- Accueil >
- Cyclisme >
- Paris - Roubaix : qu'est-ce qui pourrait priver Mathieu Van der Poel d'un doublé ?
Paris - Roubaix : qu'est-ce qui pourrait priver Mathieu Van der Poel d'un doublé ?
Vainqueur de Paris-Roubaix l'an passé, mais aussi du Tour des Flandres dimanche dernier, Mathieu van der Poel peut entrer un peu plus dans les annales du cyclisme en cas de doublé(s).
Il se savait attendu, Mathieu Van der Poel n'a pas déçu. Dimanche dernier, le 31 mars, le Néerlandais a survolé le Tour des Flandres, assumant avec brio son statut de favori. "MVDP" a réussi une performance énorme en s'envolant seul loin de l'arrivée pour terminer vélo brandi à la foule sur la ligne d'arrivée. Une démonstration de force, pour graver un peu plus son nom parmi le panthéon des classiques cyclistes.
Le coureur d'Alpecin-Deceuninck est devenu le septième coureur à remporter un troisième Tour des Flandres, un record, et le sixième à décrocher le Ronde avec le maillot arc-en-ciel sur les épaules, après Louison Bobet (1955), Rik Van Looy (1962), Eddy Merckx (1975), Tom Boonen (2006) et Peter Sagan (2016). Van der Poel pourrait désormais rentrer dans un autre club fermé, ceux des coureurs ayant signé le doublé Tour des Flandres – Paris-Roubaix. Il pourrait suivre la trace du Suisse Fabian Cancellara (2010 et 2013) ou du Belge Tom Boonen (2005 et 2012), derniers avoir enchaîné ces deux courses de légende.
Dimanche, le petit-fils de Raymond Poulidor sera le principal prétendant à sa propre succession, lui qui avait remporté son premier pavé l'an passé. Dimanche dernier, rien, pas la météo, pas ses concurrents, pas même son propre épuisement n'ont contrecarré ses plans. Par son état de forme, ses qualités qu'il ne cesse détaler, mais aussi le contexte de cette édition 2024, ce Paris-Roubaix semble promis à Mathieu Van der Poel. La course est-elle déjà écrite pour autant ? C'est mal connaître l'Enfer du Nord, et ses paramètres uniques.
La fatigue
Point d'orgue des flandriennes, Paris-Roubaix offre au peloton une dernière salve de pavés avant les monts ardennais. La récupération sera un élément clé, en particulier pour "MVDP". Sur le Ronde dimanche dernier, quand ses adversaires ont dû finir le Koppenberg à pied la faute à la pente et au pavé rincé par la pluie, lui prenait les devants tout en force, avant de boucler le Tour des Flandres le plus rapide de l'histoire à 44,48 kilomètres/heure de moyenne.
"J'étais tellement exténué que j’avais les yeux fermés pendant les 20 derniers kilomètres", avait réagi Van der Poel. "J’étais vidé à l’arrivée. J’avais juste la force suffisante pour lever mon vélo sur la ligne. Là, je ne peux pas encore penser à Roubaix, je suis complètement mort. Il faut voir au jour le jour comment je récupère déjà. Cette course, je vais avoir besoin de plusieurs jours pour m'en remettre." Le Néerlandais a passé ses derniers jours sous le soleil espagnol pour se refaire une santé.
Le parcours
La puissance de Mathieu Van der Poel devrait être mise à profit dimanche, alors que cette 121e édition sera la plus pavée (55,7 km sur 259,9 au total) depuis 30 ans. Qui dit plus de route accidentée dit aussi plus de part à l'aléatoire. La "magie" de Roubaix transforme les cyclistes en forçats boueux et fait des chanceux les plus heureux, parfois davantage que les plus forts du jour. Il faudra à "MVDP" comme aux autres éviter les pièges comme les crevaisons ou les chutes.
La chicane installée avant l'arrivée dans la mythique Trouée d'Arenberg pourrait faire du dégât, en particulier si la chaussée est glissante. Pensé à la hâte, et à la demande des coureurs, pour limiter la vitesse du peloton à l'entrée de ce secteur pavé, ce haricot à contourner compte déjà Van der Poel parmi ses premiers détracteurs. "C'est une blague ?" a ainsi commenté le coureur sur X.
Son équipe
Alpecin-Deceuninck n'a pas encore la stature de la Visma – Lease a bike, la force de l'habitude de la Soudal – Quick-Step, ou encore la densité des Ineos-Grenadiers, voire des UAE Team Emirates. Mais la formation de Mathieu van der Poel s'affirme mois après mois comme une des forces les plus solides sur les classiques. Le Néerlandais ne possède pas la garde rapprochée la plus expérimentée sur les courses d'un jour. Mais à l'image du jeune Français Axel Laurance, 22 ans, elle a su contrôler la course sur le Tour des Flandres.
Reste à l'éprouver dans un éventuel scénario où le scénario ne serait pas plié à 45 kilomètres de l'arrivée, ou si son leader venait à connaître des mésaventures en cours de route. Outre Van der Poel, Gianni Vermeersch est le seul coureur de l'équipe belge à avoir terminé le Ronde dimanche dernier. Avec Jasper Philipsen, vainqueur de Milan – San Remo il y a quelques semaines et deuxième de Paris-Roubaix en 2023, Alpecin-Deceuninck possède au moins un plan B très crédible.
La concurrence
C'est peut-être sur le papier un des principaux arguments en faveur de Mathieu Van der Poel. Délesté de son grand rival Wout van Aert, sérieusement blessé sur A travers la Flandre, le Néerlandais sera le coureur à battre. Mais il ne sera pas pour autant le seul cador à avoir de légitimes chances. Mads Pedersen (Lidl – Trek) l'a notamment battu au sprint sur Gand-Wevelgem avant de se fourvoyer à multiplier les attaques anticipées sur le Ronde. Mais la forme est là, le rêve aussi : "Gagner un Monument, c'est mon objectif principal, si je pouvais choisir je prendrais Roubaix, mais un Monument reste un Monument, alors peu importe lequel" clamait-il en février.
Matteo Jorgenson (Visma – Lease a bike) devra lui aussi mieux gérer ses efforts que dimanche dernier, mais il avait été l'un des seuls à passer à la pédale le Koppenberg. Cinquième l'an dernier après avoir fini 3e en 2022, Stefan Küng (Groupama – FDJ) aura une revanche à prendre sur sa première partie de saison en-deçà de ses espérances. La cohorte UAE Team Emirates a fait belle impression dimanche dernier avec Nils Politt (3e), Mikkel Bjerg (4e) et la révélation Antonio Morgado, néo-pro de 20 ans et 5e, qui va découvrir Roubaix. Avec une décennie de plus, Alberto Bettiol (EF Education – EasyPost) prendra lui aussi le départ pour la première fois et reste un client sérieux sur les courses d'un jour.