Ligue Europa : Tottenham monte sur le podium de la C3
En s’imposant sur la plus petite des marges face à Manchester United (1-0), le club londonien a conquis sa 3e Ligue Europa, la première depuis 41 ans et n’est plus devancé au palmarès que par le Séville FC.
Il fallait voir la réaction des supporters de Tottenham pour comprendre la portée de ce qui venait de se passer dans la nuit de Bilbao. Les visages des supporters, vêtus pour leur immense majorité de la tunique blanche frappée au niveau du cœur par ce coq fièrement posé sur son ballon, étaient déchirés par l’émotion. Entre cris et larmes. À plus de 1 300 kilomètres du Pays basque, l’émotion était semblable dans les travées du Tottenham Stadium où ceux qui n’avaient pu se procurer le précieux billet pour la finale chaviraient aussi de bonheur. Quelques instants plus tôt, ils avaient eu un dernier frisson. Au bout du temps additionnel, le malheureux Luke Shaw, qui avait jailli devant les 6 m, vit sa tête repoussée sur sa ligne par Guglielmo Vicario. Un plongeon à l’horizontale sur sa gauche qui envoyait Tottenham en orbite.
Souvent considéré comme un club de perdants, Tottenham pouvait enfin savourer le plaisir d’un titre, dix-sept ans après cette Coupe de la Ligue qui prenait la poussière dans l’armoire londonienne. L’imposante C3 est venue s’installer sur l’étagère réservée aux trophées européens. Une étagère encore plus poussiéreuse et qui n’avait plus été touchée depuis 41 ans. Cette édition 2025 prendra donc place à côté de ses devancières de 1984 et 1972, toutes deux gagnées dans feu White Hart Lane à une époque où les finales se disputaient dans un format aller-retour. Avec ce troisième titre dans la compétition, les Spurs ont confirmé qu’ils se plaisaient en C3. En plus du record de matchs gagnés dont ils se sont emparés hier soir, ils ont rejoint l’Inter Milan, la Juventus Turin, Liverpool et l’Atlético Madrid dans le club des triples lauréats. Un total que seul l’indiscutable maître de l’épreuve, le Séville FC, peut se targuer de battre avec ses sept trophées en autant de finales.
But chanceux et refus de jouer
Pour goûter ce bonheur, tout le peuple de Tottenham aura souffert, à l’image de cette saison jusque-là à jeter aux oubliettes. Dix-septième et premier non-relégable, le club londonien n’a dû son salut qu’à un but au mieux chanceux de Brennan Johnson. Sur un centre de Pape Matar Sarr, à l’origine de l’action avec une interception dans le rond central d’une passe de Bruno Fernandes, l’international gallois de 23 ans rata sa reprise qui rebondissait dans son dos sur le bras droit de Luke Shaw. Le ballon se dirigea alors vers les filets où l’attaquant des Spurs lui donna une dernière (très légère) impulsion de la pointe du pied. Pas vraiment un but iconique, au même titre que sa célébration que l’enfant de Nottingham ratait également, voyant son genou se planter dans la pelouse, avortant sa tentative de glissade. Pour l’esthétique, on repassera donc. Pour le fond aussi. Car cette action juste avant la pause fut aussi la dernière de Tottenham.
Au retour des vestiaires, Son Heung-Min et ses partenaires abandonnèrent toute volonté de jouer, peut-être pas un mal au regard de leur expression collective avec le ballon, et se recroquevillèrent. Ils ne tentèrent ainsi aucun tir du deuxième acte et se contentèrent d’un famélique 17 % de possession de balle. Un modèle de refus de jeu mais aussi d’esprit de corps. En face, Manchester United était bien en peine pour trouver des décalages, empêtré dans ses propres maux techniques et tactiques. Finalement, Tottenham tint bon jusqu’au bout. Qu’importe la manière, qui sera rapidement oubliée, Tottenham et ses supporters retiendront qu’ils ont fini ce pénible exercice avec un trophée qui leur ouvre le chemin vers la Ligue des champions en 2025-2026. Cela valait bien des mois de souffrance.