Un duel entre géants. La nuit prochaine, il ne sera pas seulement question de gagner un simple match de football. À Buenos Aires, l’Argentine et le Brésil s’affronteront pour savoir laquelle des deux nations domine le football sud-américain. Une histoire de suprématie régionale qui tourne régulièrement, ces derniers temps, en faveur de l’Albiceleste.

Il faut dire que rien ne résiste aux champions du monde en titre. Depuis 2021, ils écrasent presque tout sur leur passage, raflant tous les trophées possibles. Il y a quatre ans, justement, c’est contre leurs voisins brésiliens que les Argentins avaient conquis leur première Copa América depuis 1993 (1-0). Le début d’une folle parenthèse que les coéquipiers de Lionel Messi n’ont pas encore refermée.

Un manque de solidité défensive

Pendant que l’Argentine truste la plus haute marche du podium et jouit de toute la lumière et de la gloire qui l’accompagne, le Brésil se débat avec ses incertitudes et ses failles. Le sacre à la Copa América 2019 n’a pas insufflé une nouvelle dynamique, et l’heure est encore et toujours aux questionnements.
Arrivé en janvier 2024 pour remettre de l’ordre et panser les plaies d’une sélection tombée en lambeaux, Dorival Junior a ramené une certaine confiance, mais cherche encore la bonne formule. Privé de Neymar, qui sera d’ailleurs encore absent la nuit prochaine au Monumental, le sélectionneur brésilien se demande toujours comment tirer le meilleur de son trio offensif Raphinha-Vinicius Jr-Rodrygo. Si le Barcelonais rayonne, il est le seul à donner satisfaction, les deux Madrilènes peinant à se hisser au niveau qu’ils affichent avec leur club. Si l’attaque auriverde toussote, c’est aussi parce que tout le collectif est grippé, avec un milieu de terrain laborieux et une défense brinquebalante.

Point fort de la sélection ces dernières années — ce qui est anachronique pour le Brésil — la défense brésilienne n’offre plus la même solidité. En 13 matchs de qualifications pour la Coupe du monde 2026, elle a déjà concédé 12 buts, ne résistant aux assauts adverses que trois fois, dont lors de la double confrontation face au Pérou, avant-dernier de la région. Seules quatre nations affichent une plus grande friabilité jusque-là : le Pérou (16), le Venezuela (17), le Chili (21) et la Bolivie (30).

Quatre matchs sans marquer face à l’Argentine

Cette faiblesse pourrait d’ailleurs coûter cher à la sélection brésilienne au moment de se rendre chez sa voisine argentine. Leader du classement, cette dernière présente la meilleure attaque d’Amérique du Sud avec 22 réalisations en 13 matchs. Même privée de plusieurs de ses atouts (Messi, Lautaro Martinez, Dybala…), la formation dirigée par Lionel Scaloni dispose encore de ressources. En fin de semaine dernière, elle a pu compter sur Thiago Almada pour débloquer la situation en Uruguay (1-0). Titulaire à Montevideo, le Lyonnais de 23 ans s’est montré décisif lors de ses deux dernières apparitions avec le maillot argentin. Un joueur à surveiller de près pour Marquinhos et le Brésil s’ils veulent ramener un bon résultat de Buenos Aires.

Le défi est de taille. Au-delà du contexte forcément brûlant — attisé par les provocations de Raphinha — la Canarinha traverse un moment délicat face à l’Albiceleste. Elle a ainsi perdu trois de ses quatre derniers matchs contre elle. Pire encore, elle est restée muette lors de ces quatre rencontres, du jamais vu dans l’histoire entre les deux nations.

Il faudra donc que les hommes de Dorival Junior trouvent la faille pour espérer offrir au Brésil son premier succès contre le rival argentin depuis la demi-finale de la Copa América 2019. Pas une mince affaire, d’autant que venir en Argentine ne réussit pas non plus à la sélection auriverde, qui n’a plus gagné de ce côté de la rivière Iguazú depuis maintenant quinze ans et demi. Le dernier succès brésilien remonte au 6 septembre 2009 à Rosario (3-1). À l’époque, Luisão avait ouvert le score avant que Luís Fabiano ne signe un doublé.