, avec son succès récent sur Liège-Bastogne-Liège, après avoir conquis le Tour des Catalogne avec quatre étapes sur les sept au programme, et les Strade Bianche. Si "Pogi" ne sera dépaysé des routes vers Sienne, qui seront en partie empruntées lors de la 6e étape, il va disputer le Giro pour la première fois de sa carrière. De sa découverte et ses risques, à une condition qui restera à éprouver sur trois semaines alors qu'il n'a cumulé que peu de jours de course en 2024, Pogacar n'a pas pour autant course gagnée avant l'heure dans sa poursuite du doublé Tour d'Italie – Tour de France. Demandez à Remco Evenepoel, contraint à se retirer après la 9e étape avec le maillot rose sur les étapes mais positif au Covid-19.
La chasse pour faire chuter Pogacar pourrait ressembler à un tous contre un. Les candidats au podium final, voire mieux sont nombreux malgré les absences de plusieurs cadors comme Primoz Roglic, Remco Evenepoel ou encore Wout van Aert. Battu pour 14 petites secondes l'an passé après avoir perdu la tête du classement général la veille de l'arrivée, Geraint Thomas (Ineos Grenadiers) aura à cœur d'oublier sa déception. Il sera notamment entouré du Néerlandais Thymen Arensman, 6e l'an passé et en progression sur les courses par étapes, à 24 ans, et le local Filippo Ganna.
5e en 2021 et de nouveau leader d'une formation après son passage chez Ineos Grenadiers, le Colombien Daniel Felipe Martinez (BORA – hansgrohe) sera un client sérieux en altitude. Vainqueur des trois grands Tours la saison passée, Visma | Lease a bike misera sur sa recrue-phare de l'intersaison, la sensation belge Cian Uijtdebroeks, vainqueur du Tour de l'Avenir en 2022 et 8e de la Vuelta il y a quelques mois pour son premier Grand Tour. Même constat pour Ben O'Connor (Decathlon – AG2R La Mondiale), de retour sur le Tour d'Italie quatre ans après et auteur d'un très bon début de saison (2e du Tour des Alpes et du Tour des Emirats Arabes Unis, 5e de Tirreno-Adriatico). Le vétéran italien Damiano Caruso (Bahrain – Victorious) ne semble pas touché par le temps, lui qui avait fini au pied du podium en 2023 à 36 ans.
Parmi les curiosités de la liste de départ, ce Giro verra le retour de Nairo Quintana (Movistar), après une saison blanche et un contrôle positif sur le Tour de France 2022. Le plateau des sprinteurs est lui aussi intéressant avec six étapes au minimum qui leur semblent promises. Les Néerlandais Olav Kooij (Visma | Lease a bike) et Fabio Jakobsen (Team DSM-firmenich PostNL), le Belge Tim Merlier (Soudal – Quick-Step), ou encore les Australiens Kaden Groves (Alpecin – Deceuninck) et Caleb Ewan (Team Jayco AlUla) tenteront de devancer le vainqueur du classement à points de la saison passée, l'Italien Jonathan Milan (Lidl-Trek).
Les Français : Romain Bardet en embuscade, l'interrogation Julian Alaphilippe
Et si Romain Bardet refaisait le coup de Liège-Bastogne-Liège le 21 avril dernier ? Le Tricolore de la Team DSM-firmenich PostNL avait terminé "meilleurs des autres", à bonne distance de Tadej Pogacar. Moins attendu qu'il y a quelques saisons parmi le gratin, le coureur de 33 ans n'en affiche pas moins une très belle forme pour arriver sur des routes qu'il affectionne. Septième du général en 2021, il aurait pu espérer monter sur le podium l'année suivante avant de devoir abandonner, malade. Il figure cette fois parmi les outsiders pour les places d'honneur, et des victoires d'étape en montagne.
Parmi les autres Français à même de se mêler à la course au Top 10, Aurélien Paret-Peintre (Decathlon – AG2R La Mondiale), lui aussi en vue à Liège (5e) signerait sans doute pour une édition aussi réussie qu'en 2023 avec une victoire d'étape et une quinzième place au classement général. Difficile en revanche de situer Julian Alaphilippe (Soudal – Quick-Step) au palmarès XXL mais qui marque le pas depuis deux ans. Le double champion du monde a couru les classiques blessé mais a montré quelques signes encourageants lors du dernier Tour de Romandie la semaine dernière. Aller chercher des étapes "au plaisir" pourrait davantage lui correspondre.
Après neuf Tours de France, Christophe Laporte (Visma |Lease a bike) va pour sa part s'essayer aux routes italiennes pour la première fois et aura pour principal objectif de servir de rampe de lancement au finisseur maison Olav Kooij.
Le parcours : moins de sommets, plus d'incertitude ?
L'escalade des parcours toujours plus sélectifs dans les Grands Tours ces dernières saisons est mise sur pause le temps de ce Tour d'Italie 2024. Les 21 étapes entre Veneria Reale et Rome offrent moins de difficulté que les dernières éditions. Sept arrivées au sommet sont toutefois à dénombrer, avec deux contre-la-montres : la 7e étape (37,2 km) et la 14e étape (31 km).
Il faudra sans doute attendre la 8e étape pour voir les leaders se montrer, avec l'arrivée sur le Prati di Tivo, un classique de Tirreno-Adriatico, qui pourrait faire mal en fin de première semaine (14,6 km à 7%). Il faudra ensuite patienter la 15e étape vers Livigno – 220 kilomètres avec trois cols de première catégorie au programme – et plus encore la 17e étape, plus courte mais plus nerveuse vers le Passo del Brocon, pour décanter la hiérarchie.
A moins que les écarts restreints de l'an passé entre Primoz Roglic et Geraint Thomas n'incitent à la prudence, et à tout miser sur la 20e et avant-dernière étape avec deux passages du Monte Grappa et près de 30 kilomètres de descente piégeuse pour couronner le futur vainqueur. A noter que la Cima Coppi, le point culminant de ce Giro, le très attendu Stelvio (2578 mètres) a été un peu escamotée, placée loin de l'arrivée de la 16e étape