Les saisons se suivent, les cadres changent mais la réussite reste la même. Le Real Madrid est un miracle permanent, un club qui ne jure que par la victoire et les titres. Un objectif partagé par tous les grands clubs du monde sauf que les Merengue présentent une plus grande réussite. Ses quinze Ligue des champions, record absolu et total plus de deux fois plus élevé que son dauphin l’AC Milan (7), disent qu’il existe au sein de l’institution madrilène une culture différente.

Un triplé voulu par Modric

Et ce n’est pas Casemiro qui dira le contraire. Passé par la Castilla, l’équipe réserve du Real Madrid, à son arrivée du Brésil en 2013, le milieu de terrain s’est rapidement installé en équipe première où il resta près de dix ans jusqu’en 2022. Une période bénie où il a activement participé à la conquête de 18 titres dont 5 Ligue des champions. Parti depuis à Manchester United, le Brésilien a pu mesurer où résidait la différence fondamentale entre la Maison Blanche et les autres. "La grande clé, c'est que Madrid prépare les joueurs. Madrid a toujours un pilier, à savoir les valeurs qu'il vous inculque. Quand je suis arrivé, il y avait déjà Cristiano, Sergio Ramos, Casillas... Des joueurs qui avaient une identité de club. Puis Casemiro, Modric, Toni... Et puis Vini, Fede Valverde, Rodrygo... La colonne vertébrale et les valeurs du club sont en place. Le président lui-même vous transmet ces valeurs. Quand vous arrivez à Madrid, vous les voyez et vous vous en imprégnez. Vous savez qui suivre. Vinicius a mis cinq ans à s'imposer comme le grand joueur qu'il est. Mais le Real Madrid a su le préparer et il est aujourd'hui un joueur de premier plan (…) L'adaptation des jeunes est plus facile quand les vétérans leur expliquent comment ça se passe ici", explique-t-il dans un grand entretien accordé à AS.

Pour mieux éclairer sur l’apport des cadres, Casemiro s’est souvenu d’un épisode, qu’il n’avait jamais raconté jusqu’à présent, dans le vestiaire après la victoire en finale de la Ligue des champions en 2016. "Nous étions en train de fêter la Undecima (11e C1, ndlr) et Luka Modric s'est approché de nous et nous a dit, calmement et dans son espagnol si particulier : ‘Mes amis, il faut maintenant gagner deux Ligues des Champions de plus.' Nous lui avons dit : ‘Allez Luka, nous en avons eu deux presque de suite depuis Lisbonne.' Il a répondu : ‘Non, non. Avec cette grande équipe que nous avons, nous devons en profiter et écrire l'histoire en remportant au moins deux autres victoires consécutives’. Et nous avons gagné la 12e à Cardiff et la 13e à Kyiv. Luka le savait", a-t-il dévoilé en référence au triplé réalisé sous les ordres de Zinédine Zidane.

Le rôle de la Castilla

Une exigence qui suinte de partout au sein du Real Madrid et même de l’environnement dans lequel baigne le club. "Ce n’est pas que sur le terrain. C’est aussi en ville (…) Les supporters du Bernabéu sont les plus exigeants du monde. Vous menez, vous gagnez le match... et ils vous demandent de continuer à monter, de chercher à aller plus loin, de ne pas jouer à l'envers. La clé de tout, c'est que Madrid est fait pour gagner. Peu importe la manière. 1-0 ou 5-0. Madrid est fait pour gagner. Gagner, au prochain match. Gagner et recommencer pour une autre victoire. On ne parle pas de la précédente. On s'habitue à gagner", traduit le Brésilien, qui soutient qu’à Madrid l’exigence est maximale.

Une habitude qui s’inculque donc et ce dès le plus jeune âge. Ainsi, Casemiro loue aussi le rôle fondamental de l’apprentissage qu’il a fait en passant par la Castilla. "Pour moi, c'était une école d'éducation. La Castilla est un centre de formation, même si vous venez de l'extérieur. Nous sommes entrés par la porte de Valdebebas, pas par celle de Bernabéu. Le fait d'être avec les jeunes vous apprend à apprécier ce qui peut arriver. Ce fut l'une des plus belles décisions de ma vie que d'accepter de jouer pour la Castilla, même avec les joueurs du Real Madrid C", se remémore-t-il. Un parcours d’ailleurs suivi à leur arrivée par Vinicius Jr, Rodrygo et Federico Valverde. "Les jeunes, comme Rodrygo, Militao ou Fede, que j'admire beaucoup pour leur façon de jouer et de se donner à fond, savent attendre leur moment. Et il finit toujours par arriver. L'adaptation des jeunes est plus facile quand les vétérans leur expliquent comment ça se passe ici", admire l’international brésilien pour le quotidien sportif madrilène.

Une recette simple en apparence mais que le Real Madrid maîtrise mieux que quiconque avec un savant mélange de talents, de transmissions et d’appropriations entre des générations qui se croisent, se mêlent et se passent le relais avec une efficacité déconcertante tout en renforçant les valeurs et la culture de la victoire propres aux Merengues. Une continuité pas prête de s’interrompre, malgré deux nuls consécutifs en Liga qui mettent en péril sa place de leader, et qui garantit au club madrilène de nombreux succès que ce soit encore cette saison ou pour les suivantes.