N’allez pas parler de palmarès à Mikel Arteta à moins de vouloir l’énerver. Cinq ans après son arrivée sur le banc d’Arsenal, le manager basque ne compte que trois trophées dans son armoire : une Coupe d’Angleterre décrochée dès sa première saison en 2020 et deux Community Shield (2020 et 2023). C’est tout puisque les places de deuxième ne comptent pas. Ainsi ces dernières années, les Gunners ont dû se contenter du rang de dauphin en Premier League, ratant d’un rien au printemps dernier de s’asseoir sur le trône d’Angleterre, 20 ans après le dernier titre des Londoniens.

Une moisson certes honorable dans le championnat réputé le plus difficile du monde où sévit l’une des équipes les plus dominantes qu’on ait vu (Manchester City), mais qui ne satisfait pas l’appétit du natif de Saint-Sébastien. "Avec la stabilité dont l'équipe fait preuve en termes de performances, dans d'autres circonstances, nous devrions normalement avoir un titre majeur entre les mains, mais la réalité est que ce n'est pas le cas. Il nous manque quelque chose et c'est là que nous devons chercher cette marge pour pouvoir faire ce que nous voulons tous, c'est-à-dire faire un nouveau bond en avant et gagner les grands titres", a-t-il confié dans un grand entretien accordé à Mundo Deportivo.

Soif de domination

Les titres, laisser une trace dans l’histoire, voilà ce qui anime Mikel Arteta. Après avoir dominé l’Angleterre à la fin du XXe siècle et au début du XXIe, le club londonien a sombré dans une certaine monotonie, trop fort contre les petits mais trop petit face aux géants du continent. Une attitude que le Basque ne tolère pas. "Dans ce club, il n'est pas négociable d'aspirer à remporter les grands titres", prône-t-il avec ferveur.

Aussi, le vigoureux manager au regard souvent noir travaille depuis cinq ans à changer la mentalité d’Arsenal. "Mon obsession est de gagner dans n'importe quel contexte, de dominer chaque phase du jeu, chaque contexte, et que l'équipe se sente à l'aise dans ce contexte. Car il y a des moments où l'adversaire vous entraîne dans le chaos. En fin de compte, mon obsession est d'avoir des ressources pour tout. Donner aux joueurs les outils pour se sentir à l'aise et, évidemment, avoir une idée très claire de ce que nous voulons faire, c'est-à-dire soumettre et dominer l'adversaire dans sa zone le plus longtemps possible et ne jamais être satisfaits, que nous gagnions par un, deux ou trois buts d'écart. C'est la mentalité de l'équipe", a-t-il détaillé dans le quotidien sportif catalan. Une vision forte et que les épreuves ont affermi.

Un avenir à Arsenal

Ce désir de victoire maladif, Mikel Arteta veille à le transmettre au quotidien mais n’en oublie pas non plus la notion de plaisir, indispensable pour garder son groupe en éveil malgré les échecs répétés. "Pour moi, la première chose est qu'ils s'amusent. Je pense que si je dirige un groupe de joueurs et qu'avec la chance que nous avons de nous consacrer à ce que nous aimons, nous ne nous amusons pas, je pense que je devrais me consacrer à autre chose. Ensuite, je dois faire couler le sang de la compétition dans leurs veines, parce qu'en fin de compte, nous sommes ici pour gagner. Et la troisième chose, c'est qu'ils aient un sentiment qui va au-delà de ce qu'ils font, un sentiment d'appartenance à l'endroit où ils se trouvent et qu'ils en prennent grand soin. Il y aura des moments ou un contexte très spécifique où ils en auront besoin parce qu'ils sortent d'un moment difficile, mais il s'agit davantage de créer un contexte qui les inspire. Ainsi, chaque jour, ils viennent et sentent qu'ils peuvent s'améliorer, évoluer, que quelque chose de nouveau va arriver", dévoile-t-il.

Une méthode qui semble faire ses preuves au regard de la constance affichée par les Gunners et ce malgré les nombreuses blessures qui les ont handicapés depuis le début de la saison. Une épreuve de plus pour Mikel Arteta et son groupe. Pas la première et pas la dernière certainement. Une chose est sûre, même frustré, le Basque se sent bien à Londres et entend bien y rester encore un bon bout de temps. "J’apprécie vraiment l’expérience, le défi et je vois l’avenir ici en remportant des titres. C'est ce que je voudrais", a-t-il expliqué. La promesse de continuer à se battre et à chercher la solution pour enfin amener Arsenal au sommet. Cela commence déjà ce mercredi à Gérone où les Gunners n’auront besoin que d’un nul pour assurer leur place parmi les huit premiers de la phase de ligue et ainsi se qualifier directement pour les huitièmes de finale de la C1. Pas sûr néanmoins que Mikel Arteta et ses hommes s’en contentent.