Coupe du monde : Vahid Halilhodžić, fier de l’Algérie en 2014
En marge de la qualification de l’Algérie pour la Coupe du monde 2026, l’entraîneur bosnien a accordé un entretien à la FIFA pour revenir sur l’édition 2014 où il avait conduit les Fennecs jusqu’en huitièmes de finale.
L’émotion a dû être à hauteur de l’attente. Hier soir, toute l’Algérie a pu céder à l’euphorie et à la joie après que Riyad Mahrez et ses coéquipiers ont disposé sans trembler de la Somalie (3-0) et validé leur présence à la Coupe du monde 2026.
Un évènement car cela faisait douze ans que les Fennecs et leurs supporters se languissaient de retrouver la compétition phare du football mondial. Douze longues années depuis la promesse du Brésil et ce parcours historique. Au pays du football roi, Sofiane Feghouli et ses partenaires avaient enfin percé le plafond de verre en se frayant un chemin jusqu’en huitièmes de finale, ce que leurs aînés en 1982 et 1986 n’avaient pas réussi et là où cette génération déjà avait échoué quatre ans plus tôt en Afrique du Sud. "Je me souviens de l’euphorie à cette époque. Tu te trouves à jouer la première fois un huitième de finale de la Coupe du Monde. Le pays n’a vécu à ce moment-là que pour l'équipe, la population a tout mis de côté, 40 millions de personnes ont regardé ce match", s’est souvenu Vahid Halilhodžić dans un entretien accordé à la FIFA.
Tactique et courage
À l’époque, l’entraîneur bosnien est à la tête de la sélection algérienne depuis bientôt un an. Le temps de lui faire digérer ses méthodes et de lui imprimer son caractère. Car avant d’arriver à la Coupe du monde 2014, il dut faire face aux critiques et aux doutes, notamment en raison de l’élimination de son équipe dès la phase de groupes de la Coupe d’Afrique des Nations en 2013 (un nul et deux défaites, ndlr). La défaite inaugurale contre la Belgique (1-2) fit d’ailleurs craindre un nouvel échec mais Islam Slimani (un but et une passe décisive) montra la voie contre la Corée du Sud (4-2) avant qu’un nul contre la Russie (1-1) ne suffise à forcer les portes de la phase à élimination directe.
Un nouvel horizon bouché par l’Allemagne de Toni Kroos, parmi les favoris de la compétition. "Je me souviens bien de notre préparation. La veille de match, j'arrive dans la salle, j’ai préparé le tableau, ma tactique, tout est bien arrêté. Les joueurs arrivent mais j’ai l’impression qu’on va au cimetière. Personne ne parle. Ils ont tous la tête baissée et personne ne me regarde", a rembobiné le technicien d’aujourd’hui 72 ans. "Alors j’explique tactiquement, techniquement, psychologiquement ce qu’il faut faire. Chaque joueur avait un rôle très précis, on était préparés jusqu'aux moindres détails. Ils ont commencé à me regarder et à prendre vie. Il fallait se préparer surtout psychologiquement parce qu’il faut le courage, l'audace de se dire : 'Je veux gagner contre l’Allemagne'."
La gloire dans la défaite
Convaincus par le plan mis en place, les Fennecs s’avancèrent sans complexe. Certes dominés, ils firent vaciller les futurs champions du monde, les poussant en prolongation. "On a fait le match qu’il fallait. Tout le monde pensait qu'on allait prendre 5, 6 ou 7 buts, mais on a fait un match presque d’exception. Malheureusement, on n'a pas pu gagner ce match", a-t-il dit avec une certaine fierté. Si cette défaite (1-2 a.p.) a marqué l’élimination de l’Algérie, elle a eu de faux airs de victoire. "Je me souviens qu’après la défaite, on a été ovationnés par le public de Porto Alegre. Tout le monde scandait 'Algérie, Algérie', tout le monde parlait de l'Algérie. On est devenus les chouchous. Le lendemain, je suis parti dans un centre commercial, pour acheter quelques souvenirs pour ramener à la maison, et les gens qui étaient là m'ont reconnu. Des milliers de personnes (sic) m'ont porté dans ce centre commercial, des Brésiliens. Vous voyez ce que ça veut dire le football, surtout dans un pays de football comme le Brésil. Quand tu joues bien, même si tu es étranger, tu deviens quelqu'un. Je me souviens, ils m'ont porté pendant 10-15 minutes. J’ai failli étouffer. Tout le monde voulait me sauter dessus", n’en revenait-il toujours pas au micro de la FIFA.
Extrêmement fier du parcours de son équipe au Brésil, Vahid Halilhodžić garde néanmoins encore une pointe de regret par rapport au scénario. "On a vécu avec l'Algérie quelque chose de grandiose. Bizarrement, c’est une défaite qui a fait la gloire de l'équipe nationale. Parce qu'on a joué contre la meilleure équipe à cette époque, on a fait un super match. On aurait dû gagner, on aurait dû faire une plus grande sensation footballistique en Coupe du Monde. On est passés à côté, mais cette équipe a vraiment fait une Coupe du Monde fantastique", a-t-il conclu ému. Une émotion qu’il a dû ressentir hier soir en voyant son ancienne sélection, qu’il a dirigée pendant trois ans (2011-2014), retrouver le chemin de la Coupe du monde.